SINGAPORE SLING
de Nikos Nikolaidis
Grèce
1990
avec
Michèle Valley, Meredyth Herold, Panos Thanassoulis
106 minutes
Musique de Serguei Rachmaninov et Glenn
Miller
Fantastique glauque/film d'auteur
expérimental
Film en noir et blanc
Synopsis :
Un homme d'une trentaine d'années surnommé
"Singapore Sling" à cause de sa consommation du cocktail éponyme est
à la recherche de sa femme, Laura...
Blessé à l'épaule et végétant en pleine nuit,
sous une pluie torrentielle, l'homme atterrit dans la demeure de deux femmes,
une mère et sa fille...
Ces dernières vont l'affamer, le déshydrater
et le torturer sexuellement et mentalement, de la façon la plus atroce qui
soit...
Mon avis :
Si vous êtes à la recherche de films décalés,
d'"OFNI" (objet filmique non identifié) ou de films dans la plus pure
tradition "extrême", nul doute que "Singapore Sling" vous
est (pré)destiné...
Simpliste et en même temps d'une richesse
graphique rare et malgré une dimension minimaliste (le film se passe uniquement
dans une maison et dans un jardin), "Singapore Sling" est sublimé par
un noir et blanc qui atténue la violence inouïe qui l'habite et ce, dès les
premières minutes...
Réservé à une poignée de cinéphages avertis,
"Singapore Sling" met en exergue des séquences sexuelles (onanisme,
urophilie, inceste, sadomasochisme, émetophilie) avec un penchant hypnotique
qui transcende et "métaphorise" des passages impressionnants de
maîtrise (l'urine symbolise la pluie, la fille souhaite la mort de sa mère pour
"pouvoir fumer tranquille", le sexe de l'homme symbolise
"l'arme" sous la forme d'un long couteau...)...
Nikolaidis pousse à maxima dans l'extrême
mais avec une dose expérimentale jusqu'ici inédite au cinéma d'auteur, il
intègre des plans chocs qui font mouche et bluffe les esprits, qu'ils soient
puritains ou politiquement corrects (le passage de la copulation entre la mère
et sa fille est accompagné d'un chant ecclésiastique !)...
Doté d'un onirisme à couper au couteau,
"Singapore Sling" rappelle la pornographie des années 30 et pourra
diviser nombre de spectateurs car il possède un culot incroyable via des idées
totalement décalées dans l'obscénité (la masturbation avec un kiwi, le père
devenu une sorte de momie pédophile qui sodomise sa fille préadolescente, le
sex toy de la mère qui humilie sa progéniture)...
Même si le métrage est à prendre avec des
pincettes, nul ne peut nier sa qualité cinématographique et le travail
considérable qui a été mis en oeuvre par son réalisateur...
A contre courant et prenant le contre-pied
absolu du cinéma traditionnel, "Singapore Sling" dégage un parfum
d'opprobre mêlant scènes de boulimie et d'éviscérations avec un réalisme peu
commun et une acuité à la transgression qui feront date !
Malgré une atmosphère peu ragoûtante et qui
choquera volontairement ou involontairement, "Singapore Sling" se
catalogue bien et se place en tête des dix films les plus extrêmes jamais
réalisés...
LE film déviant par excellence !
Note : 10/10
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