Genèse d’un livre
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Quels sont les éléments qui motivent ou peuvent justifier
la création d’un livre ? Nous avons demandé à Louis Chaput, alias Martin
Jammes, de nous éclairer sur cette démarche.
La Galipote :
Tout d’abord pourquoi ce pseudonyme ? Vous êtes né à Manzat, donc Auvergnat, une région
où votre patro-nyme est courant. Que viennent alors faire Martin et
Jammes ?
L.C :
Chaput ne me plait guère. La résultante des quolibets à l’école, sans doute. J’ai
préféré prendre, comme prénom, le nom de jeune fille de ma grand-mère
maternelle et celui du village des Jammes (ou James) comme nom. C’est un choix
affectif.
La Galipote :
Bien ! Alors, pour votre premier ouvrage : Mathias Contretemps de guerre, quel est le déclencheur ?
L.C : Au
siècle dernier, à la fin des années 80, au cœur du Médoc, ma compagne et moi
avons lié connaissance avec un couple allemand. Nos bungalows étant voisins,
une sympathie est née spontanément à la suite de saluts matinaux. Invités chez
eux, aucun ne parlant la langue de l’autre, nous avons réussi à nous comprendre
assez vite à l’aide d’un dictionnaire franco-allemand mais surtout grâce aux
Margaux, Saint-Julien, Pauillac et autres crus médocains. Echange de séjours,
ils ont même accueilli ma plus jeune fille durant les vacances scolaires afin
qu’elle puisse préparer sa licence d’allemand. À leur générosité s’ajoute une
culture qui nous rapproche, un humour que nous aimons et des qualités humaines qui
ont affermi notre amitié. Lors d’une soirée chez eux, où un couple ami était
présent, la discussion dériva sur un héritage de culpabilité laissé par des pères
qui durent combattre après leur mobilisation dans la Wehrmacht. Ma réaction fut
de vouloir les aider à mettre un terme à ce désagrément en prônant la réconciliation.
C’est cet entretien qui est à l’origine de mon livre. « La réconciliation »
était d’ailleurs le titre que j’envisageai au départ. Et puis, devenu esclave
de mon jeune héros, son prénom et les « Contretemps » dont il fut victime
ou témoin, ont fini par prévaloir…
La
Galipote : « Les tours
du destins » votre second livre, où sont ses origines ?
L.C : C’est une réaction solidaire face à une
révolte. Au milieu des années quatre-vingt-dix, je n’ai pas noté la date, lors
d’une randonnée dans les Pyrénées espagnoles, aragonaises pour être précis, le
sentier contournait un petit village perché à douze ou treize cents mètres
d’altitude. Sept ou huit mini fermes, lopins de terre peu rentables, élevage
réduit, on était loin de la campagne privilégiée. Le plus étonnant, et tout à
fait inattendu dans ce coin paumé, se trouvait à l’entrée du village. Sur un
immense panneau blanc, tendu entre deux mâts, était écrit, en gros caractères :
NO a la línea alta tensión (Non à la ligne à haute tension !). De voir que
ces paysans avaient affiché leur rejet sur une telle surface m’a d’abord fait
sourire. Et ce n’est qu’après, au retour de ce circuit et en repassant devant
ce panneau que le besoin de partager cette rébellion à fait son chemin dans ma
tête. Comme beaucoup de concitoyens je connaissais l’existence de ces lignes à
très haute tension avec les pays voisins mais là, s’agissant d’un nouveau
projet, en plein milieu des Hautes Pyrénées, il fallait qu’à ma façon je
participe. Ce livre a été qualifié de roman « écolo ». et j’en suis plutôt
fier.
La galipote :
Vient ensuite « La dent de la
rancune ». Le besoin de
mordre en est-il le moteur ?
L.C : On
peut dire ça ! Autobiographique à 90 % j’ai un peu modifié certaines
situations, par exemple ma rencontre avec un mamba. Il n’était pas noir mais
vert. À noter toutefois que la dangerosité de ce reptile, vif comme l’éclair,
est la même. Par discrétion vis-à-vis de personnes encore vivantes, qui ont
peut-être lu ou pourraient lire l’ouvrage, j’ai aussi rectifié le tir… d’autant
plus facilement que mon rôle n’était pas très reluisant…
La
Galipote : En ce cas, mieux vaut passer au quatrième bouquin : « La palme d’or pour
Oscar » ! Le déclic ?
L.C. :
Là il n’y en a pas ! L’histoire d’un gamin abandonné dès sa naissance par
sa mère est un sujet que je mijotais depuis longtemps. Inconsciemment
peut-être, je me sentais impliqué bien que ce ne fut qu’une constante
indifférence de la part de la mienne quant à mon existence. Bref, imaginer tout
ce qui peut arriver à un nouveau-né retrouvé devant la porte d’entrée d’un
bâtiment de l’Assistance Publique me fascinait. Qui va le ramasser ? Que
va-t-il en faire ? Que deviendra cette vie si on ne fait rien pour
l’empêcher de s’éteindre ? Tout est possible à commencer par la poubelle.
J’ai donc recueilli Oscar et s’il a fini par mériter la palme d’or ce n’est pas
en faisant du cinéma mais en se coltinant le bon et le mauvais que tout
individu rencontre inévitablement dans son existence. Assembler la récompense
au prénom m’a paru idéal comme titre…
La
Galipote : Le cinquième enfin,
« Une vie suspendue », où avez-vous trouvé l’inspiration ?
L.C. :
En regardant pour la quatrième fois le film de Nino Manfredi : Miracle
à l’italienne. Raconter la vie d’un ami se trouvant dans un coma dont
on ne sait s’il sortira m’a subitement intéressé. Je suis donc parti avec cette
situation et l’imaginaire a fait le reste. Bien sûr dans ce roman, comme dans
tous les autres d’ailleurs, l’auteur que je suis « étant » tous les personnages, il y a forcément des tranches de
mon vécu qui s’intègrent dans le récit. Ma nature, ma culture, mes convictions,
mes goûts, mes obsessions transparaissent de façon récurrentes même si le sujet
traité dans chacun de ces cinq ouvrage est totalement différent. Voilà comment
ça se passe dans ma tête ! Le besoin d’écrire vient ensuite… c’est aussi
simple que ça …
La
Galipote : Un sixième ouvrage en cours de fabrication ?
L.C. :
Oui, Je m’étends actuellement sur des Nouvelles Auvergnates… deux ou trois,
je ne sais pas encore.
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