samedi 30 avril 2022

The commitments d'Alan Parker, 1991

 

THE COMMITMENTS

d’Alan Parker

1991

Grande Bretagne/Irlande/Etats unis

avec Robert Arkins, Andrew Strong, Michael Aheme, Angeline Ball, Bronagh Gallagher, Glen Hansard

118 minutes

Film musical/chronique de mœurs

Synopsis :

Dans les années 1980, Jimmy Rabbitte, la vingtaine, fait circuler sous le manteau des cassettes audio de soul à North Side, le quartier ouvrier de Dublin.

Il est le manager de Outspan Foster et Derek Scully, respectivement guitariste et bassiste récemment virés d'un très consensuel petit groupe d'animation de mariage.

Ils ont envie d'arrêter de « galérer » et veulent former un groupe de blue-eyed soul.

Jimmy Rabbitte organise chez ses parents, avec qui il habite, un casting pour trouver d'autres membres.

(source : Wikipedia)

Mon avis :

Que ce film fait du bien !

Partant d’une histoire toute simple (la formation d’un groupe de musique soul), le regretté Alan Parker nous donne un film survitaminé mené à fond les bananes, bourré de passages musicaux et servi par des comédiens tous non-professionnels mais la sincérité déployée fait plaisir à voir et à écouter !

Ça n’arrête pas, le montage est ultra tonique, endiablé et on suit le film avec passion et avec jubilation ; il y a des bagarres et Parker dépeint le quotidien de ces Irlandais prolétaires qui cherchent à sortir de la précarité mais il n’y a quasiment pas de misérabilisme mais un attachement immédiat de la part du spectateur pour cette jeunesse désoeuvrée qui cherche à s’en sortir par ce biais commun et fédérateur que représente la musique !

On pense tout de suite aux « Blues Brothers » de John Landis sorti onze ans plus tôt et les similitudes sont grandes entre les deux films avec cette dérision et cet humour omniprésents et présents dans les deux métrages…

« The commitments » est un film fabuleux, revigorant et finalement hyper positif, c’est une vraie cure de jouvence, on suit les pérégrinations des protagonistes et le film est ponctué par des moments un peu violents mais le tout reste en totale franche camaraderie, c’est inhérent à tous les groupes de musique les conflits entre les membres, Alan Parker le sait et ne l’oublie pas et le final se conclut par une bagarre générale, très bien orchestrée, avec des coups de tête sanglants parfaitement crédibles (même les trois filles choristes s’y mettent !)…

Le rendez-vous manqué avec Wilson Pickett, les auditions au début qui se comptent avec des dizaines de postulants, le charme des jeunes filles, le personnage du chanteur bourru et inélégant, la persévérance de Jimmy Rabbitte, les prestations scéniques, tous ces éléments donnent une plus- value absolue à « The commitments » et érige le métrage en summum du film musical du début des années quatre-vingt dix ; Alan Parker remporte son pari haut la main et le talent dont il fait preuve, avec aussi celui des comédiens, donne une singularité inouïe à « The commitments », chef d’œuvre du genre et vraiment sympathique et agréable à regarder !

On est estomaqués par la maitrise de Parker, cinéaste confirmé et auteur précédent de chefs d’œuvre absolus, ici, une nouvelle fois, il excelle et signe un film musical à marquer d’une pierre angulaire, décidément, il est à l’aise dans tous les styles !

Malgré le fait que rien n’est sûr dans le monde de la musique et que le succès peut ne pas forcément être assuré, les jeunes gens qui se lancent dans leur projet y croient dur comme fer et leur énergie et leur enthousiasme sont communicatifs, que ce soit vis-à-vis de leur public que pour le spectateur qui assiste à leur ascension !

Pour tous les fans de musique et de cinéma, « The commitments » s’impose comme une référence du film musical et la ressortie récente du film après la mort d’Alan Parker est une excellente occasion pour dépoussiérer cet œuvre essentielle et très énergique…

On ne peut que prendre un immense plaisir en visionnant « The commitments », l’essence de la musique soul trouve ici un excellent et parfait hommage, c’est aussi un film qui prouve que la ténacité et l’opiniâtreté peuvent toujours finir par payer si on a la volonté, « The commitments » délivre un message très positif et on sort du visionnage avec un large sourire et le moral regonflé !

La simplicité et le dynamisme, l’enchainement incessant des séquences, la pêche totale des acteurs et justement la « patate » que le film met, c’est pas souvent qu’on assiste à ça et il faut le souligner ; si vous avez le moral dans les chaussettes ou une baisse de tonus, « The commitments » est un film Berocca puissance 10 000 et c’est exactement ce qu’il vous faut !

SENSATIONNEL ! des films de cette trempe ça arrive une fois par décennie, foncez et si vous appréciez la musique, le dynamisme, l’amitié et les concerts, vous ne pourrez que jubiler avec « The commitments »…

GENIAL ce film !!!!!!!!

Note : 10/10









samedi 23 avril 2022

CALTIKI le monstre immortel de Riccardo Freda, 1959

 

CALTIKI LE MONSTRE IMMORTEL

de Riccardo Freda

1959

Italie

avec John Merivale, Giacomo Rossi Stuart, Didi Perego, Daniela Rocca, Daniele Vargas

Film fantastique/science fiction horrifique

Blu ray édité chez Artus films

76 minutes

Musique de Roberto Nicolosi

aka Il Mostro immortale

Effets spéciaux et photographie de Mario Bava

Synopsis :

Dans une grotte d'un temple maya consacré à la déesse Caltiki, un groupe de scientifiques découvre une créature informe et cannibale, vieille de 20 millions d'années, qui est finalement détruite.

Un des morceaux a dissout le bras d'un des archéologues et l'a rendu fou.

Le morceau qui est resté accroché est enlevé et étudié par le biologiste du groupe. Or la comète Arsinoé, qui passe tous les mille ans, s'approche à ce moment de la Terre, augmentant la radioactivité ambiante, ce qui accélère énormément la croissance du monstre.

L'armée intervient et détruit la menace aux lance-flammes.

(source : Wikipedia)

Mon avis :

Extrêmement sympathique, « Caltiki, le monstre immortel » est un petit film bricolé et naïf dans ses effets spéciaux vintage mais réussis (c’est grâce au talent de Mario Bava qui termina aussi le tournage du film, Freda tombé malade) ; l’histoire est complètement délirante mais avec l’efficacité du scénario et des enchainements de séquences très toniques, on est pris dans le film et passionné jusqu’à la fin, torchée en quelques minutes, avec le côté speed propres aux productions italiennes, mais ça fait un bien fou de visionner ce film, appliqué, marrant et… pervers ! le personnage de Max devenu fou et libidineux mais aussi la danse de la métisse et la nuisette de Didi Perego sont bien des éléments qui suffisent et parviennent à donner un charme et une plus -value dans la déviance de « Caltiki, le monstre immortel », avec des comédiens masculins raides comme des piquets et finalement un grand sérieux tout le long du métrage, c’est propre à Freda et Bava, le film est direct et hyper frontal et va à l’essentiel !

On a droit à une magnifique scène sous- marine et les raccourcis scénaristiques se dénombrent à la pelle mais tout l’ensemble est vraiment sympa, clairement kitsch, et rend hommage à ses deux prédécesseurs (le premier de la trilogie des « Quatermass » et le « Blob ») le tout à la sauce macaroni, ce qui amplifie le côté « latin », ce qui n’est pas plus mal !

Avec des moyens dérisoires (les chars de l’armée sont des jouets miniatures, le « monstre » sorte de magma de chair bricolé mais tout à fait crédible, un jeu des comédiens basique et sans effets dramatiques) « Caltiki, le monstre immortel » est finalement touchant dans sa non-prétention affichée et complètement assumée, et c’est ce qui fait que ça lui donne un charme indéniable !

Bava commence à toucher sa bille et enchainera l’année suivante avec son mythique »Masque du démon », « Caltiki, le monstre immortel » lui sert de hors d’œuvre et d’amuse- gueule et déclenchera définitivement la carrière du Maestro qui allait décoller pour en faire le cinéaste iconique que l’on connaît…

Les cinéphiles se régaleront donc et il faut souligner la qualité du combo blu ray/DVD sorti chez nos amis d’Artus films, véritable pièce de collection et occasion unique d’apprécier et réhabiliter « Caltiki, le monstre immortel » film légendaire et plutôt rare, c’est un pur bonheur de pouvoir le voir dans des conditions aussi optimales (image, son, noir et blanc impeccables, un super boulot !)…

Franchement ça fait bien plaisir de retrouver ce film et on aurait tort de l’occulter, ce n’est pas un chef d’œuvre ultime mais « Caltiki, le monstre immortel » est historique car, l’un dans l’autre, c’est quasiment le premier film de Mario Bava, en voyant large !

Pièce maitresse pour tout fan de cinéma bis italien, « Caltiki, le monstre immortel » est même à la limite du nanar, mais le sérieux absolu qui y règne lui évite le comique involontaire, donc on le cataloguera plutôt comme une série B…

Hyper direct dans sa conception et sans le moindre temps mort, « Caltiki, le monstre immortel » est bourré de qualités et son capital sympathie est resté intact, grâce à une excellente dynamique, le film se savoure toujours avec délectation, même six décennies après sa création…

L’application et le savoir- faire du duo Freda/Bava sont les principaux atouts de « Caltiki, le monstre immortel » et on prendra un pied total malgré la courte durée du métrage (soixante-quinze minutes bien tassées) !

Un témoignage à ne surtout pas louper du cinéma fantastique italien qui nous est présenté sur un support de grande qualité, moi je dis banco !

Une œuvre essentielle !

Note : 9/10










samedi 16 avril 2022

DE GAULLE de Gabriel Le Bomin, 2020

 

DE GAULLE

de Gabriel Le Bomin

2020

France

avec Lambert Wilson, Olivier Gourmet, Isabelle Carré, Catherine Mouchet, Philippine Leroy Beaulieu, Victor Belmondo, Clémence Hittin, Marilou Aussilloux

Biopic/film historique

109 minutes

Blu ray édité chez M6 vidéo

Synopsis :

En  1940Charles de Gaulle, fraichement nommé général de brigade, est confronté à l’effondrement militaire et politique de la France.

Il s'oppose alors au défaitisme du gouvernement en place, en partie incarné par Philippe Pétain.

Après avoir fui à Bordeaux avec certains membres du gouvernement, Charles de Gaulle rejoint Londres pour demander l'aide de Winston Churchill et tenter de maintenir la lutte.

(source : Wikipedia)

Mon avis :

Eh bien ce biopic sur le général de Gaulle est une grande réussite, l’histoire de la France de 1940 est relatée avec une grande rigueur et des moyens financiers colossaux, Lambert Wilson est impressionnant de maitrise et il endosse le costume de De Gaulle de façon innée et instantanée, il est crédible dès les premières secondes où il apparaît à l’écran ; la reconstitution, les décors, le découpage chronologique choisis par le réalisateur, tout sonne juste et on aurait pu penser que le film serait barbant et bien, pas du tout, « De Gaulle » est passionnant à suivre, on se régale de l’entame à l’issue !

Gabriel Le Bomin privilégie moins le côté spectaculaire de la guerre que la vie familiale du général de Gaulle, il n’oublie pas cependant d’agrémenter son récit par des passages poignants et des séquences d’exode de la population condamnée à fuir face à l’occupant nazi…

« De Gaulle » est un film d’une grande finesse, tout est respecté malgré quelques petits anachronismes mais qui ne brouillent pas plus que ça l’histoire…

Les seconds rôles sont extraordinaires comme Isabelle Carré ou la petite qui joue la fille trisomique de De Gaulle, particulièrement émouvante…

Lambert Wilson y va à fond et se donne corps et âme dans son jeu d’acteur, à ce niveau là, il n’a plus grand-chose à prouver et déploie tout son talent, enchainant les séquences avec la plus grande aisance et dans toutes les situations, qu’elles soient tendres ou tendues…

« De Gaulle » est une leçon de cinéma, avec un timing millimétré et même un suspense (De Gaulle retrouvera t-il sa famille saine et sauve ?), le tout dans cette formidable aventure humaine qu’est la guerre, la réalisation est sobre, on n’est pas dans un film de Michael Bay, Gabriel Le Bomin décline son biopic avec une grande intelligence qui force le respect…

La qualité du jeu des acteurs (Lambert Wilson en tête) fait qu’on est passionné par le film et que l’on ne peut décrocher !

Le film n’est pas trop long et sait s’arrêter au bon moment, rien de pesant ou d’ennuyeux mais un réel intérêt pour le spectateur à suivre l’histoire…

« De Gaulle » est une tranche de vie de l’histoire de France, pudique, non violente et sans  exagération ; Gabriel Le Bomin dose toutes les séquences de façon nickel !

Je vois difficilement ce que l’on pourrait trouver à redire face à un biopic de cette qualité, d’autant que la gageure était très difficile à assumer et à rendre crédible, c’est de l’excellent travail et du cinéma de très haut niveau, financé en partie par les conseils régionaux d’ile de France et des hauts de France eh bien l’argent n’a pas été dilapidé de façon anarchique mais aura servi à une noble cause pour mettre à jour une œuvre de grande qualité !

On prend un grand plaisir à visionner « de Gaulle » et outre l’aspect historique impeccablement relaté, l’aspect humain et humaniste du général de Gaulle fait la part belle à tout le reste et l’histoire d’amour avec sa femme et sa fille atteinte de trisomie 21 s’avère touchante mais évite le pathos et la condescendance, ce qui est un bon point…

Bref, on peut dire que « De Gaulle » est une parfaite réussite et les cinéphiles qui aiment les films historiques sans une action tonitruante apprécieront ce métrage, pour la performance de Lambert Wilson mais également pour l’intrigue passionnante et hyper rigoureuse...

Un excellent biopic sur un personnage essentiel à l’histoire de France que je vous invite à visionner si vous en avez l’occasion, une fois rentré dans l’intrigue on ne peut plus en décrocher !

Note : 8.5/10









mercredi 13 avril 2022

CABAL de Clive Barker, 1990

 

CABAL

de Clive Barker

1990

Etats-Unis

avec David Cronenberg, Craig Sheffer, Doug Bradley, Anne Bobby, Charles Haid, Hugh Quarshie

Film d’horreur/film fantastique

102 minutes

Musique de Danny Elfman

Blu ray édité chez ESC

aka Nightbreed

Bonus avec Julien Sévéon

Synopsis :

Aaron Boone est un jeune homme qui ne se fait pas à la société.

Chaque nuit, il rêve d'un endroit peuplé de monstres en tout genre : "le Midian". Boone, ayant un passé perturbé, est suivi de très près par le docteur Philip Decker. Or, ce dernier est un tueur en série.

Profitant des troubles de son patient, il rend Boone persuadé d'être le coupable. Pris de panique, Boone tente de se suicider, en vain.

Il finit à l'hôpital psychiatrique où il fait la connaissance d'un individu qui lui révèle l'endroit exact du Midian

(source : Wikipedia)

Mon avis :

Chef d’œuvre de Clive Barker, « Cabal » est un super film, mix entre film d’horreur, film de serial killer, film fantastique et film de monstres, c’est un régal absolu et Barker choisit une grande rigueur dans son scénario, le film est alambiqué du début à la fin et la dernière demie heure fait presque « western » avec les flics (cowboys) et les monstres de Midian à exterminer (indiens)…

Ça commence de façon bizarre et très vite on arrive à des passages chaotiques avec le personnage joué par Cronenberg (sans doute le protagoniste central du film qui s’articule avec tous les autres), les stars sont bien sûr les monstres et le boulot entrepris par les maquilleurs est incroyable, tout comme les décors de Midian !

Le spectateur est pris dans un tourbillon qui n’arrête jamais avec une dynamique hyper tonique et un sens de l’effroi provoqué poussé au summum (il nous arrive même de sursauter à certains passages !)…

« Cabal » est un film effrayant et très glauque mais passionnant à suivre et jamais ennuyeux…

Les acteurs sont impliqués et parfaitement à leurs places dans l’histoire, Clive Barker a sué sang et eau pour mettre en chantier son film et il s’en sort à merveille, malgré les différents remontages par la major qui produisait « Cabal », initialement le film durait deux heures trente !

C’est avec beaucoup de remords que Clive Barker acquiesça le montage final, ayant perdu l’appétit et sa libido pendant la finalisation du film, c’est dire son application et son implication !

Bourré de séquences monstrueuses, « Cabal » reste attrayant pour les fans de films de monstres, c’est sans doute un des films récents les plus brillants dans ce genre et on sera estomaqués par la variété des trucages et l’inventivité phénoménale pour la création des maquillages de ces monstres…

Le groupe de métal Cradle of Filth a repris la thématique de « Cabal » et a même titré un de ses albums « Midian », comme le cimetière  du film ; le bonus avec l’excellent Julien Sévéon est hyper intéressant et nous explique bien le contexte du tournage et tout ce que Clive Barker a enduré pour la mise en scène et pour le montage…

Le blu ray édité chez ESC est impeccable et c’est l’occasion rêvée pour voir ou revoir ce film dans des conditions tout à fait favorables et optimales…

La musique de Danny Elfman est superbe et donne une grande plus -value aux scènes, créant même une féérie qui désamorce un peu l’effroi de certains passages, ce qui n’est pas plus mal et permet aux spectateurs de souffler un peu car, soyons francs, « Cabal » comporte certains plans séquences purement atroces et pas évidents pour un public peu aguerri aux films d’horreur ou gore…

Dans sa globalité, « Cabal » est un film génial qui ravira sans difficultés les goreux mais aussi les cinéphiles friands de films fantastiques, c’est aussi l’occasion de voir David Cronenberg en tant qu’acteur dans un rôle vraiment déjanté !

La multiplicité des apparitions des monstres, tous différents, a nécessité un énorme travail qui ne peut que forcer le respect !

Bref, ceux qui ne connaissent pas bien ce film sorti il y a plus de trois décennies devront combler impérativement leur lacune et se procurer le blu ray…

Une sacrée bombe et de plus, par sa modernité et sa tonicité, « Cabal » n’a pas trop vieilli, il faut le voir surtout pour l’investissement total de Clive Barker, réalisateur talentueux et très courageux, rien que pour cela, « Cabal » mérite la plus grande attention de la part des cinéphiles…

Un film culte !

Note : 9/10






lundi 11 avril 2022

Drunk de Thomas Vinterbeg, 2020

DRUNK

de Thomas Vinterberg

2020

Danemark

avec Mads Mikkelsen, Magnus Millang, Thomas Bo Larsen, Maria Bonnevie, Lars Ranthe, Albert Rudbeck

Etude sociale/chronique de mœurs

115 minutes

Sélection officielle Festival de Cannes

César du meilleur film étranger en 2021

Synopsis :

Quatre amis, professeurs dans un lycée, quadragénaires un peu dépassés, décident de mettre en pratique la théorie d’un psychologue norvégien selon laquelle l’homme aurait dès la naissance un déficit d’alcool dans le sang.

Faisant preuve d'une rigueur prétendument scientifique, ils relèvent ensemble le défi (dans la sphère privée ou professionnelle), chacun espérant que sa vie sera meilleure.

Si, dans un premier temps, les résultats sont encourageants, la situation dérape rapidement, et échappe à leur contrôle.

(source : Wikipedia)

Mon avis :

Au moins c’est original de visionner un film venu du Danemark car je ne connaissais quasiment pas le cinéma danois et « Drunk » s’avère une excellente surprise, c’est un film d’auteur, parfois un peu longuet et répétitif mais au final fort intéressant…

L’histoire reprend un peu le thème de « La grande bouffe » de Marco Ferreri mais avec l’alcool comme point central…

Quatre profs de lycée qui ont la quarantaine décident d’appliquer une théorie d’un psychologue et partent dans un délire sur la consommation abusive d’alcool…

Vinterberg, pour rendre crédible son film, choisit d’opter pour lé réalisme… et ça marche plutôt bien, certaines séquences de bitures font que les quatre profs sont ivres morts, s’urinent dessus ou vomissent ; « Drunk » ne semble pas être un film qui glorifie l’alcoolisme mais paradoxalement la fin peut laisser penser le contraire…

Les lycéens voient bien que leur professeur d’histoire est défoncé à la vodka mais bizarrement ils ne le signalent que très tardivement à la proviseure !

Du coup, ça fait un peu quelques incohérences dans l’histoire, en temps normal le professeur aurait dû être congédié depuis le début !

L’alcool, l’alcool, toujours ce satané alcool qui gâche complètement la vie de couple et la vie de famille, ça sera la cause d’un délitement et, plus grave, de la mort d’un des quatre compères…

Ce qui me gêne, c’est cette fin : pourquoi glorifier l’alcool avec la réussite des lycéens à leur examen et le prof qui, de nouveau, se bourre la gueule comme cela est montré ?

L’analyse semblait juste mais l’épilogue met tout par terre et c’est bien dommage ! « Drunk » prend un parti-pris douteux et pourtant ça partait pas mal…

Parfois le film est super long et risquera d’ennuyer même le plus aguerri des cinéphiles, on a de nombreux « déjà vus » dans le film, assez austère et bien ancré dans la culture scandinave, loin du côté « latin » des œuvres européennes, ne vous attendez pas à du rythme mais plutôt à un cinéma maniéré et lent…

A la base, si vous avez eu des gens alcooliques dans votre famille, vous aurez beaucoup de mal avec « Drunk », c’est plus pitoyable qu’autre chose que de voir ces quatre imbéciles (appelons un chat un chat) se torcher comme des fous et ingurgiter des litres de vodka, de champagne ou de cocktails, on dirait presque que Vinterberg s’amuse et prend plaisir à nous montrer ce « spectacle » affligeant…

« Drunk » est finalement un film sur l’alcoolisme à outrance, mais qui aurait dû plus appuyer sur le côté délétère de l’alcool, avec une insistance plus grande sur les ravages engendrés par l’alcool ; ici, Vinteberg suit son film de façon pépère et tranquille et la scène de l’enterrement ne procure aucune émotion, un comble !

Cela doit être dû à la culture scandinave et à l’alcoolisme qui fait partie des coutumes dans ces pays là…

Bref, « Drunk », malgré des qualités techniques indéniables, laisse un avis mitigé et on ne pourra cautionner certains passages, heureusement les comédiens sont plutôt bien dirigés mais c’est un film très spécial qui aura beaucoup de mal à faire adhérer tous les publics, de par la gravité du sujet qu’il traite et surtout de la « distance » totale choisie par le réalisateur…

On imagine ce qu’une telle histoire aurait donné si cela avait été un réalisateur italien ou un cinéaste comme Claude Sautet qui l’avait prise à bras le corps, le résultat aurait été totalement différent !

Si nous ne supportez pas de voir la déchéance de quelqu’un à cause de l’alcoolisme, un conseil : ne visionnez pas ce film !

« Drunk » a tout de même obtenu de multiples récompenses à travers le monde, si cette fin n’avait pas tout gâché et créée ce paradoxe par rapport à tout ce qui était entrepris durant le film, ce dernier y aurait gagné énormément…

Si vous vous sentez prêts, vous pouvez visionner « Drunk », il dure presque deux heures donc armez vous de la plus grande tolérance pour le suivre…

Je l’ai vu une fois et je ne pense pas que je le reverrai de sitôt…

Désolé mais j’ai eu une expérience familiale (mon grand-père maternel) qui fait que je ne peux pas cautionner ce genre de films, cela me met en colère plus qu’autre chose et la fin est très difficile à digérer !

Note : 7/10







 

samedi 9 avril 2022

Ne vous retournez pas de Nicolas Roeg, 1973

 

NE VOUS RETOURNEZ PAS

de Nicolas Roeg

1973

Grande Bretagne/Italie

avec Donald Sutherland, Julie Christie, Adelina Poerio, Hilary Mason, Sharon Williams, Massimo Serato

Thriller

110 minutes

DVD édité chez Studiocanal

Musique de Pino Donaggio

aka Don’t look now

Synopsis :

Laura (Julie Christie) et John Baxter (Donald Sutherland) perdent leur fillette Christine qui se noie accidentellement, lors d'un séjour dans leur maison de campagne en Angleterre. Plus tard, le couple séjourne à Venise où John est chargé de rénover une église. Laura rencontre deux sœurs, Heather (Hilary Mason) et Wendy (Clelia Matania) dans un restaurant. Heather dit avoir des pouvoirs de clairvoyance et informe Laura qu'elle est capable de voir leur fille décédée. Bouleversée, Laura retourne à sa table où elle s'évanouit.

(source : Wikipedia)

Mon avis :

Datant de 1973 soit quasiment 50 ans, « Ne retournez pas » est un film qui marque les esprits, d’abord par sa mise en scène puis par le sujet qu’il aborde, très douloureux, comment vivre après la mort d’un enfant ?

Nicolas Roeg prend le parti pris pour une histoire très insolite avec deux acteurs principaux parfaitement dirigés, le film est d’abord un thriller avec des touches de fantastique et comporte énormément de scènes effrayantes, ce qui lui valut une interdiction aux moins de douze ans à sa sortie…

Le début est chaotique et l’issue glaçante, entre les deux beaucoup de scènes paroxystiques avec des malaises à répétition et des passages dantesques (Donald Sutherland est restaurateur de monuments et manque de se tuer alors qu’il se trouve sur un échafaudage !), les deux vieilles femmes du restaurant (dont l’une est médium et aveugle) ont des têtes à faire peur ! elles seront des personnages très importants dans le film, notamment pour Julie Christie, tombée en pleine névrose !

Roeg utilise pléthore de flashbacks et de redondances dans ses séquences pour nous rappeler la mort par noyade de la petite fille, ce qui accentue lourdement le climat oppressant du film…

De plus, Roeg greffe à son histoire un mystérieux tueur (l’action se déroule à Venise) afin d’impliquer au fil de l’eau le couple Baxter témoin des meurtres ; c’est un vrai labyrinthe à l’image des ruelles où se paument les Baxter à de multiples reprises, de nuit le plus souvent !

Le passage de la copulation à l’hôtel est trop long et très insistant, on aurait pu s’en passer ou au moins le raccourcir (« Ne vous retournez pas » est un film à réserver à un public adulte)…

Les explications sur l’épilogue tendraient à démontrer que la naine serait en fait la mort de la fillette personnifiée et que Sutherland s’y retrouverait confronté en face à face, chacun pourra interpréter la fin comme il le souhaite, quoiqu’il en soit gare au choc, c’est proprement terrifiant et traumatisant !

Il y a pas mal de ralentis (le malaise au restaurant avec les verres et les assiettes qui valsent) et un rythme assez lent et passif qui confère à donner une atmosphère hyper pesante au film, mais le métrage se suit parfaitement et l’intérêt pour le spectateur est bien là, avec un côté ultra kitsch…

Rebaptisé dans la catégorie des giallo récemment, « Ne vous retournez pas » possède effectivement pas mal de similitudes avec ce genre, ce n’est pas qu’un argument commercial mais la filiation est bien nette…

Gagnant petit à petit le statut de film culte au fil des décennies, « Ne vous retournez pas » est un excellent thriller d’épouvante qui ravira les cinéphiles, que ce soit les plus exigeants comme les plus tolérants…

Hypnotique et névrotique, le film, tout comme les parents ayant vécu le deuil accidentel de leur fille, pourra perturber le public par son aspect tragique, on peut dire que c’est un film déprimant, par conséquent « Ne vous retournez pas » est à déconseiller à des personnes dépressives…

Réalisé avec brio par Nicolas Roeg, « Ne vous retournez pas » laisse une empreinte et un souvenir indélébiles et se classe aisément dans la catégorie des meilleurs thrillers fantastiques du début des années 70, la musique de Pino Donaggio colle bien aux films et rappelle celle des films de De Palma (le compositeur a souvent collaboré avec ce réalisateur)…

Bref, « Ne vous retournez pas » est un film hautement recommandable et à voir absolument, ne vous attendez pas à un film marrant ou sympa mais à une œuvre lourde, hyper chargée en  émotivité et comportant des moments de vraie flippe !

Du méga lourd donc !

Note : 8.5/10