DARK WATERS
de Mariano Baino
Italie/Grande Bretagne/Russie
1994
avec Valeri Bassel, Mariya Kapnist, Louise
Salter
Fantastique insolite
87 minutes
Edité en DVD chez The Ecstasy of films
Synopsis :
Une petite île isolée loin d'un continent
européen vers le milieu des années 70...
Un prêtre subit les assauts d'une gigantesque
inondation, il est tué sur le coup et le vicaire où il officiait est
entièrement détruit...
Seuls survivent et y vivent de mystérieuses
nonnes aussi énigmatiques que silencieuses, avec comme endroit de prédilection
une crypte souterraine où des catacombes leur servent de repaires pour y mettre
leurs effigies ecclésiastiques...
Vingt années se sont écoulées, Elisabeth, une
jeune femme britannique se rend sur l'archipel, c'est son père qui fut le
généreux donateur du monastère...
Depuis le décès de sa mère, Elisabeth veut
mettre toute la lumière sur des événements qu'elle juge inexpliqués et pense
trouver réponse à ses questionnements lors de ce périple...
Elle va vite déchanter lorsqu'elle découvrira
l'horrible vérité !
Mon avis :
Mariano Baino pourrait bien être l'héritier
de toute une culture du cinéma fantastique italien, instaurée notamment par
Dario Argento ou Michele Soavi, mais la comparaison trouve ses limites car
Baino possède un style proprement UNIQUE...
On sent une précision, un sens du travail et
de la recherche graphique certain et un goût pour l'insolite et le glauque très
prononcé...
Pas toujours facile à suivre, "Dark
waters" bénéficie d'une mise en scène qui fait que la forme prend plus sur
le fond mais là où ça devient inédit c'est que le fond, justement, est déjà
ultra balaise, donc il y a une grande richesse, une grande densité à
appréhender par le spectateur qui se doit d'être très attentif et ne pas se
laisser distraire ou emporter par la forme qui, elle, est exubérante et
baroque...
On pense à "Inferno", à
"Suspiria", à "Sanctuaire", c'est l'héritage de tout un pan
filmique qui est retravaillé, de nouveau codifié pour que Baino accouche d'un
monstre hybride où des passages trépidants côtoient des moments de pure grâce
graphique, avec une sensation onirique omniprésente du début à la fin...
L'eau dans le film, c'est la mort et non plus
une source de vie, l'eau représente le danger, bien plus que les nonnes
zombifiées et c'est cette substance qu'il faut combattre, Baino réussit donc un
film ORGANIQUE, plus organique que les banales oeuvres réalisées précédemment
avec un danger identifié facilement par le spectateur (des sorcières, des
zombies, un tueur...)...
C'est bien cela l'accroche de "Dark
Waters", la peur est multiple, déclinée en plusieurs combinaisons,
qu'elles soient à caractère humain ou par des éléments (le feu également joue
un rôle crucial, par exemple avec la multitude de bougies ou de torches accrochées
sur les murs du bâtiment)...
La séquence de la montée sur la colline avec
les croix érigées connote même un clin d'oeil à Bergman et son "Septième
sceau" !
Métrage à part en tous points, "Dark
waters" a le triple mérite de renouveler le genre, de redonner des lettres
de noblesse à un cinéma en déclin et de faire s'interroger le spectateur sur
les limites de l'imagination car il ouvre des portes supplémentaires à celle
ci...
Il faut remercier "The Ecstasy of
films" pour avoir sorti et exhumé ce chef d'oeuvre sur un support DVD
remarquable, enrichi d'une image magnifique !
L'aspect exotique de "Dark Waters"
est évident, il en devient une raison supplémentaire pour que l'on y prête la
plus grande attention, Mariano Baino ayant réussi là un vrai coup de maître qui
sera à marquer d'une pierre blanche, indicible et inoubliable !
Note : 10/10
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