samedi 18 juin 2022

Les chiens enragés de Mario Bava, 1974

 

LES CHIENS ENRAGES

de Mario Bava

1974

Italie

avec Léa Lander, Ricardo Cucciola, Luigi Montefiori, Erika Dario, Maurice Poli, Don Backy

Polar malsain

96 minutes

aka Rabid dogs

aka Cani arrabbiati

aka Semaforo rosso

aka Kidnapped

Bonus avec Olivier Père

Blu ray édité chez Sidonis Calysta

Musique de Stelvio Cipriani

Synopsis :

Quatre truands masqués attaquent un fourgon convoyeur de fonds, tuant les deux gardes.

Pendant la fuite, l'un des truands est tué.

Les trois autres (le chef, appelé Dottore, le névrotique Bisturi et l'exubérant Trentadue) prennent deux femmes en otage.

Bisturi en égorge une.

Les trois malfrats s'enfuient avec l'autre otage Maria, montent dans une voiture arrêtée à un feu de signalisation avec à son bord un homme (Riccardo) et un enfant endormi.

Riccardo soutient que l'enfant est son fils et qu'il l'amène à l'hôpital car il est fiévreux.

(source : Wikipedia)

Mon avis :

A la base ce film était « perdu » car le distributeur fit faillite après le tournage et le film tomba dans l’oubli, ce n’est que grâce à l’actrice Léa Lander qui le réhabilita en 1997 en retrouvant les bandes que « Rabid dogs » peut sortir au grand public et quel film ! nom de dieu quel film ! c’est un Bava complètement à contre-courant de ce que le cinéaste nous avait habitués auparavant ! ici pas de gothique, pas de vampires mais un polizzotesco en huis clos qui relève du génie ! on savait que Mario Bava était génial mais là il explose complètement les codes de son cinéma et signe peut être son meilleur film avec « Les trois visages de la peur », du moins c’est un pur, un vrai film de cinéphiles !

L’histoire met en scène des gangsters qui, après un casse qui tourne mal, prennent en otages une femme et un conducteur qui doit emmener son fils à l’hôpital, on est à Rome et il fait une chaleur à mourir ; le dessein des malfrats est de quitter la ville pour éviter d’être repérés et arrêtés par la police !

Mais bien sûr ce serait trop beau et avec Bava aux manettes on se doute bien que ça va partir en vrille !

Les bandits sont des fous furieux et se déchainent avec un côté ultra malsain et des répliques peu châtiées faisant référence au sexe et la pauvre otage devient vite terrifiée !

Tout le monde pense que Bava a vu et s’est inspiré de « Last house on the left » de Wes Craven sorti deux ans plus tôt en 1972, une séquence est clairement un plagiat du film de Craven (lorsque Bistouri et « 32 » forcent Léa Lander à s’uriner dessus), vous l’aurez compris, « Les chiens enragés » est un film rude, brutal et sans compromis à ne pas montrer à tous les publics, c’est le film de Bava le plus malsain et le plus violent de par sa déviance et sa décadence !

Histoire en huis clos, tout le film se passe quasiment à l’intérieur de la voiture, ce qui donne au métrage la qualification de tour de force cinématographique, gageure totale, il faut tenir pendant 1 h 30 minutes dans l’habitacle d’une voiture tout en maintenant l’intérêt pour le spectateur… et ça marche ! Mario Bava prouve une nouvelle fois son génie et son sens du cinéma, on est captivés et scotchés et on a de l’intérêt pour l’histoire, on se demande bien comment tout cela va finir ! (une énorme surprise nous attend à l’épilogue !)…

Soyons clairs, « Les chiens enragés » est un film qui ne ressemble à aucun autre, c’est une baffe cinéphilique monumentale qu’on se prend en pleine tronche, un film parfois éprouvant et très malsain mais toujours passionnant !

Le seul répit est la scène de l’aire d’autoroute où Bava nous introduit une connaissance de Ricardo, tombée par hasard et venue de nulle part, on souffle un peu avec ce passage mais le film repart aussi sec et la tension reprend de plus belle, une fois que « 32 » et Ricardo reprennent la route !

« Rabid dogs » est un film inoubliable, atypique dans le cinéma italien, singulier et insolite, Mario Bava révolutionne une nouvelle fois le cinéma en faisant SON cinéma !

L’édition blu ray de Sidonis Calysta est fabuleuse et c’est la meilleure présentation de ce film au monde, on ne pouvait pas espérer mieux, ça tient du miracle !

Le bonus avec Olivier Père nous explique tout sur le film et sur son histoire (on a bien failli ne jamais mettre la main dessus !), il explique que Bava était en déclin et qu’il avait souhaité « rebondir » avec « Rabid dogs » et c’est évident qu’il a « explosé » avec ce film !

« Les chiens enragés » est une œuvre essentielle dans la carrière de Bava, à mi-chemin entre Sam Peckinpah et le polar italien brutal, c’est aussi un formidable moment de mise en scène et des jeux d’acteurs incroyables, ça tient la route, c’est le cas de le dire et rien n’est relâché, ni la pression ni la tension, il faut être aguerri pour tenir jusqu’à l’issue du film, Bava nous réservant des passages extrêmes, parfois proches de l’insoutenable !

Au final, « Rabid dogs » est LE chef d’œuvre de Mario Bava, il faut l’avoir visionné pour comprendre sa démarche, comment il appréhende sa mise en scène et l’étendue des palettes de ses capacités et de son talent !

Heureusement que la pugnacité de Léa Lander a pu faire que le film sorte enfin et soit révélé au grand jour, cela aurait été dramatique de passer à côté !

« Les chiens enragés » est une bombe, un film que tout cinéphile digne de ce nom se doit d’avoir vu impérativement !

Note : 10/10










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