LA BANDE A BAADER
D’Uli Edel
Allemagne
2009
Action/Thriller politique
Nominé aux Oscars 2009 du meilleur film
étranger
144 minutes
avec Bruno Ganz
Synopsis :
Le film suit l’itinéraire d’Andreas Baader et
de ses acolytes terroristes anarchistes à tendance politique d’extrême gauche
pendant la période entre 1968 et 1977…
Andreas et Gudrun, l’égérie et femme de
Baader seront rejoints par une poignée de fanatiques aussi illuminés que
déterminés et mettront à feu et à sang l’Allemagne de l’Ouest pendant une décennie !
Orchestrant des attentats, des meurtres
visant de riches industriels, ils seront identifiés comme la RAF (Fraction
Armée Rouge)…
Une journaliste renommée et revendiquant
qu’elle soutient leurs exactions, nommée Ulrike, les rejoindra même, après avoir
découvert douloureusement que son époux la trompait…
De l’arrivée mouvementée de la femme du Shah
d’Iran (objet d’une manifestation sévèrement réprimée et qui fera plusieurs
morts) au suicide des prisonniers dans un QHS aux allures de camp retranché, en
passant par une visite « formatrice » éclair des terroristes en
Jordanie, « La Bande à Baader » retrace, étape par étape, le parcours
de cette véritable odyssée, sanglante et barbare, mais parfaitement organisée
et met en lumière les ramifications et les fanatismes intempestifs que Baader a
pu engendrer, inscrivant dans l’histoire politique allemande une de ses pages
les plus noires…
Mon avis :
Métrage à la mise en scène exemplaire et
dressant une reconstitution fouillée et détaillée, « La Bande à
Baader » ne souffre d’aucun temps mort et tient le spectateur en haleine
du début à la fin…
Mais ce qu’il y a de vraiment bien, c’est
que, pour une fois, le réal ne prend aucun parti pris, il raconte, point
barre !
Prenant ainsi le contrepied de ses homologues
d’outre Atlantique, il ne cède pas à la facilité de glorifier ses personnages
en faisant passer les terroristes pour des héros ou en y saupoudrant un côté
attachant comme pour créer une empathie vis-à-vis d’eux envers le spectateur
(comme l’a fait, dans un registre identique, Oliver Stone dans son
« Natural born killers »), non ici il les décrit presque comme des
bourreaux et non des victimes…
A ce titre, certains passages témoignent de
la pitoyabilité de Baader et de ses amis, notamment les scènes carcérales !
On se rend vite compte que l’on a affaire à
des paumés, aux préceptes qui ne tiennent pas la route et qui iront droit dans
le mur, avec comme issue certaine, soit la mort soit la prison !
Par ce biais, Uli Edel touche une corde
sensible lorsqu’il établit un corollaire entre un establishment bafoué, une
sécurité renforcée à maxima et une inconscience barbare imprégnée de bravoure
inutile et qui ne changera rien de rien aux codes politiques d’un pays tout de
même loin de la décadence que Baader veut bien y voir…
La scène de l’assaut dans le parking
résidentiel est d’ailleurs bien représentative de l’impuissance de Baader face
à la police, un peu comme David contre Goliath, où les deux malfrats
terroristes se font écraser par la horde d’une centaine de policiers !
Baader est intelligent, très intelligent…
Mais il n’a pas la faculté de cerner ses
limites et celles de son « combat », entre guillemets !
Jusqu’au-boutiste à l’extrême, il refusera de
se rendre à l’évidence et rentrera progressivement dans un « déni de
l’inutilité de sa cause »…
Si l’on se projette dans un contexte purement
historique il est à noter que Baader fit des émules en France (« Action
directe » qui assassina le patron de Renault, Georges Besse en 1986) et
que l’on ne peut nier le pouvoir de fascination qu’il a envoyé à une certaine
catégorie de la populace, notamment les classes moyennes ou les plus pauvres…
La révolution est souvent utilisée et
instrumentalisée, or dans « la Bande à Baader » Edel a avant tout et
prioritairement voulu décliner des parcours de façon réaliste dans un contexte
bien précis…
Grande réussite, son film devrait servir
d’exemple et être montré à des délinquants, sa force indéniable et la densité
qualitative de l’interprétation contribuent largement à en faire un modèle du
genre, s’érigeant au top du cinéma politique d’outre Rhin !
Note : 8.5/10
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