LA
SOURCE
d'Ingmar
Bergman
Suède
1960
avec
Max Von Sydow, Birgitta Pettersson, Gunnel Lindblom, Birgitta Valberg
89
minutes
Rape
and revenge métaphysique
Oscar
du meilleur film étranger 1961
Edité
en blu ray chez studiocanal
Synopsis
:
Karin,
jeune femme à peine sortie de l'adolescence, vit avec son père Töre, sa mère et
sa soeur adoptive Ingeri, enceinte et considérée comme fille volage, ce qui
fait qu'elle doit s'acquitter de toutes les tâches ménagères et ingrates, elle
est comme "répudiée" au sein de la famille...
Karin
doit aller porter des cierges à la paroisse du village, située à quelques
kilomètres...
Elle
doit traverser une forêt dense, à cheval...
Alpaguée
par deux bergers malveillants, Karin est violée sauvagement et tuée d'un coup
de gourdin asséné sur le crâne !
La
neige et le froid arrivent et les deux bergers, transis, demandent refuge et
hospitalité dans une bâtisse...
C'est
la maison de Töre !
Dès
que la mère se rend compte qu'il s'agit des vêtements de sa fille qu'essaient
de lui vendre les deux bergers, un déchaînement de violence va s'emparer d'elle
et de Töre !
Mon
avis :
Douze
années auparavant, "La source" préfigure la même trame scénaristique
imparable que "La dernière maison sur la gauche" de Wes Craven avec
un côté métaphysique en plus, et le même gimmick du collier appartenant à la
jeune victime remplacé ici par des vêtements...
Tout
est magnifique dans ce film qui hantera la mémoire du spectateur très longtemps
après visionnage, multipliant les passages subliminaux (la fumée qui s'échappe
de la lucarne du toit de la bâtisse, les apparitions récurrentes du corbeau
-synonyme de la mort-, la grenouille enfermée dans le pain, la neige qui tombe,
le gamin terrorisé aux yeux psychotiques)...
Bergman
a ce don d'intégrer de la fluidité dans son récit, il se détache du cinéma
conventionnel pour accoucher d'une oeuvre hypra maîtrisée, rugueuse et
fantasmatique, proche du cinéma de Kurosawa (beaucoup le comparent au maître
japonais), cette façon d'enchaîner les plans, cette grâce dans la mise en scène
et ce souffle porté par le jeu des acteurs configurent et paramètrent un cinéma
de très haut niveau ne ressemblant à aucun autre...
Karin
symbolisant l'innocence, la pureté va être souillée par les "hommes
démons", renvoyant des métaphores sur la religion (par ailleurs
copieusement égratignée dans le film) et la vengeance salvatrice de Töre
(extraordinaire Max Von Sydow !) sera moins une libération qu'un poids lourd à
porter (lors d'une pantomime, Töre invoque le dieu Odin de lui pardonner ses
actes !)...
Karin
pensait partir retrouver Dieu, elle trouvera la mort !
Le
rapport ambigu entre Karin et Ingeri, personnages ambivalents éloignés l'une de
l'autre, et le fait qu'Ingeri assiste au viol et "laisse faire"
renverra à la fois à la perversité et au sentiment de post culpabilité...
La
scène de la "vengeance" barde sec et rien n'est épargné ni au
spectateur ni aux bergers coupables, face à la montagne qu'est Töre, avant tout
guerrier et père implacable intraitable si l'on a le malheur de toucher à sa fille
!
Le
final est poignant lorsque la famille retourne sur les lieux du drame et
retrouve le corps sans vie de Karin, faisant s'échapper une source d'eau du
sol, allégorie d'une résurrection ou d'une purification pour Ingeri qui se
passe de l'eau abondamment sur le visage...
Aux
frontières du film fantastique et du drame naturaliste et doté de passages
aussi mémorables qu'esthétiquement parfaits, "la Source" est un réel
chef d'oeuvre que tout cinéphile se doit d'avoir vu absolument !
Note
: 10/10
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