samedi 5 janvier 2013

La lame infernale de Massimo Dallamano, 1974





LA LAME INFERNALE

de Massimo Dallamano

Italie

1974

aka La Polizia Chiede aiuto

avec Claudio Cassinelli, Mario Adorf

Giallo

87 minutes

édité chez The Ecstasy of Films

Synopsis :

Une jeune lycéenne d'une quinzaine d'années est retrouvée pendue dans une mansarde...

Elle était dénudée !

L'autopsie révèle qu'elle a eue des relations sexuelles prémortem...

La procureure de la république, en binôme avec un inspecteur chevronné et déterminé, remontera ses investigations jusqu'à mettre en lumière un réseau de prostitution pédophile...

Parallèlement, un mystérieux motard armé d'un hachoir sème la terreur dans la ville et s'en prend exclusivement à tous ceux et celles qui ont, de près ou de loin, un lien avec cette affaire...

Une course contre la montre afin d'endiguer ce carnage est alors engagée ! 

Mon avis :

Dallamano est un des meilleurs réalisateurs de giallo de sa catégorie (remember "Mais qu'avez vous fait à Solange ?"), il contribue à apporter un plus au genre  par l'intelligence de traitement et la rigueur scénaristique...

Et là, au niveau du scénario, ça va très très vite !

En effet, on est plongé dans un labyrinthe, un peu perdu au début mais passé le premier quart d'heure, la mosaïque commence à se reconstituer et dès ce moment on se passionne pour l'intérêt qu'a l'histoire, exerçant même une fascination empathique, on a envie de comprendre, envie que les autorités coincent le meurtrier face à l'atrocité infligée aux adolescentes !

Sachant savamment manier les fausses pistes et les atmosphères anxiogènes comme personne, Dallamano joue avec la multiplicité des équations possibles pour "piéger" le spectateur, le baladant complètement jusqu'à une issue radicalement différente des conventions établies, mais tout à fait plausible !

Ultra machiavélique et de nouveau politiquement incorrect (à l'instar de "Solange"), le bougre y met les coudées franches et ça ne rigole pas, mais alors là pas du tout !

Le spectateur n'a pas le temps de souffler et il ne lui est accordé aucune minute de répit : une succession de meurtres d'une barbarie sidérante adoubée à une solide pression nerveuse qu'ont les enquêteurs, mais aussi le cinéphile, qui reconnaîtra (au passage) moult idées reprises par Dario Argento huit ans plus tard (la pathologie du criminel, sa schizophrénie avec lettres postées à l'appui...) dans son "Ténèbres"...

Certains fragments du métrage relèvent même de l'anthologie (la poursuite jusqu'à la voie de train, la traque dans le parking, l'agression dans l'hôpital, l'engueulade de la mère à cause de la plaquette de pilules...)...

Le fait qu'il s'agisse de filles à peine sorties de la puberté et sensées s'être juste débarrassées de leur virginité renforce le côté pervers des sadiques du réseau de prostitution, la scène du magnétophone fait froid dans le dos et sert de tremplin vers la barbarie affichée, témoignage de l'horreur et du délitement sociétal (thème récurrent chez Dallamano) qui gangrène une société popperisée et dépravée au plus haut sommet (des notables figurent parmi les assassins)...

Le seul défaut du film (il convient tout de même de le signaler) est un monumental faux raccord dans la scène de la clinique, lorsque le motard arrive il fait nuit et dès qu'il s'échappe, on est en plein jour !

Autrement, "La lame infernale" est un excellent film policier, bien rythmé et très efficace, maintenant sans arrêt une tension imparable et assez angoissante si l'on est pas habitué à ce type de cinéma...

Saluons le travail exceptionnel de Christophe Cosyns et The Ecstasy of Films pour la qualité de l'image du DVD et le rendu de la modernisation de l'oeuvre, qui s'offre ici une seconde jeunesse !

C'est si rare comme prise de risques que ça a le mérite d'être encouragé...

Note : 10/10
 
 
 

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