LA LAME INFERNALE
de
Massimo Dallamano
Italie
1974
aka
La Polizia Chiede aiuto
avec
Claudio Cassinelli, Mario Adorf
Giallo
87
minutes
édité chez The Ecstasy of Films
Synopsis
:
Une
jeune lycéenne d'une quinzaine d'années est retrouvée pendue dans une mansarde...
Elle
était dénudée !
L'autopsie
révèle qu'elle a eue des relations sexuelles prémortem...
La
procureure de la république, en binôme avec un inspecteur chevronné et
déterminé, remontera ses investigations jusqu'à mettre en lumière un réseau de
prostitution pédophile...
Parallèlement,
un mystérieux motard armé d'un hachoir sème la terreur dans la ville et s'en
prend exclusivement à tous ceux et celles qui ont, de près ou de loin, un lien
avec cette affaire...
Une
course contre la montre afin d'endiguer ce carnage est alors engagée !
Mon
avis :
Dallamano
est un des meilleurs réalisateurs de giallo de sa catégorie (remember
"Mais qu'avez vous fait à Solange ?"), il contribue à apporter un
plus au genre par l'intelligence de
traitement et la rigueur scénaristique...
Et
là, au niveau du scénario, ça va très très vite !
En
effet, on est plongé dans un labyrinthe, un peu perdu au début mais passé le
premier quart d'heure, la mosaïque commence à se reconstituer et dès ce moment
on se passionne pour l'intérêt qu'a l'histoire, exerçant même une fascination
empathique, on a envie de comprendre, envie que les autorités coincent le
meurtrier face à l'atrocité infligée aux adolescentes !
Sachant savamment
manier les fausses pistes et les atmosphères anxiogènes comme personne,
Dallamano joue avec la multiplicité des équations possibles pour
"piéger" le spectateur, le baladant complètement jusqu'à une issue
radicalement différente des conventions établies, mais tout à fait plausible !
Ultra
machiavélique et de nouveau politiquement incorrect (à l'instar de
"Solange"), le bougre y met les coudées franches et ça ne rigole pas,
mais alors là pas du tout !
Le
spectateur n'a pas le temps de souffler et il ne lui est accordé aucune minute
de répit : une succession de meurtres d'une barbarie sidérante adoubée à une
solide pression nerveuse qu'ont les enquêteurs, mais aussi le cinéphile, qui
reconnaîtra (au passage) moult idées reprises par Dario Argento huit ans plus
tard (la pathologie du criminel, sa schizophrénie avec lettres postées à
l'appui...) dans son "Ténèbres"...
Certains
fragments du métrage relèvent même de l'anthologie (la poursuite jusqu'à la
voie de train, la traque dans le parking, l'agression dans l'hôpital,
l'engueulade de la mère à cause de la plaquette de pilules...)...
Le
fait qu'il s'agisse de filles à peine sorties de la puberté et sensées s'être
juste débarrassées de leur virginité renforce le côté pervers des sadiques du
réseau de prostitution, la scène du magnétophone fait froid dans le dos et sert
de tremplin vers la barbarie affichée, témoignage de l'horreur et du délitement
sociétal (thème récurrent chez Dallamano) qui gangrène une société popperisée
et dépravée au plus haut sommet (des notables figurent parmi les assassins)...
Le
seul défaut du film (il convient tout de même de le signaler) est un monumental
faux raccord dans la scène de la clinique, lorsque le motard arrive il fait
nuit et dès qu'il s'échappe, on est en plein jour !
Autrement,
"La lame infernale" est un excellent film policier, bien rythmé et
très efficace, maintenant sans arrêt une tension imparable et assez angoissante
si l'on est pas habitué à ce type de cinéma...
Saluons
le travail exceptionnel de Christophe Cosyns et The Ecstasy of Films pour la
qualité de l'image du DVD et le rendu de la modernisation de l'oeuvre, qui
s'offre ici une seconde jeunesse !
C'est
si rare comme prise de risques que ça a le mérite d'être encouragé...
Note
: 10/10
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