samedi 12 janvier 2013

L'odeur de la papaye verte de Tran Anh Hung, 1992


L'ODEUR DE LA PAPAYE VERTE

de Tran Anh Hung

Vietnam/France

1992

97 minutes

Chronique de moeurs intimiste

Synopsis :

Vietnam, Saïgon, entre 1951 et le début des années 60...

Myu, une jeune fille, se fait embaucher comme servante et bonne à tout faire dans une riche famille qui vit du négoce de machines à coudre...

Elle s'acclimate tant bien que mal assez rapidement à sa nouvelle existence et s'acquitte de ses tâches du mieux qu'elle le peut...

Un mouflet, fils de la patronne de Myu, lui fait sans cesse des misères, la pourrissant dans son travail par des actes débiles et enfantins, mais ses gamineries semblent rendre Myu mutique et, par peur d'être licenciée, elle n'en rendra nullement compte à sa hiérarchie...

Sa "tutrice" lui apprend les techniques de préparations des différents plats afin qu'elle devienne une cuisinière hors pair...

Dix années s'écoulent...

Myu est devenue une femme (très jolie, de surcroît), elle va tomber amoureuse d'un pianiste et s'initier aux codes de l'amour...

Mon avis :

Financé avec des fonds français (notamment la banque GAN), "L'odeur de la papaye verte" est un film qui ne ressemble à aucun autre...

Véritable plongée dans un univers atypique, mêlant naturalisme, aspect culinaire et sentimentalisme exacerbé, "L'odeur de la papaye verte" s'appréhende de façon linéaire, au fil de l'eau, et s'avère être un des métrages les plus olfactifs de tous les temps...

Les cinq sens sont, dès lors, mis à contribution pour acquiescer l'oeuvre de Tran Anh Hung et le spectateur, grâce au talent et à la mise en scène ciselée, parvient à se projeter facilement dans les images qu'il voit...

Hypra sensitif, "L'odeur de la papaye verte" excite les sens, les fait vivre, bien au delà de la banalité quotidienne et ce "jeu" s'intègre parfaitement avec les situations vécues par les personnages...

Par moments, certains passages donnent même faim, plutôt étonnant pour un film, tant la nourriture est un élément omniprésent dans l'histoire, Tran Anh Hung, n'hésitant pas à nous gratifier de moult gros plans d'aliments en train de cuire, comme pour impliquer le spectateur, comme si, lui aussi, allait manger, côte à côte des convives : il nous invite à sa table !

L'approche technique et la manière de filmer ce qui se passe est également extrêmement travaillée et élaborée tout en n'étant jamais ennuyeux, Tran Nah Hung arrive à trouver le juste milieu entre le contemplatif et le narratif, il dose son contenu scénaristique de main de maître pour, au final, obtenir un résultat bluffant et une sensation de bien être aussi bien pour la jeune fille que pour nous, simples spectateurs...

Récompensé pour sa qualité et son côté "magique", "L'odeur de la papaye verte" est une offrande aussi exotique qu'inattendu dans le paysage cinématographique des années 90 et qui renoue avec le côté naturaliste de films comme "Dersou Ouzala" de Kurosowa avec une dimension atmosphérique plus prononcée et des thématiques très intéressantes...

A visionner au moins une fois, ne serait ce que pour la beauté de certains plans...

Note : 8.5/10

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