URGA
aka
Close to Eden
De
Nikita Mikhalkov
1991
Fable
poétique
Russie
Produit
par Jérôme Seydoux
105
minutes
Synopsis :
Une
province perdue et désertique de la Mongolie, au début des années 90…
Un
couple vit dans une habitation de type yourte avec ses trois enfants…
La
femme n’a qu’une peur, accoucher d’un quatrième…
Un
inconnu, suite à un accident de camion, se voit offrir le gîte et semble impressionné
par la vie familiale…
La
femme du foyer décide de missionner son mari pour aller en ville…
Elle
lui demande de ramener des préservatifs …
Mon
avis :
D’une
portée poétique voire onirique sidérante, « Urga » est sans conteste
un des films les plus atypiques du début des années 90…
Mikhalkov
fait virevolter sa caméra lors de plans séquences d’une justesse et d’une
habileté imparables, transcendant les situations les plus anodines en moments
touchants et intimistes…
Il y
a à la fois un côté rudimentaire et un aspect moderne et sophistiqué dans ce
métrage faisant la part belle aux côtés techniques via des éclairages montant
en puissance et en luminosité…
Axé
sur une trame solide mais simple (la vie des peuplades mongoles de nos jours),
il transperce un décalage saisissant sur le mode de vie rituel de ces derniers,
à contrario des coutumes occidentales centrées sur l’argent ou la réussite
sociale…
Implantés
localement, les mongols ont de quoi vivre aussi bien (voire mieux) que nous,
n’ayant pas cette « pression mentale » qui nous assène et ce côté
surdimensionné de l’avoir sur l’être, ils fonctionnent suivant l’instinct qui
les prédispose à demeurer dans l’existence qui est la leur…
La « virée » dans la métropole
chinoise voisine est souvent cocasse voire caricaturale, un peu comme dans
« Crocodile Dundee » avec cet énorme décalage campagne/ville où tout
parait difficile à lire et transcrire lorsque l’on ne possède pas les codes
inhérents ou bases civilisationnelles pour s’intégrer dans cette course folle,
stressée et stressante, où personne ne prend le temps de s’arrêter ou… de
vivre, tout simplement !
Le
rêve avec l’arrivée de Genghis Khan et tout ce qui en suit, se savoure à un
rythme effréné et donne une sacrée leçon de mise en scène aussi bien au
spectateur qu’aux réalisateurs de tous bords, tant on y sent une maîtrise et un
sens de la dynamique saisissants !
Contrasté
et métaphorique à l’extrême, « Urga » (c’est le nom de la lance/lasso
qui sert de parade amoureuse chez les mongols, ces derniers se pourchassant à
cheval et s’attrapant avant la copulation) finit presque comme il débute avec
une trame identique reprenant les personnages dans la même situation mais
habités par un apaisement évident eu égard aux pérégrinations incorporées le
long du film…
Véritable
pan du cinéma russe, « Urga » est une œuvre magistrale à avoir
visionné impérativement et qui alimente le renouveau de ce genre quelque peu en
déclin…
Note :
10/10
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