MA 6T VA CRACK-ER
De Jean François Richet
1996
France
Avec Virginie Ledoyen, Jean François Richet
Chronique sociale
Synopsis :
Le quotidien de jeunes voyous de la banlieue de Seine et Marne, narguant la police sans arrêt et trempant dans des histoires de deals, de drogue et de règlements de compte internes entre bandes…
Les éducateurs et les responsables sociaux et d’éducation essaient tant bien que mal de les raisonner, de leur inculquer les principes de bonne entente mutuelle et de les réintégrer dans le droit chemin mais rien ne semble y faire et porter ses fruits…
Tout n’est et ne reste qu’une succession inexorable de violence et de bagarres, soit à mains nues soit avec une arme à feu (le « calibre »)…
Certains policiers peu regardants arrivent à capturer les bougres et leur font subir les pires outrages, comme une ultime « vengeance » face à ce délabrement sociétaire qui impacte lourdement l’atmosphère et l’ambiance de ces cités devenues zones de « non droit »…
S’ensuivront des émeutes d’une radicalité déconcertante qui ne laisseront aucune once d’espoir et qui seront réprimandées de manière équivoque mais sans la moindre résolution concrète…
Et si la révolte et la révolution étaient les seules alternatives ?
Mon avis :
Après son métrage quasi documentaire « Etat des lieux » et avant son escapade outre Atlantique avec son piteux remake d’ »Assaut on precinct 13 » de Carpenter et sa renommée césarisée des « Mesrine », Richet signe ici son film le plus frontal, insufflant un réalisme et une énergie peu communes qui risqueront de provoquer un certain malaise, mais ce malaise est bel et bien existentiel et reflet du quotidien des jeunes banlieusards en plein désoeuvrement, quasi perpétuellement…
Richet provoque alors une confrontation interne flics/voyous avec un léger parti pris, mettant presque tout sur le dos des forces de l’ordre par l’équation simpliste « répression/violence/chômage/problèmes communautaires ».
Ceci étant, sa mise en scène est très dynamique et parfaitement maîtrisée, usant et abusant de bagarres et de scènes d’émeutes tout à fait opportunes face à une certaine émotion de rage décuplée et qui servira de levier à une expression cathartique bien justifiée…
La bande son agrémentée de morceaux hip hop de l’époque est bien amenée pour faire comprendre et ressentir au spectateur dans quel état d’esprit se trouvent les protagonistes de l’histoire, mettant en avant les galères de leur quotidien, via une approche très réaliste et jamais surjouée…
Après tous ces paramètres et malgré quelques défauts, on passera un bon moment devant le film, qui reste néanmoins très dur par moments mais qui envoie et renvoie le public face à ses responsabilités dues au délitement et à la déliquescence sociétaires appuyés par une popperisation des cités, livrées à elles mêmes et en plein désarroi…
Richet n’apporte en fait aucune solution mais fait un constat…
Son introduction magnifique avec la belle Virginie Ledoyen appelle clairement à la révolte des masses et par ailleurs le monologue voix off qui sert d’épilogue le dit clairement « se basant sur un texte de la Constitution des Droits de l’Homme » rendant la révolution comme droit pour le peuple en cas de non respect des règles…
Malheureusement encore d’actualité, « Ma 6 T va crack-er » est au final un excellent métrage, presque nécessaire pour ouvrir les œillères des personnes qui avaient une approche obscure de la vie des banlieues.
Violent, puissant, dynamique et sincère, un « film–outil », reflet habile de situations rarement abordées avec autant de réalisme…
Réussite totale pour Richet !
Note sur 20 : 18
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