UN SINGE EN HIVER
d'Henri Verneuil
France
1961
avec Jean Gabin, Jean Paul Belmondo, Suzanne
Flon, Paul Frankeur, Noël Roquevert
Comédie dramatique
Dialogues de Michel Audiard
Assistants réalisateurs : Costa Gavras,
Claude Pinoteau
99 minutes
Synopsis :
Bourgade de Tigreville, Normandie, durant
l'occupation allemande...
Albert Quentin, un hôtelier a pour habitude
de fréquenter un lupanar/salon de thé où il boit à outrance avec un de ses
congénères...
Un soir, lors d'un terrible bombardement,
réfugié dans les sous sols d'une cave avec son épouse, Suzanne, il lui jure que
s'il sort vivant de la guerre, il ne touchera plus jamais à la boisson !
Quelques années s'écoulent et la rue
"Maréchal Pétain" est rebaptisée rue "Général de Gaulle",
Albert a substitué des bonbons à l'alcool et a tenu parole : il ne consomme
plus une goutte de ce breuvage dont il fut addict durant des décennies...
Arrive un soir un jeune homme, Gabriel
Fouquet, venu chercher sa fille, Marie, pensionnaire d'un établissement proche
de la ville...
Buveur invétéré, Gabriel fait escale dans
l'hôtel de Quentin...
Y voyant un "signe", Albert,
d'abord réticent, ne pourra que reprendre sa consommation d'alcool, entraîné
par la fougue de Gabriel...
Mon avis :
Film hors d'âge, film à textes, truculent à
souhait et servi par des comédiens en roue libre, "Un singe en hiver"
reste un témoignage miraculeux d'un certain cinéma "vieille France"
démultiplié par le talent d'un Verneuil en état de grâce...
Gabin donne la réplique à Belmondo pour des
dialogues anthologiques concoctés par un Audiard au firmament de son style...
Ce qui n'empêche nullement la technique et la
narration du métrage d'être poussées sur un niveau maximal, summum de
l'aboutissement de Verneuil en matière de créativité (la vue en hauteur des
deux bonshommes quittant le bar au début du film, les explosions très réalistes
et reconstituées avec un travail d'orfèvre lors du bombardement, la dimension
atmosphérique des feux d'artifices savamment exploitée servant de levier à
l'engouement de la population et rendant les deux personnes principaux
sympathiques aux yeux du spectateur...).
Bourré (c'est le cas de le dire) de multiples
références, "Un singe en hiver" regorge d'éléments qui retiennent
l'attention comme le phénoménal Landru incarné par un Noël Roquevert au mieux
de sa forme, doté d'un tempérament à tout épreuve, et la séquence de
"corrida avec les voitures" même si totalement délirante et
improbable, restera gravé comme une lumière dans un moment magique et
surréel...
Il y a un aspect poétique sur les thématiques
de l'alcoolisme et de l'amitié, ces deux éléments allant souvent de pair, l'une
entraînant l'autre et inversement...
Se savourant comme une vieille bouteille
exhumée des tréfonds d'une bonne cave, "Un singe en hiver" est avant
tout l'histoire de deux hommes au destin parallèle qui finissent par se
rejoindre pour former l'unité d'une relation allant au delà de toute logique,
mais convergeant sur un terrain commun : l'amour de la boisson avec tout ce que
cela implique...
Le final, à la fois rédempteur et touchant,
laissera alors un souvenir indélébile et démontrera l'intelligence du propos de
Verneuil, qui fit, une nouvelle fois, preuve de son indéniable originalité...
Fabuleux et presque envoûtant, "Un singe
en hiver" est un classique qui explore bien des situations communes pour
son époque et plutôt rares voire effacées de nos jours, l'alcool n'ayant pas
cette figure mais plutôt engendrant la violence et les bagarres, ce qui apporte
une dimension sociétale au film ...
Note : 10/10
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