L’AMOUR BRAQUE
De Andrzej Zulawski
France
1985
Drame policier barré
100 minutes
dialogues d’Etienne Roda Gil
avec Francis Huster, Sophie Marceau, Tchéky
Karyo, Christiane Jean, Yann Colette, Ged Marlon
Synopsis :
Dans un maelström insensé, « L’amour
braque » raconte à cent à l’heure l’odyssée d’une bande de malfrats qui
braquent de grandes banques et qui persécutent quiconque essaiera de leur
barrer la route et ce, dans l’anarchie la plus complète !
Le caïd du groupe est fou amoureux de celle
qu’il considère comme son épouse, Marie, en fait une prostituée qui a commencé
à « tapiner » à l’âge de 13 ans !
Une tierce personne va s’immiscer dans ce
cercle, également fou amoureux de Marie, et cherchant par tous les moyens à la
protéger et à la sortir du bourbier dans lequel la belle s’est empêtré…
Ajoutons à ce délire baroque des compositions
théâtrales, des banquets qui finissent mal, une explosion de fusillades et un
Paris souillé et dépossédé de sa tranquillité, une sombre histoire de vengeance
atroce sur la mère de Marie (assassinée, violée, humiliée et immolée
sauvagement) et un climat schizophrène où tout le monde déblatère sans arrêt
des propos le plus souvent incohérents, vous aurez à peu près une idée de ce
qui vous attend avec « L’amour braque » !
Mon avis :
On savait déjà par le passé que Zulawski
(réalisateur de « Possession », de « la Femme Publique » ou
encore de « L’important c’est d’aimer ») aimait les histoires
barrées, mais là, avec « L’amour braque » le paroxysme est largement
atteint voire même explosé !
On a du mal à s’y retrouver dans la première
heure du métrage, tout va très (trop ?) vite, ça part dans tous les sens,
ça n’arrête pas une minute, ça en devient électrisant voire déconcertant pour
tout novice au cinéma de Zulawski qui peut décrocher rapidement et stopper le
visionnage (disons le franchement c’est TRES spécial !)…
Les trois quarts des dialogues sont
incompréhensibles, les comédiens (surtout Sophie Marceau) parlent trop vite et
les répliques sont imbitables…
Mais passée la première heure (et si on a
tenu le coup) le film prend alors un revirement attachant et petit à petit la
mosaïque se construit et… ON COMPREND !
Alors là on se dit que c’est là dedans que
réside l’habileté de Zulawski, qui filme avec une rigueur exemplaire, multipliant
des mouvements de caméra révolutionnaire et des plans ultra travaillés où il ne
faut pas se planter, que ce soit au niveau du jeu d’acteurs, des décors, des
effets d’explosions…
On a l’impression qu’il a tout filmé en un
seul et unique plan que l’équipe technique avait pour ordre de ne pas se
planter, chaque plan est en fait UNIQUE !
La virée dans la cabane des Alpes, les
attentats et guérillas urbaines en plein cœur de Paris, la mort de la mère de
Marion, tout est ancré dans un tourbillon incroyable, d’une tonicité à toute
épreuve et impitoyablement calculé et millimétré…
C’est bien plus dur à mettre en scène que
n’importe quel film lambda !
On peut tirer notre chapeau à Zulawski qui
nous a servis un film hors normes, OVNI total et à l’atypisme indéniable mais
réalisé prudemment et d’une exemplarité brillante !
Note : 10/10
L'un de mes Zulawski préféré. Dialogues épileptiques, l'aventure est vécue par les héros de manière soutenue, bien trop rapide pour les néophytes sans doute qui n'ont rien compris aux propos tenus par Karyo dans la première partie, mais c'est tellement bon, tellement jouissif et surtout, tellement à part... Une merveille.
RépondreSupprimertout à fait ! un film qui part tous azimuts mais ciselé au millimètre, un tour de force cinématographique qui restera unique dans le genre... impossible de l'occulter pour comprendre la démarche de Zulawski
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