samedi 26 janvier 2013

AGUIRRE, LA COLERE DE DIEU de Werner Herzog, 1972


AGUIRRE, LA COLERE DE DIEU

de Werner Herzog

1972

Allemagne

90 minutes

avec Klaus Kinski, Ruy Guerra

Aventures épiques

Synopsis :

Au seizième siècle, en pleine forêt vierge sud américaine, des Conquistadors hispaniques ont capturé des autochtones indiens péruviens qui ne parlent pas leur langue...

Durant un périple ultra casse gueule, ils ont le but illusoire de regagner "l'Eldorado", sorte de contrée où le renouveau serait possible...

Très vite, les radeaux qui leur servent d'embarcations s'échouent dans les rapides du fleuve, incontrôlable et va décimer la quarantaine d'hommes à leur bord...

Des rencontres inopinées avec des cannibales hostiles feront de ce "voyage" un aller simple pour l'enfer où la faim et la mort par épuisement seront légion !

Dans sa folie autoritariste, le sous chef Aguirre perdra sa fille qu'il avait mis de la partie et sa démence dominatrice n'aura d'égale à sa déchéance funeste et inconsciente...

Mon avis :

Dès le début du film, on est tout de suite mis dans l'ambiance...

Et quelle ambiance !

"Aguirre, la colère de Dieu" est peut être le film le plus improbable jamais mis en scène !

Un vrai tour de force, on se demande comment Herzog a pu réaliser ce métrage au vu des conditions géographiques et climatiques (ici, on est en décors naturels, pas de tournage en studio !)...

Flirtant majestueusement entre aventures épiques, drame naturaliste et rapport de forces entre antagonistes tous plus allumés les uns que les autres, le film se suit avec fascination et l'application et le fait de  rendre l'impossible possible saute aux yeux et révèle une persévérance inouïe de la part de l'équipe technique du film...

Il va sans dire que le spectateur est subjugué et se retrouve plongé dans une odyssée aux multiples facettes, mêlant des personnages voulant arriver à leurs fins coûte que coûte, même au prix de sacrifier des vies humaines !

Kinski et ses yeux bleu délavé, avec son regard habité, est extraordinaire et les deux femmes antinomiques qui font partie de l'expédition semblent égarées comme deux brebis qui vont se faire dévorer par des loups dans une bergerie...

Le rapport vie/mort et cette volonté jusqu'auboutiste poussée à maxima d'acquérir le terre promise, l'Eldorado, fait penser à la quête du Graal...

Mâtiné de visions, de mirages (les conquistadors, rongés par la faim et la fatigue croient apercevoir un bateau perché sur un arbre !), "Aguirre, la colère de Dieu" fait preuve d'un onirisme déviant mais n'oublie pas cependant d'être un pur film d'aventures au suspense latent et lancinant...

On se prend de compassion pour ces aventuriers d'un autre âge et, grâce au talent vivace d'Herzog, on aimerait bien qu'ils le trouvent leur satané Eldorado !

Mais la raison a toujours raison de la folie et ce que l'on pensait fin triomphante s'avèrera illusoire et désenchantée !

Le plan aérien final avec tournoiement et déplacement latéral et circulaire de la caméra restera dans les annales du septième art pour un film inoubliable et totalement hors du temps et éloigné des conventions...

Magnifique à tous points de vue, "Aguirre, la colère de Dieu" est un régal !

Note : 10/10






1 commentaire:

  1. Typiquement un film que je me revoie à intervalles réguliers : une claque, une descente dans la folie qui secoue pas mal.

    Et pour la petite histoire, on dit souvent que, sans Aguirre, Coppola n'aurait jamais fait Apocalypse Now...

    RépondreSupprimer