MORT A
VENISE
aka Death
in Venice
de Luchino Visconti
Italie
1971
avec Dirk Bogarde, Marisa Berenson
Drame passionnel
125 minutes
Musique de Gustav Malher
Tourné dans les studios Cinecitta
Synopsis :
Venise, 1911, pendant la belle époque...
Gustav
Aschenbach est un musicien pianiste de renommée qui séjourne dans un luxueux
hôtel afin de se ressourcer après un décès dans sa famille...
Il
souffre de problèmes cardiaques et est souvent sujet à des malaises...
Décidant
inopinément de rentrer chez lui, en Suisse, un malheureux concours de
circonstances fait que sa malle est transférée au mauvais endroit...
Mécontent
il décide de retourner à l'hôtel...
Aschenbach
est fasciné par la beauté de Tadzio, un jeune adolescent polonais...
Il
ne s'agit nullement de pédophilie mais d'une idolâtrie liée à une quête de la
perfection inhérente à Gustav...
Bientôt,
les rues de Venise sont nettoyées et décontaminées en vain...
Gustav
apprend la vérité : une épidémie de choléra arrivée par la mer va venir
bouleverser la ville !
Et
si Venise devenait son tombeau ?
Mon avis :
Non seulement la mise en scène de "Mort
à Venise" est phénoménale mais il faut saluer à juste titre la performance
de Dirk Bogarde qui porte le film à bout de bras, habité par un personnage
torturé en proie et à la recherche de la perfection cristalline...
Le personnage du jeune adolescent, éphèbe à
la beauté foudroyante, symbolise pour Gustav l'entité de ses malaises passées
et l'on sent habilement qu'il veut dédouaner ses démons passés via ce jeune
homme, mais qu'il n'arrive jamais à atteindre son but, affronter le décès de sa
fille et retrouver la sérénité, il est victime d'un malheur irréversible et
n'arrive pas/plus à contrôler sa déchéance...
Déclinaison d'un déclin, "Mort à
Venise" subjugue par ses plans séquences et son esthétisme et certaines
images ressemblent à des peintures des plus grands maîtres...
Aucun propos malsain, aucune idée déplacée
mais bel et bien un envoûtement pour un homme brisé et qui a du mal à se
reconstruire, végétant au sein d'une mosaïque inextinguible et où l'issue la
plus convenue ne peut être que funeste, eu égard à un refoulement indicible et
impossible à juguler...
On peut faire un léger parallèle avec
l'aspect psychanalytique produit dans "le Silence des agneaux" par le
fait que Clarice Starling voit en l'arrestation du tueur le silence des cris
des agneaux décimés dans son enfance, par la symbolique de Tadzio, qui, si
Gustav l'abordait et conversait avec lui, enfouirait la souffrance qu'il a vécu
après le décès de sa jeune fille, n'extrapolons pas trop la comparaison mais il
y a tout de même un peu de ça...
Avec "Mort à Venise", on est à
mille lieues du cinéma traditionnel, on atteint l'exceptionnel, le lumineux, le
magique...
Visconti fait survoler par sa caméra le
destin d'un homme abattu par le chagrin et Malher, par ses symphonies, amplifie
la beauté de la mort, la souffrance interne décuplée par l'obsession au travers
d'une vie saccagée par une brisure...
Un classique du cinéma d'auteur italien au
côté dramaturgique d'une intensité hors normes et qui reste encore
bouleversant, même plus de quarante ans après...
Note : 10/10
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