LES
MALHEURS D’ALFRED
de
Pierre Richard
1972
France
avec
Pierre Richard, Anny Duperey, Pierre Mondy, Paul Préboist, Georges Beller,
Francis Lax, Jean Carmet, Paul Le Person, Yves Robert
Comédie
satirique
98
minutes
Musique
de Vladimir Cosma
Co-écrit
par Roland Topor d’après son idée
DVD
édité chez Gaumont
Synopsis :
Alfred Dhumonttyé, jeune architecte, est depuis son enfance un malchanceux
chronique : tout ce qu’il entreprend rate lamentablement.
Ses constructions ont une fâcheuse tendance à
être détruites prématurément. Après un énième fiasco, un soir Alfred décide de
se suicider en se jetant à l'eau dans un canal à Paris.
(source : Wikipedia)
Mon
avis :
Tourné
deux ans après « Le distrait », « Les malheurs d’Alfred »
ne déroge pas à la règle des codes satiriques instaurés par Pierre Richard, on
peut même dire que c’est son film le plus ambitieux, c’est une version
surboostée du « Distrait » et, comme toujours, le rythme est
incessant, ponctué de séquences délirantes, le scénario a été co-écrit par
Roland Topor et le film fait très « bande dessinée », tout est au
cordeau et « Les malheurs d’Alfred » est même élitiste dans ses
références satiriques, Pierre Richard multiplie jeux de mots et calembours et
il faut au spectateur une sacrée attention pour tout capter…
Alors
que « Le distrait » était une satire de la publicité, « Les
malheurs d’Alfred » est une satire du monde de la télévision, notamment
des jeux télévisés (Pierre Richard prend clairement pour cible « Intervilles »),
la mise en scène est très léchée, les acteurs (aussi les seconds rôles) sont à
une place millimétrée, Pierre Richard fait preuve d’une application et d’une exigence
rares pour appuyer le propos humoristique de son métrage et tout fonctionne à
merveille, en restant divertissant en permanence…
Anny
Duperey est d’une beauté folle, Pierre Mondy excelle dans son rôle d’ordure finie
et Paul Préboist déclenche des barres de rire par des séquences au comique
absurde (il traie un cheval, balance des œufs à ses poules puis tire sur sa
télé, passage symbolique)…
L’idée
de départ (un double suicide par noyade) est bien exploitée et, dès lors, le
film prend son essor et ça y va plein pot, d’abord avec cette rencontre
fortuite entre Pierre Richard et Anny Duperey qui va, bien sûr comme dans tous les
films de Pierre Richard, s’agrémenter de quiproquos et de séquences cocasses !
L’inventivité
des passages du film déclenche l’hilarité à coup sûr (le boxeur qui n’arrive
pas à dormir, le boucan et les gaffes faites par Pierre Richard) mais le film
se double d’un aspect touchant (Alfred est fou amoureux d’Agathe mais celle-ci
semble l’ignorer, restant éperdue de son mari, même si ce dernier est une vraie
enflure !), heureusement cela finira bien et la tournure prise est rassérénante,
aussi bien pour Alfred que pour le spectateur…
Pierre
Richard explore beaucoup de thématiques de la comédie, il est à la fois drôle
et touchant, il maitrise déjà son art, à seulement son deuxième film en tant
que réalisateur, on sent qu’il a tout pigé et il se dote de toutes les qualités
pour rendre attractive l’histoire qu’il développe…
Les
effets comiques lors des gaffes sont déclinés à la perfection et le timing
tient du miracle (au niveau de la technique, ça n’a pas du être simple à mettre
en scène !) ; « Les malheurs d’Alfred » est une réussite
sur toute la ligne, c’est une satire exempte du moindre défaut et aucune faute
de goût n’est à déplorer…
La
musique de Vladimir Cosma est inspirée de celle du « Distrait », « Les
malheurs d’Alfred » en est un peu l’héritier mais Pierre Richard n’a pas
refait un « Distrait » bis, il a renouvelé ses gags et l’environnement
de son précédent film, il était conscient qu’il ne fallait surtout pas tomber
dans le piège de « lasser » le spectateur, le résultat est donc
nickel et prodigieux !
Pierre
Richard ne s’est pas endormi sur ses lauriers et a fourni un effort d’écriture
et de réalisation tout bonnement phénoménal !
« Les
malheurs d’Alfred » se place directement comme classique instantané du
film comique français du début des années 70 et le cinéphile adepte de ce
genre se délectera au visionnage ; de plus le DVD remastérisé sorti chez Gaumont
nous permet d’apprécier « Les malheurs d’Alfred » dans des conditions
optimales !
Bien
plus intelligent qu’il ne pouvait laisser présager et tout sauf débile, « Les
malheurs d’Alfred » évoque la nostalgie d’une époque révolue, que l’on ne
retrouve plus du tout de nos jours avec les comédies actuelles ; c’est un
film qui fait du bien et c’est un bonheur de se replonger dans cette période de
l’insouciance des années 70…
Epaulé
quasiment par la même équipe, Pierre Richard savait y faire, qu’il soit acteur
ou metteur en scène, chacun de ses films est un joyau et une pépite à savourer
sans modération…
« Les
malheurs d’Alfred » vous comblera et c’est le meilleur médicament en cas
de sinistrose, en cas de coup de blues, ce film est le meilleur remède !
Note :
9/10
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