LES DAMNES
The Damned
de Luchino Visconti
Italie
1969
avec Helmut Berger, Dirk Bogarde, Ingrid
Thulin, Charlotte Rampling, Florinda Bolkan, Al Cliver (figurant)
Guerre/Film historique
150 minutes
Synopsis :
Allemagne profonde, juste avant le conflit de
la seconde guerre mondiale...
Joachim, un riche industriel sexagénaire qui
dirige une des plus grandes entreprises d'acier d'outre Rhin, convie sa famille
pour un repas d'anniversaire dans sa demeure cossue...
Il y a les deux nièces, à peine âgées d'une
dizaine d'années, son fils Martin, Sophie, son épouse, toute sa belle famille
et un nouveau venu Frederich...
Alors que débute le repas, une nouvelle
terrible est annoncée : le bâtiment du Reichstag a été incendié !
Sur fond de divisions entre les diverses strates
du nazisme, le repas dégénère et les convives sont attaqués par une branche de
la Wehrmacht qui fait irruption au sein de la maisonnée...
La fameuse " nuit des longs
couteaux" se prépare...
Un bain de sang s'amorce !
Quelle en sera l'issue ?
Mon avis :
Comme à son habitude, l'immense réalisateur
Luchino Visconti signe ici avec "Les damnés" un nouveau coup d'éclat,
un nouveau coup de maître...
Maîtrisé du début à la fin aussi bien au
niveau technique (il suffit de regarder les omniprésents effets de surexposition
avec les miroirs pour s'en rendre compte) qu'au niveau de la direction
d'acteurs (Helmut Berger, dont c'est ici le premier rôle, crève l'écran) et une
reconstitution minutieuse dans les décors de l'époque, avec une montée toute en
finesse et en progression de tension...
Le personnage de Martin, éphèbe travesti et
également pédophile, parvient à amplifier la décadence d'un métrage distant des
codes du cinéma classique, comme souvent chez Visconti, qui fait preuve
d'outrance mais d'une outrance totalement calculée, un peu comme si le
spectateur était convié à suivre l'itinéraire d'une famille sur le déclin, en
plein délitement...
Toxique et envoûtant en même temps, "Les
damnés" se déroule en apesanteur, un peu comme dans un rêve éveillé et les
plans défilent de façon fluide mettant en exergue un réalisme appuyé et
revendiqué, auquel on adhère sans pour autant être en malaise, Visconti a ce
don de faire glisser son spectateur un peu comme dans un tourbillon, un
maelström de finesse et de raffinement...
L'assaut contre les S.A. fêtards collent des
frissons et fait se dresser les poils du dos, c'est un véritable carnage, un
peu difficile à regarder, mais désamorcé par une mise en scène presque lyrique
sur une méthodologie aboutie de narration...
Exemple d'atypisme dans le panorama du film
de guerre, "Les damnés", grâce à un rythme soutenu et une densité
foisonnante de galerie de personnages, reste un exemple de haut niveau au
septième art et se doit d'être visionné par tout cinéphile qui voudrait capter l'essence
du cinéma de Visconti et comprendre sa démarche/vision de la réalisation...
Incontournable !
Note :
9.5/10
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