mardi 13 décembre 2022

VORTEX de Gaspar Noé, 2021

 

VORTEX

de Gaspar Noé

2021

avec Dario Argento, Françoise Lebrun, Alex Lutz

France

135 minutes

Drame/étude de mœurs/chronique sociale

Blu ray édité chez Wild side

Synopsis :

Un couple de personnes âgées vit dans un appartement parisien plein de souvenirs et de livres.

Lui est cinéphile, théoricien et historien du cinéma, et écrit un livre sur la relation entre les rêves et les films.

Elle est psychiatre à la retraite, et atteinte de la maladie d'Alzheimer.

Peu à peu, amoureux et indispensables l'un à l'autre, ils vont sombrer dans la sénilité et vivre leurs derniers jours, tandis que leur fils doit faire face à ses propres démons.

(source : Wikipedia)

Mon avis :

Réalisateur de génie, Gaspar Noé étonne en permanence à chacun de ses nouveaux films ; ici il choisit et aborde un thème très peu exploité au cinéma :la sénilité…

Il embauche Dario Argento, illustre metteur en scène italien, dans le rôle d’un vieillard qui vit avec sa femme, atteinte de la maladie d’Alzheimer ; Noé évite le pathos et se concentre sur une réalisation sobre avec une technique remarquable (le film se déroule en split screen, l’image est coupée en deux et dédoublée) , Gaspar Noé envoie des messages subliminaux anti-police et pro avortement et ses personnages gravitent dans un appartement parisien bordélique à l’agencement délirant, peuplé de livres partout…

Le rythme est très lent (à l’image des deux vieillards quand ils se meuvent) et le film est hyper déprimant, « Vortex » est une œuvre très spéciale que seule une poignée de cinéphiles pourra appréhender et saisir ; le propos est très dramatique et se décline en plusieurs parties : la vieillesse, la maladie, la sénilité et… la mort.

Gaspar Noé rajoute le personnage du fils (remarquable Alex Lutz) mais le film se concentre vraiment sur Dario Argento et Françoise Lebrun ; Argento semble le moins atteint par la maladie alors que la santé mentale de sa femme décline à vitesse grand V !

Cette dernière s’échappe de l’appartement et le pauvre Dario part pour essayer de la retrouver ! La vieille femme était psychanalyste et se prépare ses propres ordonnances pour récupérer ses médicaments à la pharmacie !

La vieillesse est montrée simplement, sans la moindre brutalité, sans cris ni scènes de violences, malgré la démence de la vieille femme…

Dario Argento (82 ans) tient un rôle dirigé de main de maitre par un Gaspar Noé au sommet de son art (il s’est assagi par rapport à ses précédents métrage, il s’est posé et signe ici peut être son plus grand film !)…

L’apparition d’Alex Lutz (le fils) qui se retrouve en détresse financière et la sortie de l’appartement (sinon le film est quasiment un huis clos) pour nous montrer son job (il gère des toxicomanes basés dans le quartier de Stalingrad en leur distribuant des pipes à crack) fait partie intégrante de « Vortex » mais cela ne dure que quelques secondes, tout le reste est axé sur la végétation de Dario et son épouse au sein de leur logement…

Parfois, il y a des pétages de câbles ! la vieille dame laisse le gaz allumé et l’appartement manque d’exploser sans l’intervention in extremis de Dario, ou le passage de la crise de démence lorsqu’elle déchire les manuscrits de son mari et jette tout dans les toilettes !

« Vortex » est carrément une œuvre à part dans le panorama du cinéma, le film fut d’ailleurs un échec financier (il coûta 3 millions d’euros tout de même !) mais en revanche un succès critique qui salua le talent de Gaspar Noé ; ce réalisateur est clairement un marginal et ne fait rien comme les autres, il est en contre-courant total de tous les autres metteurs en scène et se moque des conventions, quand il fait un film, c’est le SIEN, c’est du Gaspar Noé point barre et rien d’autre !

L’issue de « Vortex » est terrible et hyper intense mais Noé évite la mièvrerie, il nous a baladé pendant deux heures vingt sur le quotidien d’un couple de vieillards avec un épilogue dont nous devions bien nous douter (la mort)…

« Vortex » est remarquable, c’est du très haut niveau de cinéma, c’est un film qui n’est pas accessible à tout le monde mais qui vaut vraiment le coup d’œil, même pour la curiosité de voir Dario Argento devant la caméra et il s’en sort impeccablement !

A noter beaucoup moins de musique que dans les précédents films de Noé et une mise en scène vraiment sobre par rapport à « Climax » où ça partait en live sans arrêt, Gaspar Noé nous dévoile une autre facette de son cinéma et de son style !

Le côté très lent du film finalement le sert plutôt bien, créant une sensation extatique et de plénitude pour le spectateur, « bercé » par l’histoire de ce couple d’octogénaires sur le déclin…

« Vortex » est un film marginal sur la vieillesse et la maladie, il faut le voir sans aucun à priori et accepter le propos de Noé, bienveillant et, pour une fois, moins perturbant que d’habitude…

Ceux qui ont eu des grands parents dans la même situation comprendront et seront réceptifs et sensibles à « Vortex », qui rappelle un peu un autre chef d’œuvre « The father »…

Un très beau film, en somme…

Note : 10/10











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