2046
de Wong
Kar Wai
2004
Hong
Kong
avec
Tony Leung, Gong Li, Zhang Ziyi, Faye Wong, Maggie Cheung
Drame/Science fiction
129 minutes
Synopsis :
Tout
comme Jean Rollin (même si les deux hommes n’ont aucun rapport ou lien direct),
Wong Kar Wai utilise l’écriture automatique pour concevoir ses films, donc il
est très difficile de résumer l’histoire ou le scénario de 2046, Kar Wai n’ayant
lui-même écrit aucun script pour le réaliser mais a imbriqué les séquences
tournées une fois son film achevé (avec au passage les trois quarts des plans
balancés à la poubelle !)…
En
gros, Chow Mo Wan, un homme embarque dans un train futuriste vers le pays ou l’année
appelée « 2046 » afin d’y retrouver une ou des femmes, ces dernières
se nomment Bai Ling et Su Li Zhen, Su Li Zhen étant deux femmes à la fois mais
à des périodes différentes…
Chow
Mo Wan joue son destin avec des cartes et se fait souvent manipuler par le
charme de ses rencontres, les femmes l’hypnotisent !
Lors
d’un voyage, il rencontre une androïde, Wang Jing wen, et pour finir il croise
une femme vêtues de noir surnommée la Mygale…
Su
Li Zhen semble être le seul et ultime amour de Chow, qui passe d’une époque à l’autre,
d’une sphère à l’autre, le film se déroule sur un siècle entre 1946 et 2046 et
il y est aussi question de politique après la rétrocession de Hong Kong en 1997…
Kar Wai
nous fait naviguer dans un spectacle à la fois sexuel et onirique, qui se
déroule la plupart du temps dans un hôtel…
Quel
sera le but final de Chow et finira t-il par se satisfaire en amour ?
Le
film tente d’apporter quelques éléments de réponse au dilemme de Chow…
Mon
avis :
Wong
Kar Wai a tourné ce « 2046 » avec une approche totalement en free
style, du coup l’œuvre risquera d’en déconcerter plus d’un malgré des qualités
visuelles formellement reconnues mais sur un aspect narratif décousu, ennuyeux
voire carrément opaque…
Les
liens entre les séquences sont cloisonnés avec comme seul repère le personnage
de Chow Mo Wan (Tony Leung, excellent comédien) qui gravite entre plusieurs
femmes, toutes magnifiques, mais on s’y perd un peu, les séquences sont
répétitives et Kar Wai utilise des flashbacks très furtifs avec excès, les
décors de l’hôtel sont sales, ce qui enlève quelque peu la magnificence
attendue, venant d’un metteur en scène de sa trempe…
Le
cinéma de Wong Kar Wai est selon moi très surestimé et la majorité des
critiques de cinéma se paluchent comme des dingues à chaque sortie de ses
films, et pourtant il n’y a souvent pas de quoi casser trois pattes à un
canard, à ce compte- là Kitano est beaucoup plus solide et talentueux, il donne
un cinéma plus simple et plus ample ; Kar Wai oublie cette humilité dans
son cinéma et a tendance à délivrer un cinéma hermétique, profondément
emmerdant, il s’enferme complètement dans son délire et nous cloisonne dans son
style très et trop personnel ; en plus il cadre mal ses personnages au
niveau de la technique, coupant le haut de leur tête en permanence, ce sont les
bémols qui handicapent « 2046 », en plus d’un scénario inexistant
avec une trame hyper schématique…
On
est au début des années deux mille donc les effets de SF fantasy et numériques
passent très mal maintenant, le film parait daté et a pris un énorme coup de
vieux ; « 2046 » s’adresse à une frange de cinéphiles adeptes d’intellectualisme,
il se situe à mi-chemin entre le drame, la science-fiction et le film d’auteur
pur avec un sentiment hautain de la part de Kar Wai, qui rend souvent des
séquences inaccessibles aux yeux de celui qui visionne son film, cela laisse
une impression très spéciale ; « 2046 » y aurait gagné
énormément à être plus ouvert et si Kar Wai s’était lâché vers un cinéma
populaire, apparemment ce n’est pas du tout son objectif, il sait ce qu’il
veut, le fait mais ne se soucie pas du reste ni du comment son film sera perçu
au final, la sensation pour le cinéphile semble mitigée et je ne suis pas aussi
catégorique que les critiques cinématographiques qui crient au génie, je trouve
que le cinéma de Kar Wai n’a pas que des qualités, son hermétisme flagrant le
rend singulier et insolite, mais pas tout le temps dans le bon sens…
La
place des femmes dans « 2046 » est très grande, il y a des passages
de sexualité frénétique, que reprendra une dizaine d’années après le film « Hotel
Singapura » (les similitudes entre ces deux films sont flagrantes) ;
l’aspect science-fiction à la « Blade runner » est placé, quant à
lui, au second plan, Kar Wai se servant du levier fantastique pour accentuer la
détresse du personnage principal qui semble malheureux et en quête de l’amour
et de la plénitude amoureuse, quelques soient les lieux ou les époques où il se
trouve…
« 2046 »
demeure toutefois un film remarquable et fortement intéressant, il dévoile les
caractères du cinéma hongkongais et ses facettes toutes multiples et pourra
plaire aux cinéphiles les plus ouverts…
Il
faut juste se laisser pénétrer par le style Wong Kar Wai et dès les premières
secondes du film, on arrive aisément à voir si on adhère ou non à son « langage »
cinématographique…
« 2046 »
c’est du cinéma quitte ou double, ça passe ou ça casse….
L’intérêt
du film est de nous faire découvrir un style de cinéma très exotique ; il
faut voir au moins une fois un film de Kar Wai pour se faire sa propre idée sur
la méthode qu’il emploie pour réaliser ses œuvres, et surtout, éviter de se
faire parasiter par les avis des uns et des autres qui l’encensent
systématiquement...
« 2046 »
est un film expérience à voir sans à priori, c’est de cette façon que l’on
pourra le savourer.
Note
: 8/10
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