samedi 18 février 2023

Les malheurs d'Alfred de Pierre Richard, 1972

 

LES MALHEURS D’ALFRED

de Pierre Richard

1972

France

avec Pierre Richard, Anny Duperey, Pierre Mondy, Paul Préboist, Georges Beller, Francis Lax, Jean Carmet, Paul Le Person, Yves Robert

Comédie satirique

98 minutes

Musique de Vladimir Cosma

Co-écrit par Roland Topor d’après son idée

DVD édité chez Gaumont

Synopsis :

Alfred Dhumonttyé, jeune architecte, est depuis son enfance un malchanceux chronique : tout ce qu’il entreprend rate lamentablement.

Ses constructions ont une fâcheuse tendance à être détruites prématurément. Après un énième fiasco, un soir Alfred décide de se suicider en se jetant à l'eau dans un canal à Paris

(source : Wikipedia)

Mon avis :

Tourné deux ans après « Le distrait », « Les malheurs d’Alfred » ne déroge pas à la règle des codes satiriques instaurés par Pierre Richard, on peut même dire que c’est son film le plus ambitieux, c’est une version surboostée du « Distrait » et, comme toujours, le rythme est incessant, ponctué de séquences délirantes, le scénario a été co-écrit par Roland Topor et le film fait très « bande dessinée », tout est au cordeau et « Les malheurs d’Alfred » est même élitiste dans ses références satiriques, Pierre Richard multiplie jeux de mots et calembours et il faut au spectateur une sacrée attention pour tout capter…

Alors que « Le distrait » était une satire de la publicité, « Les malheurs d’Alfred » est une satire du monde de la télévision, notamment des jeux télévisés (Pierre Richard prend clairement pour cible « Intervilles »), la mise en scène est très léchée, les acteurs (aussi les seconds rôles) sont à une place millimétrée, Pierre Richard fait preuve d’une application et d’une exigence rares pour appuyer le propos humoristique de son métrage et tout fonctionne à merveille, en restant divertissant en permanence…

Anny Duperey est d’une beauté folle, Pierre Mondy excelle dans son rôle d’ordure finie et Paul Préboist déclenche des barres de rire par des séquences au comique absurde (il traie un cheval, balance des œufs à ses poules puis tire sur sa télé, passage symbolique)…

L’idée de départ (un double suicide par noyade) est bien exploitée et, dès lors, le film prend son essor et ça y va plein pot, d’abord avec cette rencontre fortuite entre Pierre Richard et Anny Duperey qui va, bien sûr comme dans tous les films de Pierre Richard, s’agrémenter de quiproquos et de séquences cocasses !

L’inventivité des passages du film déclenche l’hilarité à coup sûr (le boxeur qui n’arrive pas à dormir, le boucan et les gaffes faites par Pierre Richard) mais le film se double d’un aspect touchant (Alfred est fou amoureux d’Agathe mais celle-ci semble l’ignorer, restant éperdue de son mari, même si ce dernier est une vraie enflure !), heureusement cela finira bien et la tournure prise est rassérénante, aussi bien pour Alfred que pour le spectateur…

Pierre Richard explore beaucoup de thématiques de la comédie, il est à la fois drôle et touchant, il maitrise déjà son art, à seulement son deuxième film en tant que réalisateur, on sent qu’il a tout pigé et il se dote de toutes les qualités pour rendre attractive l’histoire qu’il développe…

Les effets comiques lors des gaffes sont déclinés à la perfection et le timing tient du miracle (au niveau de la technique, ça n’a pas du être simple à mettre en scène !) ; « Les malheurs d’Alfred » est une réussite sur toute la ligne, c’est une satire exempte du moindre défaut et aucune faute de goût n’est à déplorer…

La musique de Vladimir Cosma est inspirée de celle du « Distrait », « Les malheurs d’Alfred » en est un peu l’héritier mais Pierre Richard n’a pas refait un « Distrait » bis, il a renouvelé ses gags et l’environnement de son précédent film, il était conscient qu’il ne fallait surtout pas tomber dans le piège de « lasser » le spectateur, le résultat est donc nickel et prodigieux !

Pierre Richard ne s’est pas endormi sur ses lauriers et a fourni un effort d’écriture et de réalisation tout bonnement phénoménal !

« Les malheurs d’Alfred » se place directement comme classique instantané du film comique français du début des années 70 et le cinéphile adepte de ce genre se délectera au visionnage ; de plus le DVD remastérisé sorti chez Gaumont nous permet d’apprécier « Les malheurs d’Alfred » dans des conditions optimales !

Bien plus intelligent qu’il ne pouvait laisser présager et tout sauf débile, « Les malheurs d’Alfred » évoque la nostalgie d’une époque révolue, que l’on ne retrouve plus du tout de nos jours avec les comédies actuelles ; c’est un film qui fait du bien et c’est un bonheur de se replonger dans cette période de l’insouciance des années 70…

Epaulé quasiment par la même équipe, Pierre Richard savait y faire, qu’il soit acteur ou metteur en scène, chacun de ses films est un joyau et une pépite à savourer sans modération…

« Les malheurs d’Alfred » vous comblera et c’est le meilleur médicament en cas de sinistrose, en cas de coup de blues, ce film est le meilleur remède !

Note : 9/10











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