LES
TROTTOIRS DE BANGKOK
de Jean
Rollin
France
1984
Avec
Yoko, Jean Pierre Bouyxou, Jean Rollin, Brigitte Borghese, Françoise Blanchard,
Gérard Landry, Jean Claude Benhamou
Espionnage/Erotisme
82
minutes
Edité
en DVD chez LCJ
Synopsis :
Le
Havre et Bangkok, années 80…
Rick,
un agent secret mandaté par les services de l’Etat doit se rendre à Bangkok
pour retrouver une fiole d’un produit bactériologique qui s’avère être une arme
de destruction massive…
Arrivé
sur les lieux il rencontre Eva, une fille du lupanar local tenu par Monsieur
Tong, d’autres agents secrets sont sur le coup dont Claudine…
Rick
est abattu et Eva doit être rapatriée en France, Claudine s’emploie à faire le
rôle de « passeuse » et l’introduit clandestinement sur un bateau à
destination du Havre ( !)…
Poursuivie
par une horde de tueurs et par une brigade canine, Eva est récupérée in
extremis par Rita, la blonde qui a tout manigancé…
Enfermée
dans un château, Eva sera torturée jusqu’à la présence de quelqu’un que l’on
croyait mort : Rick revenu comme par enchantement !
Ce
dernier va pouvoir désormais régler ses comptes…
Mon
avis :
« Les
trottoirs de Bangkok » fait partie d’une des rares incursions hors
fantastique et hors films de vampires de Rollin, soyons nets, le cinéaste est
beaucoup moins à l’aise dans le style espionnage que dans ce à quoi il était
accoutumé et qui avait fait sa marque de fabrique…
Abandonnant
temporairement son thème de prédilection, Rollin trouve toujours le
dénominateur commun de l’érotisme pour pimenter une intrigue faiblarde tournée
avec des moyens financiers faméliques (il est évident que personne n’est allé
en Thaïlande pour les besoins du film, Rollin ayant chapardé des stock shots de
documentaire sur la ville de Bangkok !)…
Les
personnages sonnent souvent faux et les dialogues, comme souvent chez Rollin,
sont débités sans la moindre conviction, exsangues d’une quelconque direction d’acteurs
(Maitre Tong et sa fausse moustache de Fu Manchu de Prisunic, des bagarres
ridicules, un problème technique d’éclairage lors de la scène du bordel et des
danses érotiques qui s’accumulent faisant figure de remplissage !)…
Vers
la seconde moitié, le film parvient à prendre son essor et l’on retrouve le
côté poétique et candide du cinéma rollinien, à la fois touchant et très
sympathique, notamment grâce au personnage d’Eva, incarnée par la charismatique
Yoko (actrice de X vue dans le mémorable « Fruit défendu »),
dégageant un côté femme-enfant qui colle bien à l’innocence de son personnage
et que Rollin parvient à exploiter avec une grande rigueur…
Cette
fuite perpétuelle permet dès lors de rehausser l’ensemble et tonifie par
conséquent le côté espionnage du film, pas évident à cerner au départ ;
les personnages féminins sont très manichéens, soit ce sont des filles
opprimées et humiliées soit de sombres garces dominatrices et perverses
(mention spéciale à Brigitte Borghese dans un rôle pas piqué des hannetons)…
Raté
mais bigrement attachant, « Les trottoirs de Bangkok » insuffle de
multiples nouveautés au cinéma de Jean Rollin, permettant ainsi de le
distinguer de ses œuvres antérieures, les spécialistes cinéphiles de ce
Monsieur devraient trouver aisément trouver leur compte et leur bonheur s’ils
tolèrent son style, extrêmement singulier et particulier…
Il
va de soi que tous les autres, étrangers aux codes de Rollin, passeront leur
chemin…
Bonne
tentative de régénérer son style, « Les trottoirs de Bangkok » est un
métrage à savourer dans sa globalité et où il ne faut pas partir avec des à
priori…
Note :
6.5/10
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