LE
MANOIR DE LA TERREUR
d’Alberto
de Martino
1963
Italie/Espagne
avec
Helga Liné, Gérard Tichy, Ombretta Colli, Leo Anchoriz, Iran Eory
Fantastique
gothique
84
minutes
aka Demoniac
aka
Horror
DVD
édité chez Artus films
Synopsis :
Fin
du dix- neuvième siècle, une région du nord de la France…
Une
diligence traverse la forêt pour se rendre au château de Rodrigue de
Blancheville, à l’intérieur se trouve Emilie, la sœur du châtelain, Alice Taylor,
une de ses amies qui a fait ses études avec elle et un autre homme…
Arrivée
dans le manoir, Emilie constate que le personnel a été modifié, Eléonore, la
nouvelle gouvernante, lui semble antipathique, c’est une brune ténébreuse qui
est peu loquace ; Rodrigue informe Emilie du décès de leur père mais sans
trop s’étendre sur les circonstances de sa mort, il règne dans le manoir un
étrange climat où chacun suspecte l’autre…
Un
soir, Emilie de Blancheville, entend un cri strident et monstrueux qui résonne
jusque dans sa chambre, apeurée, elle monte des escaliers et découvre, dans le
haut d’une tour du château, Eléonore faisant une piqûre à un homme difforme au
visage brûlé et défiguré…
Rodrigue
finit par lui avouer que leur père a finalement survécu à un incendie et qu’il
erre dans les couloirs du château !
Rodrigue
parle d’une prophétie qui dit que lors du vingt et unième anniversaire d’Emilie,
cette dernière doit être tuée !
Son
anniversaire a lieu précisément dans cinq jours…
Le
docteur Lerouge, ne croyant pas un mot de tout cela, décide de veiller sur
Emilie mais hélas d’autres mauvaises surprises attendent les occupants du
manoir et il semble que cette prophétie soit en fait un stratagème
machiavélique qui cache une vérité bien plus terrible !
Mon
avis :
« Le
manoir de la terreur » ( à ne pas confondre avec l’inénarrable film
homonyme de Andrea Bianchi sorti en 1980) sort sur les écrans en 1963 alors que
le genre gothique est déjà copieusement entamé avec les films de Mario Bava (« Le
masque du démon ») ou Riccardo Freda (« L’effroyable secret du
Professeur Hichcock »), on est en plein dans la vague du gothique stylé
transalpin et tous les metteurs en scène s’y ont mis, de Mario Caiano (« Les
amants d’outre- tombe ») à Camillo Mastrocinque (« Un ange pour Satan »),
mais il ne faut émettre aucune réserve ni privilégier untel ou untel, il faut
SAVOURER ce cinéma magnifique qui donne ses lettres de noblesse au genre
gothique, sur une vue européenne, à l’instar de la Hammer films qui le faisait
outre- Manche…
Ce « manoir
de la terreur » est donc une tentative réussie et une œuvre à l’atmosphère
unique, notamment lors de son début, avec cette forêt aux branches glacées par
la pluie et les décors (même si le manoir est évidemment une maquette) sont
flamboyants…
Le
personnage central est celui d’Emilie mais viennent s’y greffer d’autres
protagonistes auxquels on ne sait si on doit accorder la confiance ; les
rebondissements sont de taille, surtout à la dernière demie- heure et le rythme
ne faiblit jamais, le crédit donné au scénario est de plus servi par une
interprétation excellente et exemplaire de la part des comédiens…
De
Martino soigne la tenue de ses plans avec des cadrages filmés de haut, le film
est un quasi huis clos hormis des séquences à l’extérieur notamment dans une
crypte ; le levier scénaristique opère brillamment lorsque nous découvrons
les véritables motivations de Rodrigue et là, ça glace le sang…
L’ensemble
se suit très facilement et nous avons le plaisir de découvrir les recoins du
manoir lors de séquences efficaces et qui mettent bien dans l’ambiance chère au
gothique italien…
Les
trois actrices principales sont belles et envoûtantes et lors de l’escapade
nocturne d’Emilie, on a droit à une vue sur ses jambes par l’intermédiaire de
sa nuisette diaphane, une trouvaille érotisante sans doute voulue par De
Martino, qui pimente son film…
« Le
manoir de la terreur » est un métrage gothique fantastique de très bonne
facture qui, même s’il est moins connu que ses prédécesseurs, n’a rien à leur
envier ; tous les codes du gothique sont respectés à la lettre et je ne
vois pas ce qu’on pourrait trouver à redire sur ce film, à la fois baroque et
épuré, riche et intrigant, glauque et envoûtant…
Une
nouvelle fois, Artus films nous régale avec une édition DVD magnifique et
toujours avec l’illustre Alain Petit aux bonus, qui nous fait comprendre tous
les tenants et aboutissants du film et qui revient sur la carrière d’Alberto de
Martino, nous apprenant des tas d’informations…
« Le
manoir de la terreur » version 1963 contribue à sa manière à mettre une
pierre à l’édifice créé par Bava et Freda et n’a aucunement à rougir par
rapport à ses congénères, Alberto de Martino a signé là une grande réussite du
genre, qu’il convient de visionner sans modération et avec la plus grande
attention…
Un
pur régal !
Note :
9/10
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