LA FEMME DU SABLE
aka La femme des sables
aka La femme des dunes
aka Suna no onna
d'Hiroshi Teshigahara
Japon
1964
avec Eiji OKada, Kyoko Kishida, Hiroko Ito
écrit par Kobo Abe
Film atypique et inclassable
Prix du jury Festival de Cannes 1964
123 minutes
Synopsis :
Japon, dans les années 60...
Un homme d'une trentaine d'années,
spécialiste des insectes, sillonne un désert aride en quête de nouveaux
spécimens afin de les étudier...
Il va se faire entraîner dans un immense
creux qui se trouve entre deux dunes et sera accueilli par une femme qui y
vit...
Cette dernière lui offre un repas et lui
explique qu'elle a perdu son mari et ses enfants suite à une tempête de sable
qui les a ensevelis...
Une fois tout ceci conclu, l'homme croit
pouvoir regagner son endroit initial et quitter la femme...
Essayant de gravir la côte de la dune, il n'y
parvient pas !
Le voilà prisonnier !
Mon avis :
Attention ! Film inclassable et hyper
hermétique que cette "Femme des sables" !
Mais il suffira, avec une once de bonne
volonté, de se laisser porter et envoûter dans ce "voyage" (le terme
est exactement approprié) empli d'ésotérisme et au graphisme irradiant...
Les thématiques sont nombreuses (le mythe de
Sisyphe, l'emprisonnement/enfermement, la quête -initiatique- de compréhension,
les corps qui se collent, la peau qui entre en contact avec une autre peau, la
manipulation mentale et psychique, la sensualité atteignant les extrêmes...) et
Teshigahara exploite et explore les dimensions organiques de son histoire sans
la moindre fausse note, appuyée par une démarche scénaristique imparable et
jusqu'au-boutiste...
Au début un "piège délicieux" qui
va se muter en "prison dorée" pour atteindre un cauchemar
impénétrable d'où l'on ne semble plus retrouver ses repères ni l'issue ni les
repères menant à cette issue...
On frôle le génie dans la réalisation et
Teshigahara utilise et emploie moult métaphores pour appuyer son propos,
parvenant à amplifier l'inaccessibilité d'une oeuvre fermée, inaccessible pour
le spectateur comme la sortie pour le personnage principal !
A noter une musique cauchemardesque et
effrayante, des comédiens "habités" par leurs rôles, un sens technique
sublime (les gros plans alternent avec les cadrages filmés de hauteur) et un
rebondissement de taille qui nous attend lors de l'épilogue, "La femme des
sables " est une plongée dans un univers improbable mais magnifié par une
qualité formelle de traitement et de mise en condition pour le spectateur qui,
dès l'entame du métrage, se voit plongé dans un film à la fois déboussolant
mais maîtrisé à la perfection...
Un immense témoignage du cinéma japonais à
découvrir sans plus tarder (il existe en DVD et ravira les fanatiques de cinéma
d'auteur)...
Note : 9.5/10
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