THIS IS ENGLAND
De Shane Meadows
Grande Bretagne
2005
Drame/chronique sociale
Résumé :
Une petite bourgade ouvrière d’Angleterre au début des années 80 en plein régime Tatcheriste.
Sean est un adolescent désoeuvré vivant seul avec sa mère (son père a été tué pendant la guerre des Malouines).
Il fait l’objet de railleries par ses camarades de classe, qui se moquent de son accoutrement et de son pantalon trop large.
Bagarres, larcins chez l’épicier pakistanais et errances ponctuent son quotidien…
Jusqu’au jour où il va faire la connaissance d’une bande de skinheads de son quartier qui vont le prendre en affection et l’enrôler dans leur cercle…
Mais l’arrivée d’un leader de la bande, tout juste sorti de prison, va tout faire basculer !
Sean, innocent et manipulé, va comprendre l’horreur des extrémismes et en sera pour son grade avec le « monde des adultes », ramassis de voyous sans foi ni loi, imbibés par l’alcool et le cannabis et ne raisonnant que par la violence et les invectives…
La présence d’un Jamaïcain dans la bande sera la source de conflits internes qui vont dégénérer, jusqu’à une issue horrible dont Sean ne se remettra sans doute jamais…
Mon avis :
« This is England » est un film « coup de poing » qui fait preuve d’une justesse totale d’appréciation, par le rapport de force entre un gamin et des voyous qu’il identifie comme des « repères » sachant que lui n’en a plus un seul…
Partant de cette constatation, Meadows dresse un portrait rude, acide et sans compromis du mouvement « skinhead », mais en ne prenant parti pour personne, laissant du recul et de réalisme sur des situations qui pourraient paraître désespérées et en réalité sans la moindre issue…
Les personnages peuvent paraitre attachants mais en fait s’avèrent répugnants car empreints d’anxiogènité et victimes d’une misère peu commune inhérente à leur contexte (sous Tatcher, c’était un enfer !)…
Le plus souvent, tout n’est que prétexte à dresser la noirceur terrible du chômage et du désoeuvrement des classes sociales dites « défavorisées »…
Mais là où Meadows frappe fort, c’est qu’il livre ici un témoignage de ce que lui-même a vécu, ainsi cela renforce la crédibilité du film, comme « vécu de l’intérieur » !
Les déchainements de violence, soudains, démesurés et intempestifs font figure de catharsis dans cette société au ralenti, ayant laissé sur le côté de la route, toute une partie de la population, absolument livrée à elle-même et contrainte de lutter pour s’en sortir et « survivre »…
Les décors, les commerces et l’architecture de ces villes servent de tremplin pour montrer aux spectateurs des lieux peu communs où végètent ces skinheads, totalement désorientés et en dehors de la réalité, se créant un « univers parallèle » où la loi du plus fort prime sur celle du plus faible, asservi et soumis de la façon la plus vile qui soit…
L’éclair ultime de violence électrisante traumatisera à jamais le jeune Sean, qui y verra une rédemption et une ouverture vers la réalité et le monde dit « normal »…
Un très grand film, pur électrochoc qui permet d’asseoir Shane Meadows sur le piédestal des meilleurs cinéastes d’outre Manche, et où il trouve ici ses repères et sa marque de fabrique, qui s’amplifieront avec le fabuleux « Dead man’s shoes » tourné peu après…
Note sur 20 : 15
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