vendredi 27 juillet 2018

La tombe de Ligeia de Roger Corman, 1964


LA TOMBE DE LIGEIA
de Roger Corman
Etats-Unis
1964
avec Vincent Price, Elizabeth Shepherd, John Westbrook, Derek Francis
Film fantastique gothique
79 minutes
d’après l’œuvre d’Edgar Poe
aka Tomb of Ligeia
Synopsis :
Une abbaye en Grande-Bretagne, en 1821…
Dans un domaine qui s’étend sur plusieurs kilomètres, Verden Fell enterre son épouse défunte Ligeia, décédée récemment ; il se fait prendre à partie par un ecclésiastique qui l’accuse de blasphème car Verden emploie des termes pour le moins douteux lors de l’enterrement…
Plus tard, Lord Trevanion organise une chasse à courre non loin du domaine de Verden, sa fille, la belle  Rowena Trevanion, y participe ; elle se blesse en chutant d’un cheval et Verden la recueille, il prodigue des soins à la jeune femme…
Verden tombe irrésistiblement amoureux de Rowena et ni une ni deux ils se marient !
Au fil du temps, Verden constate une ressemblance frappante entre Rowena et Ligeia, cet état de fait va le conduire progressivement vers une névrose…
Finalement, Rowena, en voulant récupérer la paire de lunettes de Verden qu’un chat noir a pris, monte des escaliers d’une partie de l’abbaye pour se retrouver dans une salle proche d’un lit où couche la dépouille de Ligeia !
La dépouille n’était en fait qu’un corps empaillé et Ligeia était restée bel et bien au sein de l’abbaye de Verden !
Rowena comprend alors la folie de cet homme qu’elle avait épousé…
Des hommes exhument la tombe de Ligeia et découvrent ce qui corrobore avec la manipulation et la frénésie de Verden Fell…
Quelle sera l’issue de ce piège ?
Le cauchemar se refermera t-il sur Rowena ?
Mon avis :
Réalisateur de génie, Roger Corman a signé des adaptations d’œuvres d’Edgar Poe du début jusqu’au milieu des années soixante, cette « Tombe de Ligeia » est sa meilleure adaptation avec « Le masque de la mort rouge » (toujours avec Vincent Price, sorti la même année en 1964)…
Soyons nets, avec « La tombe de Ligeia », Roger Corman a atteint des sommets dans la picturalité, les décors sont très nombreux et vraiment grandioses, Corman a utilisé des trouvailles fabuleuses et le résultat final est flamboyant…
Chaque pièce, chaque recoin de la demeure est exploité pour donner un rendu gothique qui, n’ayons pas peur de le dire, dépasse même le style bavaien…
Vincent Price, par sa prestance et son charisme, est inoubliable, et la belle Elizabeth Shepherd qui interprète le double rôle de Rowena/Ligeia s’en sort admirablement bien…
Le gimmick du chat noir fonctionne parfaitement et le spectateur est à la fois fasciné et apeuré par l’intrigue du film et par le lot de surprises que le scénario réserve…
Dès l’entame, nous comprenons que nous avons affaire à un film insolite et Corman ne dévie jamais de son propos, il reste fidèle à l’œuvre d’Edgar Poe et l’idée initiale est sublimée par la géniale mise en scène de Corman qui sert avec assurance une succession de plans séquences d’anthologie, utilisant de nombreuses techniques révolutionnaires pour l’époque et que seuls les maitres du septième art connaissaient (les cadrages du haut du plafond, les effets de miroirs, les extérieurs zoomés de façon magistrale)…
On est dans du cinéma gothique fantastique de très haut niveau et qui n’a rien à envier aux films de la Hammer, Corman ne reprend aucun code de la firme britannique mais adapte tranquillement, à son rythme, un fleuron de la littérature fantastique, il déploie toute son énergie et tout son sens de la narration en restant fidèle au style d’Edgar Poe mais en y développant une adaptation très stylisée que tout lecteur et/ou cinéphile féru de son œuvre ne pourra qu’apprécier…
Régal absolu pour les cinéphiles friands de films gothiques des années soixante, « La tombe de Ligeia », outre le fait qu’il soit accessible à tous les publics, permet également de donner une culture à ceux qui ne connaissaient pas, ou peu, Edgar Poe…
La transposition qui est faite par Roger Corman est non seulement fabuleuse au niveau des décors et de l’intrigue mais a, de plus, l’avantage d’être captivante et jamais ennuyeuse ou rébarbative…
Avec « La tombe de Ligeia », Roger Corman signe donc un coup de maitre et un chef d’œuvre qui donne envie de se plonger dans tous ses autres films, adaptations de Poe ou autres…
Le DVD collector sorti dans l’hexagone est, quant à lui, excellent avec une image magnifique et plein cadre, c’est l’idéal pour découvrir ce film…
Que vous soyez féru d’Edgar Poe ou totalement néophyte en la matière, ce n’est pas grave, Corman s’adapte à tout le monde et le plaisir est au rendez-vous donc ne vous en privez pas et ruez- vous sur ce film !
Note : 9.5/10













dimanche 22 juillet 2018

HYENA de Gerard Johnson, 2014


HYENA
de Gerard Johnson
2014
Grande Bretagne
avec Peter Ferdinando, Stephen Graham, Neill Maskell, Elisa Lasowski
Policier
112 minutes
Synopsis :
Londres, années deux mille dix…
Michael Logan est un policier ripou, avec ses collègues Chris, Martin et Keith, ils organisent des descentes musclées chez des dealers et leur cassent la figure, leur volent leurs sachets de cocaïne et s’en servent pour leurs consommations personnelles en organisant des soirées de beuveries avec des prostituées rencontrées à droite à gauche…
David Knight, un soi-disant ami de Logan dirige un gang de mafieux albanais mais Michael ne se doute de rien…
Chris, Martin, Keith et Michael infiltrent un gang de proxénètes, les frères Kabashi, Nikolla et Rezar, de très dangereux dealers albanais et turcs, ces derniers se livrent à un trafic d’êtres humains et contrôlent la quasi-totalité de  la prostitution de la ville...
Après avoir été témoins d’un massacre dans un entrepôt, Michael Logan et ses collègues comprennent que le gang Kabashi va leur donner du fil à retordre…
Logan procède à une arrestation bidon montée de toutes pièces dans un restaurant turc…
Lorsqu’il suit un des gangsters dans sa planque, il manque de se faire alpaguer et se retrouve dans une pièce fortuitement avec Ariana, une jeune femme victime du trafic d’êtres humains et prostituée par les Kabashi !
Logan s’en sort de justesse mais Ariana est prise pour traître par les gangsters !
Logan laisse un téléphone portable traceur et Ariana parvient à la joindre ; la jeune est sur le point d’être tuée par les frères Kabashi !
Logan s’est pris d’affection pour elle et, malgré les énormes difficultés, va tout faire pour la sauver…
Logan comprend enfin le double jeu de David Knight, une lutte à mort s’engage alors !
Mon avis :
« Hyena » est un polar d’outre- Manche particulièrement original, surtout par l’incroyable brutalité qu’il déploie !
Gérard Johnson n’y va pas par quatre chemins et ne s’interdit rien, il s’autorise tous les excès et créé un film à part, moderne, viril, à la violence instantanée et au scénario totalement freestyle ; aussi on a droit à des démembrements, des découpages de corps à la scie à métaux, des pétages de plomb en permanence (fabuleux Peter Ferdinando !) et des scènes sexuées sans compromis (le porc épic qui se tape Ariana après qu’elle ait été droguée par un shoot d’héroïne ! ignoble séquence !)…
Gerard Johnson opte pour un ton franc du collier et ça marche à fond les manettes, l’action est à plein régime, les travellings sur un personnage qui avance de face ou de dos sont pléthoriques afin d’immiscer le spectateur dans l’histoire…
Aucun humour, ça barde méchamment et cette relecture du mythe du policier ripou, outre sa violence incessante, a le don de captiver voire même d’émouvoir (le personnage d’Ariana qui vit une histoire désespérée, Logan qui essaie de l’extirper de l’opprobre dans lequel elle se trouve, les peurs, les soubresauts, les rebondissements… jusqu’à une issue en queue de poisson !)…
Rien n’est laissé au hasard pour stimuler le stress et la torpeur, aussi chez le spectateur que chez les protagonistes où tout part en live à coups de paranoïas permanentes, Gerard Johnson sait y faire pour faire monter la pression et il semblerait qu’il n’y ait aucune issue, ni favorable ni rédemptrice…
Les détails font la force de « Hyena » comme le briquet « Meilleur papa du monde » lors du final avec la vendetta ou cette overdose de cocaïne et d’alcool qui semblent booster Michael et le décupler physiquement au point qu’il assène directement un coup de tête à l’albanais qui fait deux fois son poids !
Les hommes sont vus et montrés comme des brutes de la pire espèce et rien ne parait exagéré tant le jeu des acteurs frôle la perfection…
Coup de maitre et sommet du genre, « Hyena » est à réserver à un public aguerri et fait passer « Les affranchis » pour du Disney et « Scarface » pour une comptine de maternelle…
Très bien réalisé, tonique et rythmé, « Hyena » a le mérite de revigorer le polar britannique et adopte un ton hyper réaliste jamais vu jusqu’alors…
Formidable numéro d’acteurs, « Hyena » ravira les cinéphiles friands d’action moderne et sa brutalité incessante sert de levier pour captiver le spectateur, pris dans un tourbillon de violence qui n’est jamais gratuite mais nécessaire pour appuyer le propos de son réalisateur…
Couronné de prix à divers festivals de films policiers à travers le globe, « Hyena » est une vraie bombe à visionner sans faute, il s’agit d’un des polars les plus inventifs de ces dix dernières années et nul doute qu’il est en passe d’accéder au rang de film culte…
Immanquable !
Note : 9/10












Les derniers Jedi de Rian Johnson, 2017


LES DERNIERS JEDI
de Rian Johnson
2017
Etats-Unis
avec Mark Hamill, Carrie Fisher, Benicio del Toro, Daisy Ridley, John Boyega, Oscar Isaac, Adam Driver, Kelly Marie Tran
Science-fiction
152 minutes
Produit par JJ Abrams
aka The last Jedi
Budget : 200 000 000 dollars
Recettes au box-office mondial : 1 321 000 000 dollars
Synopsis :
Rey a retrouvé Luke Skywalker sur la planète AhCh-to et a compris qu’elle aussi avait les pouvoirs de la « force », Skywalker lui transmet un sabre laser et elle s’entraine au maniement de celui-ci…
Pendant ce temps, le premier ordre veut réduire à néant une base de la résistance avec de gigantesques canons implantés dans l’espace, la bataille fait rage…
Leia Organa contrôle la résistance, Finn, vu dans le précédent opus « Le réveil de la force » fait la connaissance de Rose Tico, une jeune membre de la résistance typée asiatique…
Kylo Ren Ben Solo fils de Han Solo et de Leia et neveu de Skywalker a toujours une emprise malveillante avec le premier ordre…
Les résistants doivent maintenant ramener Luke Slywalker avec eux et Leia Organa, blessée lors d’une explosion est en état végétatif…
Finn et Rose Tico se rendent dans un casino situé aux confins d’une planète inconnue…
Luke Skywalker va être la cible des AT-AT et des engins de mort du premier ordre…
Il livre un combat sans merci mais la Force va l’aider énormément alors que Rey a désormais atteint la maturité et maitrise la force comme une vraie Jedi…
Le film se clôt en nous montrant que d’autres Jedi sont bel et bien sont disséminés aux quatre coins de l’univers et que le combat n’est pas prêt de s’achever…
Mon avis :
« Les derniers Jedi » est la suite directe du « Réveil de la force » sorti deux ans auparavant en 2015, c’est la première fois dans la saga « Star Wars » que deux épisodes se suivent directement dans la continuité de l’histoire, les précédents avaient pour liaison quelques années écoulées…
C’est donc le deuxième film des Star Wars depuis le rachat par les studios Disney et cela se ressent bien ;le film est très bien réalisé et sympathique mais il manque l’étincelle, cette étincelle que nous avions dans les années quatre-vingts avec « L’empire contre-attaque » ou « Le retour du Jedi » ; depuis cette transition passée, le fan de la saga est contraint de s’adapter à ce nouveau style narratif, il manque tout de même la part de rêves initiée par George Lucas et ce culot imaginatif, Rian Johnson n’a pas la densité de ses prédécesseurs et, même si « Les derniers Jedi » n’est pas mauvais, on savoure moins ce film qui souffre d’un scénario archaïque et qui n’arrive pas à se diversifier autant que les précédents de la saga…
On préfèrerait un film tous les quatre ou cinq ans plutôt qu’un tous les deux ans ;  on a l’impression que les scénaristes doivent se dépêcher pour pondre l’histoire, ce qui fait que la saveur est moindre, le film fonctionnant parfaitement pour un public jeune qui n’a pas connu les anciens Star Wars et l’hystérie de l’époque, mais les geeks quadra ou trentenaires seront immanquablement déçus, même en étant hyper ouverts !
Restent de bons et même d’excellents moments comme l’attaque des AT-AT avec le sol qui devient rouge, les passages sur la planète AhCH-to avec des paysages magnifiques qui rappellent « Le seigneur des anneaux », le tout est heureusement bien lisible et les combats entre YWing Fighters et vaisseaux du premier ordre tournent à plein régime et nous en balancent plein les mirettes, du grand spectacle !
Ni raté et ni totalement réussi, « Les derniers Jedi » s’impose comme un renouveau de la saga des Star wars et ça passe ou ça casse, soit on s’habitue à cette nouvelle vision de l’histoire soit on reste bloqués sur les épisodes d’avant et on n’arrive pas à accrocher…
Il faudra donc s’armer de la plus grande ouverture pour apprécier et appréhender « Les derniers Jedi », peut- être faudrait-il le voir en famille pour amplifier le plaisir provoqué et le faire se communiquer, plutôt que de le visionner seul et grognon…
On a quand même un sacré feu d’artifices et reconnaissons-le, il faudrait être particulièrement aigri pour ne pas reconnaître les qualités du film…
« Pour créer, il faut détruire », l’adage se vérifie pleinement ici et c’est à nous de nous adapter au style du tandem Rian Johnson/JJ Abrams, les deux bougres sont en roue libre et produisent un palimpseste du mythe de la saga, ils réécrivent par-dessus ce qui a été créé précédemment, c’est donc un quitte ou double !
L’ensemble est néanmoins bien plaisant donc il serait dommage de bouder son plaisir…
Avec un peu de temps, le geek starwars maniaque finira par apprécier et acceptera ces nouveaux codes, il faut lui laisser le temps d’assimiler « Les derniers Jedi », qui n’est pas si mal que cela en définitive…
Dégommer gratuitement le film sous prétexte que c’est Disney qui produit serait justement contre-productif et n’apporterait rien au schmilblick…
Acceptons donc cette nouvelle vision et ces nouvelles aventures et nous y prendrons énormément de plaisir…
Ne pas rester statique, tout évolue, même la saga des Star Wars !
Encourageons cette prise de position et nous jubilerons au centuple…
Note : 9/10












mardi 17 juillet 2018

Violences à la prison de femmes de Bruno Mattei et Claudio Fragasso, 1982


VIOLENCES A LA PRISON DE FEMMES
de Bruno Mattei et Claudio Fragasso
1982
France/Italie
avec Laura Gemser, Gabriele Tinti, Franca Stoppi, Lorraine de Selle, Ursula Flores, Maria Romano, Jacques Stani
95 minutes
Film grindhouse carcéral
DVD 2K sorti chez Severin films
aka Violence in Women’s prison
aka Pénitencier de femmes
aka Caged women
aka Emanuelle in prison
Synopsis :
Etats-Unis, au début des années quatre-vingts…
Emanuelle, la célèbre journaliste vue dans les précédents opus des « Emanuelle Nera », est une superbe métisse, cette fois ci elle veut décrocher le scoop de sa carrière et, sous le pseudonyme de Laura Kendall, elle s’infiltre dans une prison de haute sécurité pour femmes, en se faisant passer pour une trafiquante de drogue…
A peine arrivée, la belle constate la dureté de l’établissement et notamment l’intransigeance des matonnes et de la directrice, Head Warden ; Emanuelle sympathise avec les autres femmes incarcérées, Consuelo et Kitty, et sa compagne de cellule est une vieille femme qui garde un cafard géant dans un bocal…
Très rapidement, Emanuelle se voit humiliée, on la force à effectuer des tâches ménagères dégradantes ; finalement elle s’énerve et balance un seau d’excréments sur une des gardiennes…
Pour cet affront, Emanuelle est mise au mitard et elle découvre avec horreur des dizaines de gros rats qui vont l’attaquer et la mordre jusqu’au sang !
Le docteur Moran, plutôt gentil et compatissant par rapport aux autres femmes de la direction, soignera les plaies d’Emanuelle…
Head Warden se livre à des jeux saphiques avec Consuelo et Kitty, et ces dernières sont envoyées dans une sablière proche de la prison pour y faire des travaux, comme dans un bagne…
Ayant obtenu tous les éléments pour rédiger un scoop, Emanuelle parviendra t-elle à sortir de cette prison infecte ?
Il semble que le docteur Moran serait un bon allié pour Emanuelle pour une probable évasion…
L’issue de ce cauchemar semble proche !
Mon avis :
Ce n’est pas la première fois que notre cher Bruno Mattei s’attaque au genre carcéral, c’est même une catégorie de prédilection pour lui, aidé par son compère de toujours, Claudio Fragasso ; ici, il booste son film en y incluant l’élément « Nera Emanuelle », en la présence de la sublime Laura Gemser, qui sera malmenée comme pas possible, notamment avec une séquence où elle se fait dévorer par des gros rats (montage assez balaise même si la belle a du payer de sa personne, en tout cas un passage particulièrement atroce, pour les trouillards face aux rongeurs, avancez la scène !)…
On retrouve les habitués des films de Mattei et de grindhouse en général, Gabriele Tinti (mari de Gemser à la ville) et la magnifique Lorraine de Selle (« Wild beasts », « La maison au fond du parc » et même « Emanuelle in America » -non créditée au générique)…
Au niveau du scénario, Mattei donne un rendu efficace avec pourtant pas grand-chose, il « meuble » son film avec beaucoup de séquences de lesbianisme et même carrément sado-maso (de Selle qui frappe avec sa matraque lors des copulations, comme si elle tenait un objet phallique, elle, dominante comme un homme qui semble trouver de la jouissance dans cette pantomime)…
Mattei fait défiler ses séquences avec la folie ambiante qu’on lui connaît (ce n’est pas pour rien qu’il a réalisé « Virus cannibale »), il donne une tension crescendo jusqu’à l’issue et ne ménage pas le spectateur avec des décors cradingues et minimalistes (l’image du DVD Severin films rend bien l’aspect cradingue des intérieurs de la prison)…
Dans l’ensemble, le spectateur passe un bon moment, il faut avoir une touche de déviance et de perversion pour apprécier ce film qui rentre dans la catégorie des films extrêmes, le genre carcéral est boosté encore plus avec Mattei aux commandes…
L’année suivante sera tourné dans la foulée un autre film carcéral du tandem Mattei/Fragasso qui est supérieur à celui-ci, appelé « Women’s prison massacre », plus tonique et intégrant des poursuites en voitures et une mutinerie avec des prisonniers masculins, il bouge beaucoup plus que « Violence à la prison de femmes » qui, lui, se cantonne en quasi huis clos, réduisant ainsi l’action…
C’est toujours un immense plaisir de voir Laura Gemser et ici elle est bien entourée donc il ne faut pas se priver de ce plaisir coupable, certes, mais vraiment jouissif si l’on est cinéphile mordu de grindhouse !
A visionner donc, on en a pour son argent et « Violence à la prison de femmes » est un must du genre carcéral, assez peu expansif  mais heureusement qu’il y avait des réalisateurs pour y rendre honneur…
Note : 8/10












Les expériences érotiques de Frankenstein de Jess Franco, 1973


LES EXPERIENCES EROTIQUES DE FRANKENSTEIN
de Jess Franco
1973
France/Espagne/Portugal
avec Howard Vernon, Anne Libert, Jess Franco, Alberto Dalbes, Dennis Price, Britt Nichols, Daniel White
74 minutes
Fantastique baroque
Blu ray édité chez Artus films
aka La malédiction de Frankenstein
Musique de Vladimir Cosma
Synopsis :
Un village côtier du Portugal, dans un manoir proche de la mer, dans les années soixante-dix…
Le docteur Frankenstein est un savant fou ; avec l’aide de son assistant, Morpho, Frankenstein parvient à greffer un cerveau d’humain sur une créature que l’on suppose un défunt exhumé de son cercueil, la créature est colossale…
Le sorcier Cagliostro, un concurrent jaloux de Frankenstein, mandate une de ses protégées, Melissa, la femme-oiseau qui a la particularité de pousser des cris stridents terribles, pour voler la créature de Frankenstein !
Cette dernière est dérobée et se retrouve dans les sous-sols de la bâtisse où vit Cagliostro, avec Caronte, son allié et Melissa, Cagliostro règne sur une secte appelée Panthos, la horde de morts-vivants est contrôlée par Cagliostro et s’adonne à diverses tortures, notamment sexuelles…
Vera, la fille de Frankenstein, avec l’aide du docteur Seward et de l’inspecteur Tanner, va tout faire pour retrouver la créature, car un grand danger persiste, si celle-ci n’est pas neutralisée, un carnage peut arriver et la science doit avoir la main sur la créature, il est hors de question qu’elle soit contrôlée par ce fou de Cagliostro, qui souhaite effectuer des meurtres à distance avec elle…
Une course contre la montre s’engage alors !
Mon avis :
On est dans la période complètement barrée de Jess Franco, le moins que l’on puisse dire c’est que c’est le foutoir et que tout est baroque à 100% dans « La malédiction de Frankenstein », l’action est débridée et ponctuée de musique stridente et psychédélique, et les personnages sont délirants (la femme oiseau, les zombis de la secte, Morpho –joué par Jess Franco lui-même- et l’impayable Cagliostro joué par Howard Vernon, acteur fétiche de Franco, ici affublé d’un bouc et d’un regard de fou !)…
« Les expériences érotiques de Frankenstein » est un film qui ferait peur à une couvée de singes et qui doit être visionné en s’accrochant aux branches ; Jess Franco adopte un ton très personnel et ne s’embarrasse pas de plaire au plus grand nombre, du coup il faut être hyper surouvert pour voir le film et surtout ne pas en décrocher ; le côté insolite rebutera la majorité et seuls les cinéphiles qui connaissent déjà un peu le style de Jess Franco parviendront à trouver un quelconque intérêt à cette déclinaison allumée du mythe de Frankenstein…
Franco reprend le canevas du mythe des Classics Monsters à sa sauce, il se sert des fondations scénaristiques de « Frankenstein » mais se contrefiche du manque de crédibilité de sa mise en images…
Comme d’habitude, beaucoup de nudité et une imagination débordante dans les sévices infligés aux captifs de Cagliostro (le couple nu fouetté et les piques au sol) ; par contre on ne peut pas enlever à Franco la qualité des décors, tous fabuleux, surtout ce manoir situé au bord d’une plage, cela donne une dimension onirique très impressionnante qui bonifie le film et lui apporte une plus-value indéniable…
Suffisamment rare pour qu’on occulte son intérêt, « Les expériences érotiques de Frankenstein » sort aujourd’hui chez Artus films en, tenez vous bien !, support blu ray !
Il est donc indispensable pour tout cinéphile fanatique de films déviants européens des années soixante- dix de se ruer sur ce blu ray, au rendu d’image magnifique et qui offre une seconde jeunesse au film de Jess Franco, cela tient quasiment du miracle !
A ne louper sous aucun prétexte et, même si c’est loin d’être son meilleur métrage, « Les expériences érotiques de Frankenstein » vous laissera une empreinte indélébile ; pierre angulaire dans la carrière de Franco, ce film se savoure de manière bidimensionnelle, on peut aussi bien le voir en tant que nanar que film fantastique baroque déviant…
Déjanté à l’extrême, le cinéma de Franco est en tout cas hyper sincère, c’est ce qui fait sa marque de fabrique, des films de cette trempe, on en parlait il y a quarante ans et on en reparlera encore pendant des décennies, impossible de l’oublier !
Note : 8/10












dimanche 8 juillet 2018

Le massacre des vampires de Roberto Mauri, 1962


LE MASSACRE DES VAMPIRES
de Roberto Mauri
1962
Italie
avec Luigi Batzella, Walter Brandi, Graziella Granata, Paolo Solvay, Dieter Eppler
Film fantastique
79 minutes
Inédit en DVD en France
aka Slaughter of the vampires
aka Curse of Blood ghouls
aka La strage dei vampiri
Synopsis :
Autriche, un village proche de Vienne, dix- neuvième siècle…
Un couple de vampires qui sévissait dans la région est pourchassé par des villageois lourdement armés, ces derniers parviennent à tuer la femme vampire en lui enfonçant une fourche dans le thorax, le vampire mâle parvient à s’en sortir…
Quelques années plus tard, Louise, une superbe brune, donne une cérémonie avec son mari, Wolfgang, dans un luxueux manoir qu’ils viennent de retaper, ils y ont fait de nombreux travaux et invitent les notables de la bourgade ; un bal est donné…
Un mystérieux homme, inconnu des invités, fait son apparition et propose une danse à Louise ; celle-ci, comme hypnotisée, accepte ; l’homme inconnu n’est autre que le vampire qui terrorise les habitants !
Lorsqu’il s’éclipse après la cérémonie, c’est pour mieux réapparaitre le soir même ; il va vampiriser Louise en lui suçant le sang ; Wolfgang ne se rend compte de rien !
Ce n’est que lorsque Louise tombe gravement malade que Wolfgang fait appel au professeur Nietzsche, basé à Vienne ; sorte de Van Helsing, Nietzsche comprend alors, au vu des symptômes de la maladie de Louise, que celle-ci risque une mort imminente !
Aidé par Wolfgang, Nietzsche s’apprête à chasser le vampire ; hélas, celui-ci fait une autre victime, Corrine la bonne !
Le professeur Nietzsche suit Corrine dans les sous-sols du manoir, elle ouvre un passage secret, Nietzche comprend alors que le vampire est caché dans les caves du château, ce qui lui facilite considérablement la tâche pour effectuer ses funestes forfaits !
Louise, que Wolfgang pensait décédée, réapparait dans les jardins, en pleine nuit !
Lorsque Wolfgang se rapproche d’elle, Nietzsche s’interpose ; il s’agit d’un traquenard, le vampire était juste derrière, caché dans les buissons !
Nietzsche va prendre le problème à bras le corps, il sort une grosse croix en métal et des pieux afin d’éradiquer définitivement cette malédiction !
Mon avis :
Septième film de Roberto Mauri, réalisateur touche à tout du cinéma populaire italien, ce « Massacre des vampires » est un film extrêmement rare, qui sortit au cinéma Le Brady et qui fit l’objet d’un passage  lors d’une rétrospective à la cinémathèque de Paris en 1996, il n’existe aucun DVD avec la version française, qui, pourtant, existe bel et bien !
Techniquement, « Le massacre des vampires » est un régal, Mauri s’applique énormément pour les cadrages et utilise beaucoup de zooms, le film est en noir et blanc et cela le sublime au niveau de l’atmosphère gothique (on est dans les prémices de ce genre, on est seulement en 1962 !) ; au niveau de l’érotisation propre au style, nous sommes particulièrement gâtés et l’actrice Graziella Granata campe sur les traces de Barbara Steele, la poitrine en plus !
Il y a clairement un jeu sexuel entre elle (Louise) et le vampire, Mauri exploite avec talent la relation dominant/dominée et Louise ne peut que succomber à l’attraction de son vampire, elle semble envoutée dès la première seconde qu’elle le voit !
L’idée du professeur Nietzche n’est ni plus ni moins qu’un ersatz du personnage de Van Helsing, incarné dans les films de la Hammer par Peter Cushing ; ici on a une version italienne de Van Helsing et le cigare au bec, Nietzsche va résoudre le problème de Wolfgang de manière efficace (le final a été pompé sur celui du « Cauchemar de Dracula » tourné trois années auparavant !)
Le rythme est très lent mais ce n’est pas plus mal, cela nous permet de savourer les plans, « Le massacre des vampires » est un film mineur mais foncièrement vraiment intéressant, l’esthétique est mise en valeur habilement même si l’histoire est hyper simpliste, Mauri a plus misé sur la forme que sur le fond, ce qui n’empêche nullement au film de regorger de qualités…
Nombre de séquences s’imprègnent dans la mémoire de tout cinéphile et il est urgent de réhabiliter ce film, je suis persuadé qu’Artus films est EXACTEMENT le distributeur qui peut sortir « Le massacre des vampires « en DVD dans l’hexagone, le calibrage du film est tout à fait dans le style d’Artus et il permettra aux nombreux fans de cinéma gothique italien de se régaler en le visionnant !
Extrêmement sympathique, « Le massacre des vampires » doit sa réussite à l’application de son aspect technique, au style contemplatif dont il se dote et au jeu charismatique des comédiens (Dieter Eppler et pour la beauté Graziella Granata)…
Formellement, « Le massacre des vampires » est une des premières pierres angulaires d’un genre qui explosera au milieu des années soixante, il fait partie des premiers films gothiques vampiriques et se doit d’être vu absolument pour se faire une idée globale de ce cinéma…
Les curieux ou même les simples cinéphiles devraient trouver largement leur compte avec ce « Massacre des vampires » qui, de plus, a bien traversé les années ; la dynamique de la réalisation de la part de Mauri et sa fluidité pour tourner les scènes lui confèrent une certaine tonicité, ce qui est paradoxal car l’action est plutôt pépère…
A découvrir absolument et un appel est lancé à Artus films : s’il vous plait, sortez nous ce film…
Note : 9/10
















dimanche 1 juillet 2018

Le dernier samouraï d'Edward Zwick, 2003


LE DERNIER SAMOURAI
d’Edward Zwick
2003
Etats-Unis/Japon/Nouvelle Zélande
avec Tom Cruise, Ken Watanabe, Hiroyuki Sanada, Koyuki Kato, Tony Goldwyn, William Atherton
154 minutes
Film d’aventures/film de guerre
Budget : 140 000 000 dollars
Recettes au box-office mondial : 456 758 981 dollars
Synopsis :
A la fin du dix-neuvième siècle, en 1876, aux Etats-Unis et au Japon…
Le capitaine Nathan Algren, un valeureux soldat est un expert en armes, notamment des fusils Winchester, il a un défaut il est très porté sur l’alcool, notamment le whisky, mais ses compétences ne sont plus à prouver ; c’est pour cette raison que Nathan Algren est mandaté pour entrainer l’armée japonaise, qui fait face à une rébellion des samouraïs très violente ; Nathan Algren part donc pour le Japon et, arrivé sur place, il forme les soldats sur le maniement des fusils, ces derniers n’étant pas à proprement parler de vrais militaires mais des paysans recrutés pour combattre contre les samouraïs, en effet, il y a une pénurie dans les effectifs de l’armée…
Katsumoto, Ujio et Taka, une jeune femme, vont loger Nathan après l’avoir capturé lors d’un combat avec les samouraïs de Satsuma ; Algren est désormais en captivité mais il n’est pas maltraité…
Prenant goût à cette vie, Algren bascule de l’autre côté de son camp et devra combattre contre l’armée de son pays d’origine ; le colonel Bagley, un des frères d’armes de Nathan, est également photographe…
La rébellion des samouraïs de Satsuma bat son plein et leur inventivité les fait commettre un nombre de morts impressionnant du côté de leurs adversaires, ils utilisent des lancers de flèches par centaines mais ils ne parviendront pas à remporter la bataille, ne pouvant rivaliser avec la modernité des armes de leurs ennemis, notamment des mitrailleuses…
Katsumoto est tué mais Algren parvient à survivre à cette bataille dantesque où les morts se comptent par milliers !
L’empereur Omura reçoit alors Algren dans son palais et lui rend grâce de ce qu’il a accompli mais n’accorde plus sa confiance à ses homologues américains…
Nathan Algren, comme envouté par ce qu’il a vécu, restera vivre au Japon…
Mon avis :
Tom Cruise, dont la notoriété et le talent ne sont plus à démontrer, a fait ici preuve de courage puisqu’il a également produit ce film « Le dernier samouraï », gigantesque fresque d’aventures et de guerre qui explore un moment atypique de l’histoire, rarement abordé au septième art, la guerre entre l’armée japonaise et la rébellion des samouraïs au dix- huitième siècle…
Les moyens financiers sont colossaux (140 000 000 dollars de budget) et le rendu est très efficace malgré une première heure un peu mollassonne qui expose et présente les personnages ; le passage de Tom Cruise/Nathan Algren en captivité toute relative (il a de quoi manger et n’est pas torturé) donne un aspect attachant aux personnages japonais (la femme, les jeunes enfants qui font des grimaces) et Tom Cruise est impérial dans son rôle, on sent bien qu’il y a eu une immense préparation de la part de l’acteur…
Mais là où le film devient vraiment intéressant c’est lors des combats aux quarante dernières minutes et ces derniers sont époustouflants et très réalistes !
Les baïonnettes, les mitrailleuses, les flèches lancées par centaines, les canons qui balancent des bombes, les chevaux des samouraïs qui trébuchent et aussi plein de scènes de combat au sabre, la mise en scène effectuée par Edward Zwick est prodigieuse et remarquable, le spectateur est époustouflé !
L’aspect mystique dans le film est omniprésent et Tom Cruise, par la qualité de son jeu, donne de la consistance à son personnage, il ne surjoue jamais mais dose sa composition pour la rendre crédible et ça marche !
Les comédiens japonais sont également impeccables et s’emploient à donner une densité aux protagonistes dont ils ont la charge avec un brio qui force le respect…
Très grand film qui fut un immense succès au box- office, « Le dernier samouraï » nous permet de découvrir une nouvelle facette de Tom Cruise, toujours aussi à l’aise dans ses rôles, et c’est non seulement un film d’aventures exotiques par rapport aux autres mais aussi une fable humaine sur la guerre et ses ravages…
Edward Zwick signe ici un chef d’œuvre qu’il faut visionner jusqu’au bout et ne pas se décontenancer par la première heure, car la suite vaut vraiment le coup d’œil !
Dans les films de guerre/aventures du début des années deux mille, « Le dernier samouraï » s’impose comme une référence…
Note : 8/10














La mariée sanglante de Vicente Aranda, 1972


LA MARIEE SANGLANTE
de Vicente Aranda
1972
Espagne
avec Alexandra Bastedo, Maribel Martin, Simon Andreu, Dean Selmier, Angel Lombarte, Maria Rosa Rodriguez
100 minutes
Film extrême vampirique fantastique
DVD édité chez Artus films
aka La novia ensangrentada
aka The blood spattered bride
Synopsis :
Une ville d’Espagne, au début des années soixante-dix…
Susan est une très jeune femme, elle vient d’épouser un aristocrate qui vit de manière aisée, le couple fête sa lune de miel en sillonnant des endroits luxueux ; arrivée dans un hôtel, Susan a une vision délirante et se voit attaquée puis violée par un inconnu qui se trouvait dans le placard de sa chambre, terrorisée, la jeune femme demande expressément à son mari de trouver un autre endroit pour leurs noces…
Finalement, Susan va loger dans la demeure familiale de son époux, un manoir proche d’une forêt…
Carole, une jeune adolescente, son père et sa mère, seront les hôtes de Susan ; le mari a un comportement étrange, après avoir défloré Susan (qui était vierge), il se montre violent avec elle, il la tire par les cheveux lors d’une ballade et lorsque celle-ci refuse ses avances, il devient très brutal…
Carole, la fillette d’une douzaine d’années, emmène Susan dans la cave du manoir ; c’est ici que sont stockées les peintures des ancêtres de la dynastie familiale, mais curieusement, seuls les portraits féminins restent au sous-sol, les toiles représentant des hommes sont, par contre, exposées au salon…
Susan est fascinée par le portrait de Mircala Karnstein, une des descendantes ; lors d’une promenade sur la plage, le mari de Susan découvre une femme nue enterrée sous le sable qui respire avec un tuba ; il l’extirpe de l’endroit où elle se trouvait et la ramène au manoir ; la jeune femme ne se souvient ni de son nom ni de son adresse !
Elle prétend être Carmila Karnstein et très vite, attire Susan…
Il s’agit en fait d’une succube, d’une vampire qui n’est autre que la descendante de Mircala, on reconnaît ces créatures au port inhabituel de leurs bagues, qu’elles mettent à l’envers…
Carmila et Susan vont d’adonner à des jeux lesbiens et Carmila, très perverse, va expliquer à Susan qu’elle doit tuer son mari avec un poignard car il représente le MAL, celui qui l’a privé de sa liberté, autrement dit de sa virginité…
Devenue totalement possédée, Susan exécute à la lettre les ordres de Carmila…
Un immense carnage va avoir lieu !
Mon avis :
CETTE CRITIQUE CONTIENT UN SPOILER
Tourné en plein pendant la période franquiste, cette « Mariée sanglante » est encore plus culottée si on la replace dans son contexte de la société espagnole et même européenne, c’est tout simplement un des films les plus extrêmes jamais sortis au cinéma dans les années soixante-dix, tout y est osé au plus haut point et il y a même un caractère féministe (la vengeance après la perte de la virginité) qui volera en éclats lors d’un final apocalyptique de folie SPOILER ON  où tout le monde y passe (sauf le mari) SPOILER OFF…
Vicente Aranda délivre une histoire méthodique et sexuée à outrance, et le personnage de Susan a un corps tout juste formé et un physique quasi pubère, tout comme le personnage de Carole qu’Aranda ose mettre dans le même panier que Susan et Carmila lors de l’épilogue ; « La mariée sanglante » est donc un film totalement amoral et immoral qui ne fait preuve d’aucune pitié et qui serait presque répréhensible, impossible à sortir de nos jours, avec des plans ultra déviants mais sublimés par une mise en scène parfaite…
Les décors (que ce soir l’intérieur du manoir ou la forêt où Susan fait des escapades) sont magnifiques, la scène de la volière avec les pigeons est remarquable et le rôle tenu par Simon Andreu, à la fois époux attentionné et monstre à la libido insistante, n’est vraiment pas donné à n’importe quel acteur, il s’en sort parfaitement…
Les passages de flashs cauchemardesques et délirants de Susan déstabilisent considérablement le spectateur qui se retrouve pris dans un étau, à la fois fasciné par la beauté juvénile de Susan et l’ambiance lubrique qui règne tout le long et apeuré par le personnage de Carmila, interprétée par la sublime Alexandra Bastelo…
Cette  relation saphique extrême va se muter en jeu sexuel vampirique entre les deux femmes jusqu’à ce que le mari découvre le pot aux roses et là ça barde grave !
La connotation fantastique se fera par le biais du poignard et des bagues mises à l’envers sur les doigts de la main et même la pauvre Carole (très bon jeu de l’actrice Maria Rosa Rodriguez) y aura droit, mise dans le même panier que les autres femmes alors qu’elle est innocente vu son âge…
Aranda pousse très loin dans le summum de l’immoralité et les cinéphiles fanatiques de déviance, d’insolite seront ravis !
On sent bien le côté « latin » comme pour les giallo italiens, l’Espagne rembarre ses homologues transalpins et prouve qu’elle aussi elle peut taper dans le mille et qu’elle en a tout à fait les capacités ; aussi Aranda ne copie personne et nous sort une œuvre sidérante et incroyable dont il faut bien dix minutes pour se remettre après le visionnage…
Une nouvelle fois, Artus films a superbement assuré en nous proposant ce film dans une édition DVD impeccable, avec une scène alternative dans les bonus ; il manquerait juste un bonus avec Alain Petit comme Artus films a l’habitude de nous proposer, mais ne soyons pas tatillons, l’ensemble est exceptionnel et c’est le moment ou jamais pour découvrir ce film extrême très rare, avec en plus une version française tout à fait honorable…
Tous ceux qui sont friands de films extrêmes ne pourront passer à côté de « La mariée sanglante », dans le genre, c’est un Must have total !
A visionner absolument !
Note : 10/10