ESCALIER C
de Jean Charles Tacchella
France
1985
Etude de moeurs/comédie dramatique
avec Robin Renucci, Catherine Leprince,
Jacques Bonaffé, Jean Pierre Bacri, Catherine Frot, Fiona Gélin
97 minutes
Synopsis :
Forster Lafond est un critique d'art cynique
et qui ne mâche pas ses mots vis à vis des peintures contemporaines...
Son père est diplomate...
Lors d'un vernissage il fait la connaissance
d'une jeune femme très arriviste qui voit en lui un levier pour sa carrière,
faisant prioritairement une importance sur la vénalité...
Forster vit dans un petit lotissement où des
couples n'arrêtent pas se déchirer, qu'ils soient hétéros ou homosexuels...
Un soir, alors qu'il a du mal à trouver le
sommeil, Forster entend du bruit sur le palier de son appartement...
Ce qu'il va découvrir va radicalement changer
le cours de son existence !
Mon avis :
Film sur la rédemption d'un homme, d'abord
détestable puis empreint de la plus grande humanité, "Escalier C" est
une oeuvre très complexe sur la vie de tous les jours, des déboires engendrés
par des difficultés, qu'elles soient affectives ou pécuniaires...
Le jeu d'acteurs est certes théâtral mais
évoque certaines tragédies antiques tant la qualité et la précision des
compositions est exemplaire, ce n'est pas pour rien que Renucci a été nominé
aux Césars...
Film de SURFACES, que ce soit dans l'espace
géographique du petit lotissement sombre où végètent les protagonistes ou dans
les intérieurs torturés de ces derniers, à mi chemin entre éthylisme,
dépression nerveuse chronique ou mal être...
Il règne une atmosphère lourde et pesante
dans tout cet univers à la fois distant et proche de la réalité...
Le personnage de la vieille dame va entraîner
Forster vers un bouleversement complet de sa manière de percevoir les choses,
le "sauvant" de sa névrose et lui donnant ainsi un BUT, une ECHEANCE
qui lui donne enfin une raison d'exister...
Tacchella arrive à démontrer avec peu de
moyens que l'isolement n'est pas une fatalité et fait s'articuler le côté
artistique avec le côté métaphysique et psychologique pour abonder dans un
catharsis sur la personnalité de Forster, tour à tour méprisable et méprisant
avant de lui inculquer la préciosité de la vie et tout ce qui en découle...
Certes la peinture apporte une omniprésence
graphique dans "Escalier C" mais celà aurait pu être également le
cinéma ou la littérature le prétexte à cette histoire, configurée de main de
maître, qui se révèle être particulièrement fine, posée et intéressante...
L'aspect sexuel féminin est aussi un vecteur
redondant avec comme "proie" un Renucci jouant habilement de son
charme à la fois indécis et difficile...
Malgré le fait qu'il a énormément pris un
coup de vieux (le film est bien daté et rebutera les cinéphiles actuels, ceux
qui n'étaient pas nés avant son tournage), "Escalier C" reste un
magnifique témoignage des productions françaises en matière de cinéma d'auteur
et s'impose, de par sa mise en scène et l'implication des acteurs, comme un
pilier du genre auquel il s'apparente, avec une issue émouvante et d'une humanité
rare...
Note : 9/10
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