L’APPEL
DE LA CHAIR
d’Emilio
Miraglia
1971
Italie
avec Anthony Steffen, Erika Blanc, Giacomo Rossi
Stuart, Marina Malfatti
103 minutes
Thriller/Giallo atypique
Blu
ray édité chez Artus films
Musique
de Bruno Nicolai
aka
La notte che Evelyn usci dalla tomba
Synopsis :
Depuis la mort de son épouse Evelyn, Alan
Cunningham, un lord anglais, voit sa santé mentale s’effondrer.
Il passe son temps à se livrer à des jeux
sadomasochistes avec des prostituées dans son château en ruines.
Un jour, il rencontre la belle Gladys, sosie
parfait d’Evelyn.
Il la demande en mariage et la fait venir vivre
au château.
Peu à peu, il devient alors victime
d’hallucinations, hanté par le fantôme de sa première femme.
(source : Artus films, merci à eux)
Mon
avis :
Emilio
Miraglia est un cinéaste à part dans les metteurs en scène italiens de
thrillers, il réalisa son plus grand film « La dame rouge tua sept fois »
qui marqua d’une pierre blanche l’histoire du giallo, celui-ci « L’appel
de la chair » est tourné un an avant et semble être une ébauche de « La
dame rouge tua sept fois », les points communs entre les deux métrages sont
leur atypisme, leur brutalité et qu’ils se démarquent complètement des autres
gialli, Miraglia fait exploser le genre et l’accessibilité à ses films nécessitent
plusieurs visionnages car c’est du cinéma qui n’est pas donné à tout le monde, une
intrigue tortueuse voire hermétique, une histoire pas évidente à comprendre de
prime abord mais un cinéma très intéressant et remarquable à tous points de vue…
Miraglia
a mis une sacrée dose de sexe dans « L’appel de la chair » et des
penchants sadiens et fétichistes ponctuent le film, doté de passages déviants
(une femme infirme dévorée par des renards, un meurtre par piqûre de serpent,
des tortures et des coups de fouets, des apparitions spectrales de la femme décédée
et une obsession des troubles psychiatriques)…
Malheureusement,
et c’est le gros défaut du film, le final est incompréhensible et pas du tout
crédible et cela gâche la majeure partie de « L’appel de la chair »,
je l’ai vu deux fois en l’espace d’une semaine et je ne pige toujours pas où
Miraglia a voulu en venir, il n’y a rien qui colle !
Restent
de très beaux moments de pure terreur, des décors magnifiques, un Anthony
Steffen très impliqué dans son rôle, des comédiennes très jolies qui se prêtent
volontiers à dévoiler leurs plastiques, mais le film est quand même sacrément
daté et moins réussi que les gialli de Mario Bava qui, lui, excellait dans le
genre ; on pense beaucoup à « L’ile de l’épouvante » car la
motivation première des personnages (tous de sombres salopards !) reste L’ARGENT !
C’est
la vénalité qui prévaut avant tout dans « L’appel de la chair » et l’histoire
de l’héritage du riche châtelain reste la justification de tous les meurtres,
mais SPOILER ON pourquoi alors réapparait-il à la fin alors qu’il est sensé
être diagnostiqué fou à lier et interné à vie ????? SPOILER OFF.
« L’appel
de la chair » aurait gagné à être plus limpide dans son cheminement
scénaristique, à force de vouloir trop bien faire, Emilio Miraglia s’est pris
les pieds dans le tapis aux dix dernières minutes, pourtant, globalement son
film est tout de même réussi et arrive à capter l’attention du spectateur ;
les amateurs de giallo prendront surement plaisir à visionner « L’appel de
la chair » qui de plus (et cela ne gâche rien) est sorti dans une édition
blu ray impeccable de la part d’Artus films qui a produit là un travail
sensationnel, c’est grâce à eux qu’on peut enfin découvrir ce giallo méconnu et
le bonus avec Emmanuel Le Gagne est hyper intéressant, on y apprend des tas d’infos
indispensables…
Nettement
inférieur à « La dame rouge tua sept fois », « L’appel de la
chair » est tout de même un giallo hors codes qui ravira les cinéphiles et
l’occasion de retrouver Giacomo Rossi Stuart et Erika Blanc qui collaborèrent
déjà dans le « Opération peur » de Mario Bava six ans avant…
« L’appel
de la chair » risquera de décontenancer les fans de thrillers italiens
mais c’est un film qui a le mérite d’exister et Miraglia clôtura définitivement
sa carrière l’année suivante en 1972, c’est un cinéaste rare et qui n’a réalisé
que six films donc l’intérêt et la curiosité que les cinéphiles peuvent
témoigner envers lui sont légitimes, « L’appel de la chair » est un
métrage qui n’est pas donné à tout le monde et qui s’adresse surtout à l’élite
des cinéphiles…
Malgré
la grande réserve sur l’épilogue imbitable, « L’appel de la chair »
est un giallo à voir absolument et Artus films est une structure à encourager
vivement…
Une
curiosité !
Note :
8/10