F COMME FAIRBANKS
de Maurice Dugowson
France
1976
avec Patrick Dewaere, Miou-Miou, Michel
Piccoli, Diane Kurys, John Berry
avec Thierry Lhermite, Christian Clavier
(figuration)
110 minutes
Comédie dramatique
Musique coécrite par Patrick Dewaere
Synopsis :
Banlieue parisienne, milieu des années 70...
André Fragman sort de son service militaire
avec un diplôme d'ingénieur chimiste, son père est projectionniste dans un
cinéma de quartier et tous deux sont des cinéphiles invétérés, notamment
fanatiques d'acteurs hollywoodiens des années 20...
Une connaissance d'André, Etienne Lambert, un
riche entrepreneur possédant un appartement cossu à La Défense, dissuade ce
dernier de vivre sur des chimères et lui ressasse que le marché du travail est
saturé et qu'il est très dur de trouver un job facilement...
André erre de droite à gauche et rend visite
à Jean Pierre, un metteur en scène de pièces de théâtre, celui ci lui présente
Marie, une jeune comédienne au charme ravageur et à la beauté juvénile...
André tombe amoureux d'elle de façon
fulgurante...
De fil en aiguille, leur relation va se
déliter, André sombrant dans une dépression incurable...
Mon avis :
Véritable hommage aux amoureux du cinéma et
drame foudroyant en parallèle, "F comme Fairbanks" est une oeuvre
bouleversante et poétique, portée par un Patrick Dewaere survitaminé et
mélancolique voire nostalgique en même temps...
NOSTALGIE, c'est bel et bien le mot qui
prédomine pour définir l'atmosphère du film, touchant le sensoriel du
spectateur, aussi bien sur le plan cérébral que viscéral...
On assiste à des séquences rondement menées
(l'escalade d'André de la maison pour accéder à la fenêtre, le tout filmé en un
seul plan, s'avère incroyable !), des numéros d'acteurs savoureux (Thierry
Lhermite, ici à ses débuts, qui pète un câble à l'ANPE, Christian Clavier en
serveur de brasserie décontenancé) et des séquences proches de l'onirisme (le
tapis volant, la barque qui file sur le canal, la chevauchée chez Lambert, la
poupée gonflable sur le manche de la grue...).
Chaque protagoniste a une personnalité double
voire triple (Marie est kleptomane, André hyperactif et dépressif, Etienne
inspire confiance alors qu'en fait c'est le pire des salauds, à décourager la
bonne volonté d'André !) et l'écosystème dans lequel ils vivent ou végètent
semble bien noir et sans issue...
Dugowson n'hésite pas à soigner son propos
par une réalisation sans fautes et le passage en plan fixe des estrades est une
leçon de technique, laissant place à la magie du septième art comme seuls les
grands metteurs en scène savent l'élaborer...
L'interprétation est authentique et le film
défile de manière fluide, relevant un intérêt pour une intrigue passionnante,
desservie par des décors d'époque, donnant un caractère "témoignage"
du quotidien dans les années 70 (l'architecture, les bâtiments, les
commerces...)...
L'épilogue pourra même vous décrocher une
larme tant il est touchant...
Un très grand film qui gravite loin de tout
ce qui a été tourné à l'époque, gardant une singularité et un style d'ambiance
hors du commun.
Note : 9.5/10
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