LE MASQUE DE LA MORT ROUGE
Aka Mask of red death
De Roger Corman
Etats Unis
1964
avec
Vincent Price, Hazel Court, Jane Asher
d’après Edgar Allan Poe
85 minutes
Fantastique
Synopsis :
Prospero, un riche châtelain s’adonne à des
rites ouvertement sataniques et organise des orgies au sein de sa demeure avec
des invités aussi décadents que soumis à sa cause…
Il fait régner la terreur chez les villageois
en les tuant sans raison apparente, comme bon lui semble, au gré de son humeur
et de sa folie annihilante…
Il kidnappe une très jeune fille nommée
Francesca et envisage d’en faire une de ses muses…
Ce qui n’est pas du goût de Julianna, autre
égérie de Prospero, vivant dans l’enceinte du château…
Lors d’un bal costumé avec tous ses convives,
Prospero va devoir affronter un ennemi inédit et invincible ! : Un
mystérieux individu revêtu tout de rouge et coiffé d’un masque …
Son addiction à la débauche et au satanisme
va dès lors prendre un tournant inexploré et irréversible !
Mon avis :
« Le Masque de la mort rouge » est
une histoire sur la domination et la soumission, sur le bien et le mal, sur la
tentation et la retenue et sur la vie et la mort…
Bourré de métaphores et de paraboles, le
métrage frappe d’abord pour la qualité de ses décors, de ses costumes et de son
interprétation (Price impérial et ultra charismatique porte le film à bout de
bras, habité et envoûté par un rôle de salopard intégral à qui personne ne
résiste !)…
Corman a doté son œuvre d’un véritable soin
pictural et d’une recherche artistique flamboyante, qui se ressent dès le début
du visionnage…
Les couleurs, les ombres, les plans
nocturnes, la densité géographique et l’exploitation de cette dernière dans
l’espace alloué s’avère parfaitement retranscrits et alimente le côté captivant
d’un film qui ne connait aucun temps mort, condensé de ce qui se faisait de
mieux dans le genre, référence évidente à certains métrages de la Hammer…
Un passage de toute beauté lors d’un rêve de
Julianna part en vrille via un rituel satanique onirique percutant qui n’est pas
sans rappeler une cérémonie orgiaque de sacrifice vaudou…
La juvénilité de Francesca (l’actrice Jane
Asher avait juste 18 ans) amplifie et alimente la perversité de Prospero, à la
fois par un côté oedipien et dominant et de surcroit attise la haine que l’on
peut avoir contre cet homme, barbare, inconscient et méprisable…
L’arrivée de la « Mort rouge » (en
fait la peste) va tout faire basculer et permettra un rééquilibrage des
tensions et une vengeance tout à fait bienvenue, renvoyant les pourritures à l’état
de larves, le corps rougi et flétri par une justice imparable qui reprendra ses
droits de façon fulgurante, foudroyant l’assemblée en quelques minutes…
Certains plans séquences furent même repris
dans le « Suspiria » de Dario Argento, treize années plus tard,
notamment dans l’architecture des chambres et l’utilisation des couleurs, sans
cesse variantes, que Corman mis en exergue dans son œuvre et restera dans les
annales, levier accentuant l’originalité et dépoussiérant considérablement les
codes inhérents au genre fantastique des sixties…
Bref, vous l’aurez aisément compris,
« Le Masque de la mort rouge », c’est du tout bon !
Quand originalité se conjugue avec effroi,
l’alchimie s’avère imparable !
A voir absolument !
Note : 9/10
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