FREAKS, LA MONSTRUEUSE PARADE
de Tod Browning
Etats Unis
1932
60 minutes
Fantastique humaniste
Synopsis :
Le cirque itinérant Tetrallini possède la
particularité d'être composé de personnes "monstres", une femme à
barbe, un couple de nains, des hommes troncs ou des gens difformes...
Lorsque Hans (un des nains) hérite d'une
forte somme d'argent, il attire/attise les plus hautes convoitises, jusqu'à ce
que Cléo, la belle trapéziste, l'épouse par intérêt...
Lors du banquet de noces, Hans est méchamment
humilié...
Cléo projette de l'empoisonner pour toucher
sa fortune...
Dans l'issue du décès de Hans, que se
produirait-il ?
Et si les "monstres" étaient
solidaires entre eux ?
La vengeance sera dès lors implacable et
terrifiante !
Mon avis :
"Freaks" est une oeuvre totalement
à part...
Bénéficiant d'une modernité sidérante dans sa
manière de réalisation, nul autre film fantastique de l'époque ne parvient à
égaler le génie de Browning, tour à tour merveilleux et réellement effrayant...
La façon dont sont énumérés les plans, les
cadrages, l'exploitation du noir et blanc, du nocturne (notamment lors de la
séquence finale) en font un modèle qui privilégie aussi bien la forme graphique
que le fond scénaristique...
Ce dernier aborde nombre de thématiques peu
diffusées au cinéma d'alors, comme la tolérance, la différence, la tolérance de
la différence et la méchanceté de l'humain avec comme levier la vénalité...
Browning rend attachant "ses"
personnages, arrivant à maintenir une empathie pour ces monstres, les rendant
d'un attachement sidérant et compassionnel, bousculant les normes et explosant
les conventions, il parvient à les rendre "normaux" comme dans un
film lambda...
Ce qui fait la force de "Freaks"
c'est que les "méchants" ne sont pas ceux que l'on pourrait croire et
que derrière cette "laideur" se cache en fait une humanité absolue...
Empreint de passages anthologiques,
"Freaks" aurait très bien pu être un hymne au pacifisme ou à l'anti
racisme, si l'on remplaçait les monstres par des esclaves noirs ou des personnes
dénigrées par le plus grand nombre...
En somme, le film est bel et bien toujours
d'actualité et pourrait aisément se transposer dans bien d'autres situations
contemporaines...
Amplifiant la "solidarité" de
chacun pour ses semblables, "Freaks" va très loin dans l'approche de
la différence, notamment lors de la fin effrayante et glauque, mais nécessaire
pour appuyer le propos et l'intelligence du propos de son réalisateur...
Un véritable choc, aussi bien visuel que
narratif, et que nul spectateur ne pourra oublier, délivrant un message
universel et oecuménique, un coup de maître qui revigora le cinéma fantastique
des années 30 et sans nul doute le cinéma fantastique tout court...
Note : 10/10