L'ODEUR DE LA PAPAYE VERTE
de Tran Anh Hung
Vietnam/France
1992
97 minutes
Chronique de moeurs intimiste
Synopsis :
Vietnam, Saïgon, entre 1951 et le début des
années 60...
Myu, une jeune fille, se fait embaucher comme
servante et bonne à tout faire dans une riche famille qui vit du négoce de
machines à coudre...
Elle s'acclimate tant bien que mal assez
rapidement à sa nouvelle existence et s'acquitte de ses tâches du mieux qu'elle
le peut...
Un mouflet, fils de la patronne de Myu, lui
fait sans cesse des misères, la pourrissant dans son travail par des actes
débiles et enfantins, mais ses gamineries semblent rendre Myu mutique et, par
peur d'être licenciée, elle n'en rendra nullement compte à sa hiérarchie...
Sa "tutrice" lui apprend les
techniques de préparations des différents plats afin qu'elle devienne une
cuisinière hors pair...
Dix années s'écoulent...
Myu est devenue une femme (très jolie, de
surcroît), elle va tomber amoureuse d'un pianiste et s'initier aux codes de
l'amour...
Mon avis :
Financé avec des fonds français (notamment la
banque GAN), "L'odeur de la papaye verte" est un film qui ne
ressemble à aucun autre...
Véritable plongée dans un univers atypique,
mêlant naturalisme, aspect culinaire et sentimentalisme exacerbé, "L'odeur
de la papaye verte" s'appréhende de façon linéaire, au fil de l'eau, et
s'avère être un des métrages les plus olfactifs de tous les temps...
Les cinq sens sont, dès lors, mis à
contribution pour acquiescer l'oeuvre de Tran Anh Hung et le spectateur, grâce
au talent et à la mise en scène ciselée, parvient à se projeter facilement dans
les images qu'il voit...
Hypra sensitif, "L'odeur de la papaye
verte" excite les sens, les fait vivre, bien au delà de la banalité
quotidienne et ce "jeu" s'intègre parfaitement avec les situations
vécues par les personnages...
Par moments, certains passages donnent même
faim, plutôt étonnant pour un film, tant la nourriture est un élément
omniprésent dans l'histoire, Tran Anh Hung, n'hésitant pas à nous gratifier de
moult gros plans d'aliments en train de cuire, comme pour impliquer le
spectateur, comme si, lui aussi, allait manger, côte à côte des convives : il
nous invite à sa table !
L'approche technique et la manière de filmer
ce qui se passe est également extrêmement travaillée et élaborée tout en
n'étant jamais ennuyeux, Tran Nah Hung arrive à trouver le juste milieu entre
le contemplatif et le narratif, il dose son contenu scénaristique de main de
maître pour, au final, obtenir un résultat bluffant et une sensation de bien
être aussi bien pour la jeune fille que pour nous, simples spectateurs...
Récompensé pour sa qualité et son côté
"magique", "L'odeur de la papaye verte" est une offrande
aussi exotique qu'inattendu dans le paysage cinématographique des années 90 et
qui renoue avec le côté naturaliste de films comme "Dersou Ouzala" de
Kurosowa avec une dimension atmosphérique plus prononcée et des thématiques
très intéressantes...
A visionner au moins une fois, ne serait ce
que pour la beauté de certains plans...
Note : 8.5/10
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