LA
MORT CARESSE A MINUIT
de
Luciano Ercoli
1972
Italie/Espagne
avec
Susan Scott, Peter Martell, Carlo Gentilli, Claudie Lange, Simon Andreu
102
minutes
Giallo/Thriller
italien
Blu
ray édité chez Artus films
aka
La morte accarezza a mezzanotte
Bonus
avec Emmanuel Le gagne
Synopsis :
Top model en vogue pour une agence italienne,
Valentina essaie une toute nouvelle drogue proche du LSD.
Au cours de sa traversée psychédélique, elle
assiste à un meurtre d'une cruauté surprenante.
Persuadée que cet assassinat n'est pas que le
fruit de son imagination, elle se met en quête de l'assassin.
(source : Wikipedia)
Mon
avis :
On
est en 1972 en plein âge d’or du giallo et les productions pullulent et se
comptent à la pelle, les studios tournent à tour de bras et on compte les
perles du genre ; « la mort caresse à minuit » fait partie du
haut du panier et se démarque même des autres avec une histoire très originale
et très intéressante, on a bien sûr tous les codes du giallo mais avec un bonus :
l’effet d’une drogue qui va tout faire basculer et Luciano Ercoli démarre sec,
la scène d’exposition nous met directement dans l’ambiance et la belle Susan
Scott se voit inoculer la fameuse drogue qui va d’entrée de jeu lui provoquer
les hallucinations qui seront le point central de l’intrigue !
Les
séquences s’enchainent sur un rythme particulièrement tonique et Ercoli sait
manier sa caméra de façon virtuose, les personnages tombent un par un comme des
mouches avec pas mal de traitrises et Susan Scott/Valentina se fait malmener
dans un film vintage avec des moments cocasses (les intrusions en discothèque,
la visite dans l’hôpital psychiatrique, le cimetière, le périple sur l’autoroute),
à noter le final avec la bagarre monstre sur les toits, véritable leçon de
cinéma !
La
sorte de gros poing américain qui sert d’outil au meurtrier pour occire ses
victimes fait vraiment peur et les deux hommes sadiques dont un avec son rire
de déviant et qui a un physique ressemblant un peu au Minos de « Peur sur
la ville », tous ces éléments confèrent à donner un plus certain au film
qui s’affranchit des autres gialli par sa singularité et la suggestion des
crimes (il faut attendre une bonne cinquantaine de minutes, les deux tiers sont
surtout de l’investigation jusqu’à ce que la violence brute finisse enfin par
se déployer)…
Les
décors tout comme les costumes sont soignés, ça fume sans arrêt, ça picole du
JB et la dose de sexe est plutôt sage si on compare « La mort caresse à
minuit » à ses congénères…
On
est pris dans l’histoire et l’ambiance se vaut surtout par les hallucinations
et la quasi schizophrénie de Valentina, persuadée de voir le meurtrier et conséquemment
terrifiée du moindre comportement anormal !
Les
dix dernières minutes nous réservent une surprise de taille, c’est l’exemple
typique des rebondissements de scénario connus dans les gialli, mais ici
Luciano Ercoli exploite ça avec une grande rigueur et une indéniable crédibilité,
il prend son temps et du coup le spectateur peut assimiler correctement le
twist (pas comme dans « La dame rouge tua sept fois », autre giallo
de 1972 où l’explication est débitée intempestivement et où on n’y retrouve pas
ses petits sans un deuxième visionnage), non ici c’est limpide et bien compréhensible,
Ercoli a mis un grand soin avec des mini flashbacks pour appuyer son
explication…
« La
mort caresse à minuit » est un giallo très plaisant à suivre et finalement
pas si violent que ça, il n’est pas dépassé mais l’interdiction aux moins de
seize ans est exagérée, une interdiction aux moins de douze ans suffisait, ce n’est
pas un film traumatisant…
L’excellent
Emmanuel Le gagne y voit même un film sur le ton de la comédie, il l’explique
dans les bonus du blu ray et le bougre n’a pas tort, le cinéphile fan de gialli
rejoindra son analyse et se retrouvera dans ses dires…
Une
nouvelle fois, le combo Blu ray/DVD édité par Artus films est impeccable et c’est
une chance inouïe pour découvrir ce film assez rare sur un support de cette qualité !
Très
sympathique, enjoué et dynamique, « La mort caresse à minuit »
réjouira les fans de thrillers latins et l’originalité de l’histoire lui donne
une plus-value qui l’intègre dans la liste des gialli les plus réussis de l’époque…
Luciano
Ercoli ne prend personne en traitre mais s’applique à décliner les séquences de
son film avec beaucoup d’honnêteté et rigoureusement, on regrettera qu’il ait
stoppé sa carrière (8 films) après celui-ci puisqu’il fit l’objet d’un héritage très conséquent et n’eut
plus besoin de tourner (il était pété de thunes !) ; c’est un
réalisateur très intéressant et attachant et, de plus, il avait très bon goût
puisque l’actrice Susan Scott (un pseudonyme) n’est autre que son épouse !
Bref,
pour se faire une idée sur le panel des gialli, il est impératif de visionner
et de se procurer « La mort caresse à minuit », c’est un modèle du
genre qui donne un second souffle aux conventions du thriller rital et, même si
on n’y connaît rien, on y trouvera largement son compte…
Très
sympa !
Note : 8/10
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