AGUIRRE, LA COLERE DE DIEU
de Werner Herzog
1972
Allemagne
90 minutes
avec Klaus Kinski, Ruy Guerra
Aventures épiques
Synopsis :
Au seizième siècle, en pleine forêt vierge
sud américaine, des Conquistadors hispaniques ont capturé des autochtones
indiens péruviens qui ne parlent pas leur langue...
Durant un périple ultra casse gueule, ils ont
le but illusoire de regagner "l'Eldorado", sorte de contrée où le
renouveau serait possible...
Très vite, les radeaux qui leur servent
d'embarcations s'échouent dans les rapides du fleuve, incontrôlable et va
décimer la quarantaine d'hommes à leur bord...
Des rencontres inopinées avec des cannibales
hostiles feront de ce "voyage" un aller simple pour l'enfer où la
faim et la mort par épuisement seront légion !
Dans sa folie autoritariste, le sous chef
Aguirre perdra sa fille qu'il avait mis de la partie et sa démence dominatrice
n'aura d'égale à sa déchéance funeste et inconsciente...
Mon avis :
Dès le début du film, on est tout de suite
mis dans l'ambiance...
Et quelle ambiance !
"Aguirre, la colère de Dieu" est
peut être le film le plus improbable jamais mis en scène !
Un vrai tour de force, on se demande comment
Herzog a pu réaliser ce métrage au vu des conditions géographiques et
climatiques (ici, on est en décors naturels, pas de tournage en studio !)...
Flirtant majestueusement entre aventures
épiques, drame naturaliste et rapport de forces entre antagonistes tous plus
allumés les uns que les autres, le film se suit avec fascination et
l'application et le fait de rendre
l'impossible possible saute aux yeux et révèle une persévérance inouïe de la
part de l'équipe technique du film...
Il va sans dire que le spectateur est
subjugué et se retrouve plongé dans une odyssée aux multiples facettes, mêlant
des personnages voulant arriver à leurs fins coûte que coûte, même au prix de
sacrifier des vies humaines !
Kinski et ses yeux bleu délavé, avec son
regard habité, est extraordinaire et les deux femmes antinomiques qui font
partie de l'expédition semblent égarées comme deux brebis qui vont se faire
dévorer par des loups dans une bergerie...
Le rapport vie/mort et cette volonté
jusqu'auboutiste poussée à maxima d'acquérir le terre promise, l'Eldorado, fait
penser à la quête du Graal...
Mâtiné de visions, de mirages (les conquistadors,
rongés par la faim et la fatigue croient apercevoir un bateau perché sur un
arbre !), "Aguirre, la colère de Dieu" fait preuve d'un onirisme
déviant mais n'oublie pas cependant d'être un pur film d'aventures au suspense
latent et lancinant...
On se prend de compassion pour ces
aventuriers d'un autre âge et, grâce au talent vivace d'Herzog, on aimerait
bien qu'ils le trouvent leur satané Eldorado !
Mais la raison a toujours raison de la folie
et ce que l'on pensait fin triomphante s'avèrera illusoire et désenchantée !
Le plan aérien final avec tournoiement et
déplacement latéral et circulaire de la caméra restera dans les annales du
septième art pour un film inoubliable et totalement hors du temps et éloigné
des conventions...
Magnifique à tous points de vue,
"Aguirre, la colère de Dieu" est un régal !
Note : 10/10
Typiquement un film que je me revoie à intervalles réguliers : une claque, une descente dans la folie qui secoue pas mal.
RépondreSupprimerEt pour la petite histoire, on dit souvent que, sans Aguirre, Coppola n'aurait jamais fait Apocalypse Now...