LA CLEPSYDRE
de Wojciech Has
Pologne
1973
avec Jan Nowicki, Tadeusz Kondrat
119 minutes
Fantastique
Prix du jury au Festival de Cannes 1973
Synopsis :
Josef, un homme d'une quarantaine d'années,
doit rendre visite à son père, Jacob qui se trouve dans un sanatorium...
L'endroit est perdu, délabré et à la limite
de l'insalubrité...
A son arrivée, Josef est accueilli par une
superbe infirmière qui donne son corps au médecin chef...
Le même médecin chef tient un discours pour
le moins ambigu à Josef lui expliquant que son père est mort mais pas tout à
fait...
Comme pour le principe de la clepsydre, le
temps peut changer, modifier les événements que l'on rencontre tout le long de
notre vie, et c'est ce qui se passe avec le père de Josef !
Josef va se retrouver embringué dans un long
et périlleux voyage, un peu comme une quête initiatique, où il sera mêlé à
diverses situations, passant par des moyens parallèles, d'un point à un
autre...
Il revoit par visions intermittentes son père
ou d'autres personnes et passe d'un endroit au suivant par l'intermédiaire du
dessous d'un lit ou d'une galerie de pantins automates...
Il se retrouvera à l'issue du périple de
nouveau dans le sanatorium et rendra compte de tout ce qui lui est arrivé au
médecin chef et à Jacob...
Mon avis :
Ovni phare du cinéma polonais peu prolixe
quand il s'agit de cinéma fantastique, "La clepsydre" est un long
dédale filmique, très hermétique, qui pourra rebuter le spectateur lambda par
sa lenteur contemplative et ses effets extrêmement singuliers et rébarbatifs...
A mi chemin entre le cauchemar sur pellicule
et l'onirisme pur, le métrage déploie un esthétisme très travaillé via des
mouvements de caméra fluides et toniques...
On ne comprend pas bien ce en face de quoi
nous sommes...
Il faut se laisser transporter (tout comme le
personnage principal) dans un long portnawak subconscient et sacrément
glauque...
Une touche d'érotisme bizarre apporte encore
plus au côté insolite de l'oeuvre et les couleurs mises en exergue tout le long
ne sont pas sans rappeler un Mario Bava ou un Fellini...
Ces connaissances narratives peuvent être
parfois victimes de leurs limites car elles sont très denses et peu faciles à
identifier et assimiler, reste un jeu d'acteurs un peu théâtral mais honnête et
des sursauts scénaristiques foudroyants (la scène des chevaux, l'introduction
dans la taverne, la prostituée rousse hystérique et le tout début du film avec
l'hirondelle qui vole en surplace)...
"La clepsydre" c'est tout un
univers, tout un rêve retranscrit en deux heures et qui a le mérite de son
originalité et de la façon dont sa perception s'établit et se connecte avec le
spectateur et son inconscient, c'est du cinéma d'auteur à 100 % et du jamais vu
pour l'époque !
Le jury cannois ne s'y est d'ailleurs pas
trompé puisqu'il a accordé son prix à Has en 1973, tout à fait mérité eu égard
au talent certain de ce réalisateur hors normes et loin des conventions
établies dans les codes du septième art...
"La clepsydre" a une approche si
ésotérique qu'il pourra déconcerter...
Les cinéphiles les plus sur ouverts, quant à
eux, se régaleront devant une maestria de couleurs et sur une histoire insolite
peut être mais jamais sotte...
A découvrir !
Note : 9/10
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