jeudi 30 mai 2024

Babylon de Damien Chazelle, 2022

 

BABYLON

De Damien Chazelle

2022

Etats unis

Avec Margot Robbie, Brad Pitt, Diego Calva, Jean Smart, Olivia Wilde, JC Currals

Fresque historique/Drame

189 minutes

Produit par Paramount

Synopsis :

En 1926 à Los Angeles, le cinéma muet bat son plein.

Manuel « Manny » Torres (Diego Calva), un immigré d'origine mexicaine, est homme à tout faire pour le studio Kinoscope, et se rêve en assistant réalisateur4.

Il doit notamment transporter un éléphant pour une fête donnée par ses employeurs.

Lors de la soirée orgiaque, Manuel rencontre Nellie LaRoy (Margot Robbie), une jeune femme qui rêve d'être actrice.

Tandis qu'ils sniffent tous deux de la cocaïne, Manuel lui avoue vouloir lui aussi entrer dans le monde du cinéma pour faire partie de « quelque chose de plus grand ».

(source : Wikipedia)

Mon avis :

Qualifié par William Friedkin de « génie », le réalisateur Damien Chazelle signe avec « Babylon » son meilleur film à ce jour, le plus ambitieux et le plus risqué, d’ailleurs au box-office il n’a pas permis de renflouer la mise de départ ; « Babylon » est un film fleuve d’une richesse inouïe, parfois très dur (certaines scènes sont hyper « trash », surtout la première demi- heure), soyons nets « Babylon » n’est pas du tout un film tous publics !

Margot Robbie explose complètement et donne sans doute sa meilleure composition, Brad Pitt est égal à lui-même et Diego Calva est excellent également…

Les trois heures sont lourdes à digérer et à la fin du visionnage le spectateur est claqué, lessivé, il faut deux jours pour se remettre de « Babylon » mais le spectacle déployé est phénoménal !

Certains plans séquences s’inscrivent directement dans le culte et sont particulièrement décalés et culottés, des fois c’est vraiment dégueu (la merde qui jaillit du cul de l’éléphant, la scène d’urologie immonde avant l’overdose, Margot Robbie qui vomit ses entrailles lors de la réception) mais aussi c’est effrayant (le crotale, la descente dans le repaire des gangsters -ça fait penser au « Rectum » da « Irréversible » de Gaspar Noé, le disjonctage de Margot Robbie via la coke et l’alcool), « Babylon » mérite presqu’une interdiction aux moins de 16 ans, au moins aux moins de 12 ans, c’est un film choquant à de multiples reprises…

L’issue et le destin des protagonistes seront tragiques et Damien Chazelle sait parfaitement transmettre les émotions au spectateur, son film se distingue par son originalité totale et on notera un des personnages (l’assistant de la réalisatrice) sosie de Philippe Noiret dans « Le vieux fusil »…

Une séquence d’une vingtaine de minutes est expérimentale (lorsque Margot Robbie arrive et dit « Salut la fac » !) le plan foire sans arrêt à être tourné et Chazelle se régale et NOUS régale à faire et refaire le même plan jusqu’à ce que la prise soit bonne !

On passe de l’opulence à la galère (les dettes de jeu, la menace de mort, Robbie est incroyable !), ce film est un fleuve dans lequel on se noie et où on doit sortir la tête de l’eau (au moins une pause en plein milieu de visionnage est nécessaire sinon on sature)…

« Babylon » est un énorme pain dans la tronche, on se prend une claque de cinéma et il est difficile de s’en remettre instantanément, le voir au cinéma relève d’un défi pour tout cinéphile, Damien Chazelle a frappé fort et lourd…

Bref, si vous tentez de voir ce film, accrochez vous mais ça en vaut vraiment la peine, « Babylon » doit se vivre plus comme une expérience de cinéma que comme un film lambda, il est tout sauf lambda…

Après avoir placé la barre aussi haut, on se demande bien ce que Chazelle va nous sortir pour son prochain film, ce gars est un génie et Friedkin a bien raison…

Un film de folie pure !

Note : 10/10









samedi 25 mai 2024

BARBIE de Greta Gerwig, 2023

 

BARBIE

De Greta Gerwig

2023

Etats unis/Grande Bretagne

Avec Margot Robbie, Ryan Goslin, Issa Rae, Kate Mac Kinnon, Alexandra Shipp, Emma Mackey

Comédie

114 minutes

Synopsis :

Barbie stéréotypée (Barbie) et une large panoplie de Barbie résident toutes à Barbieland, incarnant des poupées sûres d'elles, joyeuses, insouciantes et persuadées d'avoir rendu les filles humaines heureuses.

Alors que leurs homologues Ken passent leurs journées à se livrer à des activités balnéaires, les Barbie occupent tous les postes importants

(source : Wikipedia)

Mon avis :

Et bien il est très bien ce film, c’est mignon comme tout et pour une fois on a un film féministe qui n’est pas sectaire et qui s’avère très intelligent…

« Barbie » est un rêve éveillé, un film très beau et super enjoué, Robbie et Goslin ont eu une gageure à établir pour leurs rôles et s’en sortent à merveille…

Les décors sont fabuleux et oniriques, ça y va à 200 à l’heure et il faudrait être particulièrement de mauvaise foi pour ne pas acquiescer la qualité formelle de l’esthétisme du film…

« Barbie » est bigrement sympathique et comporte des passages musicaux géniaux et jouissifs…

Le seul bémol est que parfois ça va trop vite, on n’a pas le temps de reprendre son souffle et les « messages » sur le patriarcat et le proféminisme sont parfois compliqués à suivre (surtout les vingt dernières minutes), mais heureusement la belle Margot Robbie nous fait avaler la pilule aisément, elle possède vraiment un charisme démentiel et un corps de déesse, la réalisatrice Greta Gerwig le sait et la met parfaitement en valeur…

L’originalité de « Barbie » se déploie lorsque la belle se retrouve dans le monde « réel », Margot Robbie dévoile son talent d’actrice ce qui nous vaudra des séquences savoureuses…

Le film est produit par la firme Mattel qui se paie le luxe de mettre en figure le siège social et l’équipe des dirigeants ; il y a un second degré et un sens de l’humour et de la dérision qui sont évidents !

C’est du gentil et du mignon, ici pas la moindre violence mais un pamphlet sur la célèbre poupée mondialement connue depuis des décennies qui prend forme grâce à de superbes femmes, tout est coordonné et chorégraphié de façon virtuose et à aucun moment on ne s’ennuie…

Seuls les cinéphiles grognons n’y trouveront pas leur compte, les plus OPEN se régaleront !

Monter ce film s’avèrait casse cou et finalement Greta Gerwid remporte l’adhésion, « Barbie » ratisse large et ne fédère pas uniquement les féministes mais également les amoureux du septième art, c’est une comédie très tonique et touchante, en le visionnant je me suis amusé malgré un partage en vrille avec beaucoup de thématiques pas toujours décodables…

Oh et puis ne cherchons pas midi à quatorze heures, faisons abstraction de ces messages et concentrons nous sur l’aspect intrinsèque de « Barbie », c’est une jolie et gentille comédie qui fait plaisir à voir et qui véhicule du bonheur…

« Barbie » est à l’image de Margot Robbie, un BIG SMILE filmique et tout passe, c’est supportable sans problème car le film évite la débilité et nous émerveille…

C’est du pur cinéma de loisirs, attractif et rondement dirigé, un film d’une grande richesse qui rencontra un succès inédit (un milliard de dollars de box-office)…

Ce tour de force vaut le coup d’œil et si vous voulez décompresser d’une semaine de stress, « Barbie » est l’anti dépresseur idéal…

Un bain de jouvence !

Note : 8/10








samedi 18 mai 2024

Blue velvet de David Lynch, 1986

 

BLUE VELVET

De David Lynch

1986

Etats unis

Avec Kyle Mac Lachlan, Dennis Hopper, Isabella Rossellini, Laura Dern, Brad Dourif

Thriller envoutant

120 minutes

Musique de Angelo Badalamenti

Produit par Dino De Laurentiis

Synopsis :

Dans la belle petite ville américaine de Lumberton, en Caroline du Nord, Monsieur Beaumont est victime d'une rupture d'anévrisme (indiqué par la douleur à la tête et la pression dans le tuyau) en arrosant son gazon.

Son fils Jeffrey, rentrant chez lui après une visite à son père malade, découvre une oreille humaine dans un champ.

Cette oreille, en décomposition, est couverte d'insectes.

Jeffrey apporte immédiatement sa trouvaille à l’inspecteur Williams et fait ainsi la connaissance de sa fille, Sandy.

(source : Wikipedia)

Mon avis :

« Blue velvet » est un des meilleurs films de David Lynch, son scénario est plus travaillé et plus clair que pour « Mullholland drive », c’est un thriller teinté d’érotisme et de sadomasochisme à l’histoire très riche ; ça démarre de manière très bizarre et au déroulé des scènes la mosaïque s’éclaircit pour donner corps à une œuvre envoutante et très impressionnante…

Tous les acteurs et actrices sont impeccables et les rôles n’étaient pas évidents ; c’est loin d’être facile d’incarner les personnages voulus par Lynch, ils sont complètement déjantés et ravagés par une folie et des troubles mentaux, notamment Dennis Hopper et Isabella Rossellini, atomisés par une pathologie mentale proche de la démence…

« Blue velvet » fascine dès que Jeffrey décide de mener sa propre enquête après la découverte de l’oreille sectionnée avec l’aide de Sandy, dont il tombe rapidement amoureux…

Ponctué de fulgurances et de séquences chocs avec un érotisme endiablé, « Blue velvet » frôle le côté malsain lors de certains passages, lorsque Isabella Rosselini supplie Kyle Mac Lachlan de la frapper ( !) l’aspect masochiste morbide est clairement établi, ce qui permet à Lynch de mettre en exergue ses fantasmes de réalisateur dans son film, mais il n’oublie pas d’être rigoureux dans l’histoire, cela permet de maintenir l’intérêt pour le spectateur…

Très insolite, bizarre et frontalement atypique, « Blue velvet » ne ressemble à aucun autre métrage et pourra déconcerter par sa brutalité et l’incongruité de certains plans (beaucoup de nudité)…

Les scènes de chants dans la boite de jazz sont sublimes et le titre du film se justifie par la sérénade langoureuse intitulée « Blue velvet »…

Ça finit relativement bien (les méchants sont châtiés, Jeffrey vit en couple avec Sandy et Isabella Rossellini est guérie de sa démence et récupère son fils kidnappé)…

Tout finit donc bien malgré des rebondissements chaotiques et qui ne ménagent pas les nerfs du spectateur, ballotté entre violence et sexe, Lynch n’a pas lésiné sur les moyens pour appuyer ses propos et s’est TOUT autorisé, il se lâche complètement et pour certains ça passe ou ça casse !

« Blue velvet » est un vrai et un pur film de cinéphiles, les deux heures de visionnage sont compactes et compactées et on ne peut plus décrocher, passé les vingt minutes du début…

Dans l’ensemble « Blue velvet » est un véritable tour de force cinématographique et quasiment 40 années plus trad, l’intérêt suscité reste identique qu’à sa sortie ; David Lynch possède un talent fou et chacune de ses offrandes est un bonheur pour tout cinéphile, à condition qu’il soit OPEN…

Une nouvelle fois pour Lynch, un chef d’œuvre !

Note : 10/10









vendredi 10 mai 2024

BODYGUARD de Mick Jackson, 1992

 

BODYGUARD

De Mick Jackson

1992

Etats unis

Avec Kevin Costner, Whitney Houston, Tomas Arana, Gary Kemp, Bill Cobbs, Ralph Wate

Film d’action, policier

124 minutes

Synopsis :

Le garde du corps Frank Farmer est chargé par contrat de la protection de Rachel Marron, comédienne et chanteuse menacée par Dan, un fan qui lui envoie des lettres menaçantes.

(source : Wikipedia)

Mon avis :

Immense succès au box-office, « Bodyguard » est un polar atypique qui se déroule dans le milieu du show-biz, Kevin Costner est chargé de faire le garde du corps d’une chanteuse star de la pop musique incarnée par Whitney Houston…

Toute l’histoire se tient et l’ensemble est compact et bien sur ils vont tomber amoureux l’un de l’autre et cela va compliquer la tâche…

« Bodyguard » est une love story qui évite la guimauve et Mick Jackson se concentre surtout sur le côté policier et suspense de son film, la technique de filmage est très bonne (mouvements de caméras impressionnants, ralentis) et on ne s’ennuie à aucun moment…

C’est du cinéma de loisirs, hyper bien torché et bénéficiant de moyens financiers colossaux…

Hollywoodien jusqu’au bout des ongles, « Bodyguard » vend du rêve…. Et tout fonctionne !

Le public fleur bleue ne pourra retenir ses larmes à la fin et, malgré tout, c’est très efficace…

« Bodyguard » est un des meilleurs rôles  de Kevin Costner et aussi l’occasion pour Whitney Houston de nous dévoiler une autre facette de son talent, elle s’avère excellente actrice…

Baignant dans le luxe, « Bodyguard » n’est pas mielleux et aurait pu s’empâter dans une histoire pipée d’avance, mais le talent des scénaristes fait que l’on est sans cesse ballottés par des rebondissements servant à susciter l’intérêt…

C’est simplement un beau film qui vaut beaucoup par le charisme du duo Costner/Houston, la mise en scène est très soignée et la musique imprègne le spectateur, captivé et qui obtient ce qu’il était en droit d’attendre, on en a pour son argent…

« Bodyguard » est très attrayant et attractif et remplit aisément son contrat, il divertit et émeut, c’est du vrai cinéma américain dans la pure tradition qui est destiné au grand public…

Très bon !

Note : 9/10






Anatomie d'une chute de Justine Triet, 2023

 

ANATOMIE D’UNE CHUTE

De Justine Triet

2023

France

Avec Sandra Huller, Swann Arlaud, Milo Machado Graner, Antoine Reinartz

Drame

151 minutes

Palme d’or Cannes 2023

Synopsis :

Sandra Voyter, Samuel Maleski et leur fils malvoyant Daniel, onze ans, vivent à la montagne, non loin de Grenoble.

Un jour, Samuel est retrouvé mort au pied de leur chalet

Suicide ou homicide ?

Une enquête est ouverte, et Sandra est mise en examen malgré le doute.

Un an plus tard, Daniel assiste au procès de sa mère, véritable dissection du couple.

(source : Wikipedia)

Mon avis :

Auréolé de multiples récompenses à travers le monde, « Anatomie d’une chute » est un film réellement poignant et c’est du cinéma de très haut niveau….

Justine Triet fait preuve d’un immense professionnalisme et dirige de main de maitre ses acteurs, tous fabuleux…

Ça part d’un truc tout con (un homme se tue en tombant du deuxième étage d’un chalet) mais passé ce postulat et ce nœud scénaristique le film prend son essor et devient passionnant…

« Anatomie d’une chute » est une œuvre d’une grande richesse, c’est un film qui fourmille de trouvailles et dès que l’on fait l’effort de pénétrer dans l’histoire, on devient complètement captivé…

La scène de la dispute du couple est incroyable et sidérante de justesse, cela ne donne pas envie d’être en couple, l’engueulade est hyper réaliste et Triet a du en baver pour donner ce sentiment de justesse, l’interprétation est terrible et tout sonne juste !

Véritable gageure au niveau de la crédibilité, « Anatomie d’une chute » impressionne par sa rigueur et le boulot entrepris a du être phénoménal pour faire prendre corps au scénario, les césars et la palme d’or sont amplement mérités !

En même temps très pudique et sans effets chocs, « Anatomie d’une chute » est une belle histoire cristallisée par l’enfant de 12 ans malvoyant et le chien saint Bernard et l’issue SPOILER ON après le procès qui acquitte Sandra SPOILER OFF donne un sentiment très rassérénant et d’une quiétude absolue…

Justine Triet témoigne d’une immense maitrise dans sa mise en scène et son film ne ressemble à aucun autre, c’est un nouveau pallier vers un niveau de cinéma d’une qualité formelle, on ne peut oublier  ce métrage une fois l’avoir vu, chaque souvenir s’imprègne, c’est un vrai film de cinéphiles…

« Anatomie d’une chute » rend honneur au cinéma tricolore et on se doit de remercier la réalisatrice Justine Triet pour cette offrande, jamais le film n’est ennuyeux et le final est envoutant, c’est une leçon  de septième art !

Une vraie claque et un film à visionner absolument, paradoxalement pas si violent que ça et qui vaut surtout pour la performance des acteurs et la direction de ces derniers par Justine Triet…

Chef d’œuvre !

Note : 10/10