VINYAN
de Fabrice
du Welz
France/Belgique/Grande
Bretagne
2008
Avec
Emmanuelle Béart, Julie Dreyfus, Rufus Sewell, Josse de Pauw, Petr Osathanugrah
99
minutes
Fantastique
atypique
Produit
par Wild Bunch
Blu
ray et DVD édités par Wild side
Synopsis :
Thaïlande,
Phuket, 2005…
Janet
et Paul Belhmer, un couple de jeunes gens richissimes effectue de nombreuses
donations à un organisme humanitaire qui gère des orphelinats locaux…
Leur
fils Joshua a disparu tragiquement lors du tsunami de 2004…
Lors
d’une conférence, un DVD est projeté et Janet croit voir un enfant portant le
même t-shirt rouge « Manchester united » que Joshua…
Devenue
obsédée par l’idée de le retrouver et persuadée qu’il est toujours en vie,
Janet pète un câble et s’engouffre dans les bas-fonds de la ville, décidée à
trouver un « passeur » qui l’emmène aux fins fonds de la forêt
birmane…
D’abord
réticent, Paul accepte de financer cette folle quête et donne un million et
demi à un trafiquant patibulaire aux méthodes peu orthodoxes qui roulera le
couple dans la farine, les baladant dans des coups montés avec d’autres
autochtones…
Pris
de remords et à bout de force, Paul et Janet vont faire une mystérieuse
découverte, hors du temps et de tout ce qu’ils auraient pu imaginer !
Mon
avis :
Les
tentatives de revigorer le cinéma fantastique tricolore, moribond depuis des
lustres, sont plutôt rares donc il faut saluer les performances lorsqu’elles se
présentent, ici avec « Vinyan » tout est configuré pour développer un
aspect totalement INEDIT, que ce soit au niveau scénaristique qu’au niveau du
déroulement et des investigations des protagonistes…
Le
spectateur est lui-même « baladé » comme le couple de jeunes gens
aussi désespéré que déterminé, les paradoxes sont nombreux dans « Vinyan »
mais le tout est orchestré par un Fabrice du Welz qui déploie ses trouvailles,
brisant toutes les normes établies jusqu’à présent…
Les
paysages et les plans sont superbes et se combinent pour se mettre en valeur
mutuellement, ce qui apporte une plus-value au film, déjà envoutant dès l’entame
(le pré générique est monstrueux et onirique, on est scotchés dès le départ et
l’entrée en matière)…
Les
conditions de tournage extrêmes amplifient la difficulté des pérégrinations de
Béart et Sewell, couple à la fois soudé dans l’épreuve et déchiré en interne,
les orages sont réels (pas de synthétique) et la pluie apparaît moins comme salvatrice
et libératrice que destructrice et annihilante…
On
pense à « Apocalypse Now » lors de la découverte du village d’enfants,
les croyances ancestrales décuplent le sentiment de mystère et d’enfermement
mental qui plane lourdement durant tout le métrage, conjuguant la psychopathie
et l’espoir fou d’une femme déchirée par la perte de son enfant…
Fabrice
du Welz parvient à faire capter au spectateur des émotions viscérales mais
reste roublard lors du dénouement, faisant péricliter son postulat pour
entrainer le spectateur dans un spectacle lunaire et horrifique, qui justifie
le classement de « Vinyan » dans la catégorie « fantastique »…
Refusant
l’happy end et optant pour une déstabilisation frontale du public, du Welz a
non seulement bâti sa charpente scénaristique de manière virtuose mais est aussi
parvenu à faire inclure son œuvre dans le pan hexagonal très fermé des OFNIS
(objets filmiques non identifiés) que l’on compte à peu près une ou deux fois
par décennie…
Une
grande réussite !
Note :
10/10
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