samedi 5 avril 2014

La résidence de Narciso Ibanez Serrador, 1969

LA RESIDENCE
de Narciso Ibanez Serrador
Espagne
1969
avec Lilli Palmer, Christina Galbo
95 minutes
Fantastique envoûtant et ténébreux/film de demeures
Synopsis :
Une ville du sud de la France...
Thérèse, une jeune fille de 18 ans qui a perdu son père et dont la mère travaille dans un cabaret à Avignon, le Tivoli, est introduite par un ami de sa mère, et sur la demande de cette dernière, dans un pensionnat qui fait figure de maison de redressement...
Elle doit y apprendre la couture, la cuisine et diverses autres activités...
A peine arrivée sur place, elle constate une atmosphère tendue et bizarre et un mystérieux personnage voyeur qui reluque les corps des lycéennes, caché derrière de faux murs...
La tenancière de l'établissement s'avère autoritaire à l'extrême et n'hésite pas à châtier les récalcitrantes à son diktat par des coups de fouets et des remontrances diverses...
Un meurtre à l'arme blanche se produit !
Que cache donc cette "résidence" et qui sont les malfaiteurs qui y sévissent ?
Mon avis :
Pour beaucoup "La résidence" fait figure emblématique d'influence majeure pour Argento de son "Suspiria" tourné 8 années plus tard, cette référence est bel et bien justifiée et Serrador emprunte même certaines codifications du cinéma gothique italien (notamment le plan rapide du personnage derrière la fenêtre comme dans "Opération peur" de Bava ou les extérieurs nocturnes qui ne sont pas sans évoquer moult productions transalpines des années 60/70)...
Mais Serrador est très malin et va plus loin que ça, ne se contentant pas de resservir un énième giallo comme ceux qui florissaient à l'époque, il parvient, avec très peu de moyens -que ce soit géographique, la totalité du film est tourné dans les bâtiments de la résidence- ou financiers -le film a un très petit budget- à instaurer un climat de terreur avec trois fois rien et apporte une plus value indéniable grâce au jeu vénéneux des actrices, auxquelles ni Thérèse ni le spectateur ne peuvent/doivent faire confiance...
C'est cette atmosphère rapidement étouffante et claustrophobique qui va déchaîner l'horreur, servant ainsi de levier pour des crimes hypra stylisés et bluffants, même si numériquement réduits (on en compte seulement deux !)...
Il y a également un érotisme glauque sous jacent et prégnant puisque les trois quarts des pensionnaires sont des dépravées sexuelles ne pensant qu'à une seule chose, la venue des hommes dans la résidence et Serrador nous gratifie même d'une séquence paroxystique lors d'une copulation hors champs avec une métaphore sur une pelote de laine manipulée intempestivement et une aiguille de couture qui rentre son chas dans un fil !
Quant à l'ultime révélation, je vous avoue que j'ai été terrorisé !
Les dix dernières minutes du film sont vraiment foudroyantes et mettent très mal à l'aise, comme peu de métrages arriv(ai)ent à distiller la frénésie psychopathique (à l'instar du "Psychose" d'Hitchcock que je catalogue dans la même catégorie !)...
Le seul regret que l'on peut émettre ne vient pas du film mais de la piteuse qualité du DVD René Chateau qui dénature considérablement l'oeuvre avec une copie dégueulasse pan and scannée de tous les côtés (haut et bas, droite et gauche) qui flingue littéralement le plaisir pour savourer ce film !
Autrement, c'est du très bon cinéma, certes daté et peut être vieux jeu, mais franchement étonnant et plastiquement remarquable !

Note : 9/10






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