COMME
UN AIMANT
de Kamel
Saleh et Akhenaton
2000
France
avec Akhenaton, Titoff, Kamel Saleh,
Houari Djerir, Brahim Aimad
90
minutes
Chronique
de mœurs
Musique
supervisée par Akhenaton
Synopsis :
Marseille,
quartier du panier, dans les années quatre-vingt –dix…
Sauveur,
Cahouette, Santino, Houari et Bra-Bra sont des jeunes qui vivent dans le
quartier, ils ont baissé les bras pour rechercher un travail et passent la majeure
partie de leur temps à siroter des verres au bar du coin ; pour gagner un
peu d’argent, ils se livrent à de multiples trafics en revendant des
magnétoscopes « tombés du camion » ou aussi en escroquant d’autres
gens du quartier…
Vols
de voitures, sorties en discothèques miteuses et engueulades ponctuent leur
quotidien…
Sauveur
se fait virer par son père qui ne supporte plus son oisiveté, il trouve refuge
dans un taudis et sympathise avec une gamine d’origine bosniaque…
Errant
à bord d’une voiture volée, les trois jeunes essayent d’aborder deux superbes
jeunes femmes qui marchaient sur le trottoir… sans succès !
Le
destin ne semble pas sourire à ces jeunes gaillards marseillais, pourtant plein
de ressources… quand il s’agit de faire des conneries !
Deux
d’entre eux parviennent, grâce à l’entremise d’un troisième, à brancher des
filles plutôt bien roulées ; ils arrivent même à se faire inviter chez l’une
d’elles !
Hélas
la rencontre tourne court, un des garçons prétextant qu’une des filles vote
pour le front national !
Santino
se retrouve mêlé à une sombre histoire de trafic avec des mafieux de la pègre
marseillaise ; il doit de l’argent à un gros bonnet, caïd de la ville !
Lorsque
des hommes armés de ce caïd tabassent Santino en pleine rue et cassent la
carrosserie de sa voiture, Sauveur et ses amis, entendant les coups de barre de
fer, déboulent…
Sauveur
se retrouve dans le collimateur de cette pègre…
Lors
d’un énième trafic de téléviseurs, cette fois-ci la police arrête trois des
amis de Sauveur, pris en flagrant délit…
Jusqu’au
jour où tout bascule…
Mon
avis :
Tout
premier film du rappeur de IAM Akhenaton, « Comme un aimant » est
globalement une grande réussite, le film décrit des tranches de vies de jeunes
marseillais désoeuvrés dans les années quatre- vingt-dix, mêlées de trafics
divers et de plans foireux, mais sans une violence disproportionnée comme dans
d’autres films comme « Ma 6-t va cracker » ou « La haine »,
non ici Akhenaton opte plutôt pour un ton réaliste et beaucoup de pudeur, son
cinéma s’apparente un peu à celui d’Abdellatif Kechiche en version marseillaise…
Les
acteurs sonnent tous justes et on se prend d’amitié et de compassion pour ces
jeunes qui ne demandent qu’une chose : être heureux…
Titoff
fait son numéro mais son personnage n’est pas hors de propos et s’intègre bien
au film, Akhenaton est impérial et on sent de sa part une énorme implication,
la musique qu’il a totalement supervisée colle bien à l’esprit d’IAM et
certaines séquences sont filmées caméra sur l’épaule, donnant une sensation de
tonicité et de frénésie en même temps…
« Comme
un aimant » s’est injustement fait démolir par la critique à sa sortie,
avec le recul on y voit un film sincère, posé et juste, aux antipodes des films
de banlieue vus précédemment ; Akhenaton a voulu faire autre chose que ses
prédécesseurs et s’est lancé dans une aventure louable et digne du plus grand
intérêt, nous montrant le quotidien que lui-même il a vécu avec une linéarité
qui force le respect…
Certaines
scènes sont tout à fait réalistes comme les plans drague à deux euros où de
pauvres jeunes femmes sont alpaguées verbalement par les trois lascars en
voiture, mais en même temps, c’est tout à fait ça le quotidien à Marseille…
Pas
de misérabilisme dans le film, mais plutôt une grande insouciance avec ces jeunes
qui picolent tranquillement à la terrasse du café ; la scène où Akhenaton
se fait virer par son père est très intense et Akhenaton se dote d’un jeu d’acteur
insoupçonné, tout comme certaines fulgurances dans le film comme la scène avec
le manège nocturne ou le reflet de la voiture de police dans l’écran du
téléviseur, « Comme un aimant » est un film très bien conçu et pour
un premier métrage, on peut dire qu’il mène la dragée haute à plein d’autres…
Le
sujet était casse-gueule mais dans l’ensemble, Kamel Saleh et Akhenaton ont
globalement réussi leur pari, ils ont su instaurer une ambiance juste avec des
passages réalistes ; « Comme un aimant » est une œuvre sincère
et à voir si l’on s’intéresse au parcours d’Akhenaton, il fait preuve d’une
très grande intelligence, tout comme les albums d’IAM et a voulu transposer sa
musique en film, par conséquent les fans du groupe phocéen adhèreront sans
difficulté au film…
« Comme
un aimant » est un film courageux et atypique dans le cinéma français,
rien que pour ça il faut le voir !
Note :
8/10
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