LES
CHIENS ENRAGES
de
Mario Bava
1974
Italie
avec
Léa Lander, Ricardo Cucciola, Luigi Montefiori, Erika Dario, Maurice Poli, Don
Backy
Polar malsain
96 minutes
aka Rabid dogs
aka Cani arrabbiati
aka Semaforo rosso
aka Kidnapped
Bonus
avec Olivier Père
Blu
ray édité chez Sidonis Calysta
Musique
de Stelvio Cipriani
Synopsis :
Quatre
truands masqués attaquent un fourgon convoyeur de fonds, tuant les deux gardes.
Pendant la
fuite, l'un des truands est tué.
Les trois autres
(le chef, appelé Dottore, le névrotique Bisturi et l'exubérant Trentadue)
prennent deux femmes en otage.
Bisturi en
égorge une.
Les trois
malfrats s'enfuient avec l'autre otage Maria, montent dans une voiture arrêtée
à un feu de signalisation avec à son bord un homme (Riccardo) et un enfant
endormi.
Riccardo
soutient que l'enfant est son fils et qu'il l'amène à l'hôpital car il est
fiévreux.
(source :
Wikipedia)
Mon
avis :
A
la base ce film était « perdu » car le distributeur fit faillite
après le tournage et le film tomba dans l’oubli, ce n’est que grâce à l’actrice
Léa Lander qui le réhabilita en 1997 en retrouvant les bandes que « Rabid
dogs » peut sortir au grand public et quel film ! nom de dieu quel
film ! c’est un Bava complètement à contre-courant de ce que le cinéaste
nous avait habitués auparavant ! ici pas de gothique, pas de vampires mais
un polizzotesco en huis clos qui relève du génie ! on savait que Mario
Bava était génial mais là il explose complètement les codes de son cinéma et
signe peut être son meilleur film avec « Les trois visages de la peur »,
du moins c’est un pur, un vrai film de cinéphiles !
L’histoire
met en scène des gangsters qui, après un casse qui tourne mal, prennent en otages
une femme et un conducteur qui doit emmener son fils à l’hôpital, on est à Rome
et il fait une chaleur à mourir ; le dessein des malfrats est de quitter
la ville pour éviter d’être repérés et arrêtés par la police !
Mais
bien sûr ce serait trop beau et avec Bava aux manettes on se doute bien que ça
va partir en vrille !
Les
bandits sont des fous furieux et se déchainent avec un côté ultra malsain et
des répliques peu châtiées faisant référence au sexe et la pauvre otage devient
vite terrifiée !
Tout
le monde pense que Bava a vu et s’est inspiré de « Last house on the left »
de Wes Craven sorti deux ans plus tôt en 1972, une séquence est clairement un
plagiat du film de Craven (lorsque Bistouri et « 32 » forcent Léa
Lander à s’uriner dessus), vous l’aurez compris, « Les chiens enragés »
est un film rude, brutal et sans compromis à ne pas montrer à tous les publics,
c’est le film de Bava le plus malsain et le plus violent de par sa déviance et
sa décadence !
Histoire
en huis clos, tout le film se passe quasiment à l’intérieur de la voiture, ce
qui donne au métrage la qualification de tour de force cinématographique,
gageure totale, il faut tenir pendant 1 h 30 minutes dans l’habitacle d’une
voiture tout en maintenant l’intérêt pour le spectateur… et ça marche !
Mario Bava prouve une nouvelle fois son génie et son sens du cinéma, on est
captivés et scotchés et on a de l’intérêt pour l’histoire, on se demande bien
comment tout cela va finir ! (une énorme surprise nous attend à l’épilogue !)…
Soyons
clairs, « Les chiens enragés » est un film qui ne ressemble à aucun
autre, c’est une baffe cinéphilique monumentale qu’on se prend en pleine
tronche, un film parfois éprouvant et très malsain mais toujours passionnant !
Le
seul répit est la scène de l’aire d’autoroute où Bava nous introduit une
connaissance de Ricardo, tombée par hasard et venue de nulle part, on souffle
un peu avec ce passage mais le film repart aussi sec et la tension reprend de
plus belle, une fois que « 32 » et Ricardo reprennent la route !
« Rabid
dogs » est un film inoubliable, atypique dans le cinéma italien, singulier
et insolite, Mario Bava révolutionne une nouvelle fois le cinéma en faisant SON
cinéma !
L’édition
blu ray de Sidonis Calysta est fabuleuse et c’est la meilleure présentation de
ce film au monde, on ne pouvait pas espérer mieux, ça tient du miracle !
Le
bonus avec Olivier Père nous explique tout sur le film et sur son histoire (on
a bien failli ne jamais mettre la main dessus !), il explique que Bava
était en déclin et qu’il avait souhaité « rebondir » avec « Rabid
dogs » et c’est évident qu’il a « explosé » avec ce film !
« Les
chiens enragés » est une œuvre essentielle dans la carrière de Bava, à
mi-chemin entre Sam Peckinpah et le polar italien brutal, c’est aussi un formidable
moment de mise en scène et des jeux d’acteurs incroyables, ça tient la route, c’est
le cas de le dire et rien n’est relâché, ni la pression ni la tension, il faut
être aguerri pour tenir jusqu’à l’issue du film, Bava nous réservant des passages
extrêmes, parfois proches de l’insoutenable !
Au
final, « Rabid dogs » est LE chef d’œuvre de Mario Bava, il faut l’avoir
visionné pour comprendre sa démarche, comment il appréhende sa mise en scène et
l’étendue des palettes de ses capacités et de son talent !
Heureusement
que la pugnacité de Léa Lander a pu faire que le film sorte enfin et soit
révélé au grand jour, cela aurait été dramatique de passer à côté !
« Les
chiens enragés » est une bombe, un film que tout cinéphile digne de ce nom
se doit d’avoir vu impérativement !
Note :
10/10
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