LA RESIDENCE
de Narciso Ibanez Serrador
Espagne
1969
avec Lilli Palmer, Christina Galbo
95 minutes
Fantastique envoûtant et ténébreux/film de
demeures
Synopsis :
Une ville du sud de la France...
Thérèse, une jeune fille de 18 ans qui a
perdu son père et dont la mère travaille dans un cabaret à Avignon, le Tivoli,
est introduite par un ami de sa mère, et sur la demande de cette dernière, dans
un pensionnat qui fait figure de maison de redressement...
Elle doit y apprendre la couture, la cuisine
et diverses autres activités...
A peine arrivée sur place, elle constate une
atmosphère tendue et bizarre et un mystérieux personnage voyeur qui reluque les
corps des lycéennes, caché derrière de faux murs...
La tenancière de l'établissement s'avère
autoritaire à l'extrême et n'hésite pas à châtier les récalcitrantes à son
diktat par des coups de fouets et des remontrances diverses...
Un meurtre à l'arme blanche se produit !
Que cache donc cette "résidence" et
qui sont les malfaiteurs qui y sévissent ?
Mon avis :
Pour beaucoup "La résidence" fait
figure emblématique d'influence majeure pour Argento de son
"Suspiria" tourné 8 années plus tard, cette référence est bel et bien
justifiée et Serrador emprunte même certaines codifications du cinéma gothique
italien (notamment le plan rapide du personnage derrière la fenêtre comme dans
"Opération peur" de Bava ou les extérieurs nocturnes qui ne sont pas
sans évoquer moult productions transalpines des années 60/70)...
Mais Serrador est très malin et va plus loin
que ça, ne se contentant pas de resservir un énième giallo comme ceux qui
florissaient à l'époque, il parvient, avec très peu de moyens -que ce soit
géographique, la totalité du film est tourné dans les bâtiments de la
résidence- ou financiers -le film a un très petit budget- à instaurer un climat
de terreur avec trois fois rien et apporte une plus value indéniable grâce au
jeu vénéneux des actrices, auxquelles ni Thérèse ni le spectateur ne
peuvent/doivent faire confiance...
C'est cette atmosphère rapidement étouffante
et claustrophobique qui va déchaîner l'horreur, servant ainsi de levier pour
des crimes hypra stylisés et bluffants, même si numériquement réduits (on en
compte seulement deux !)...
Il y a également un érotisme glauque sous
jacent et prégnant puisque les trois quarts des pensionnaires sont des
dépravées sexuelles ne pensant qu'à une seule chose, la venue des hommes dans
la résidence et Serrador nous gratifie même d'une séquence paroxystique lors
d'une copulation hors champs avec une métaphore sur une pelote de laine
manipulée intempestivement et une aiguille de couture qui rentre son chas dans
un fil !
Quant à l'ultime révélation, je vous avoue
que j'ai été terrorisé !
Les dix dernières minutes du film sont
vraiment foudroyantes et mettent très mal à l'aise, comme peu de métrages
arriv(ai)ent à distiller la frénésie psychopathique (à l'instar du
"Psychose" d'Hitchcock que je catalogue dans la même catégorie !)...
Le seul regret que l'on peut émettre ne vient
pas du film mais de la piteuse qualité du DVD René Chateau qui dénature
considérablement l'oeuvre avec une copie dégueulasse pan and scannée de tous
les côtés (haut et bas, droite et gauche) qui flingue littéralement le plaisir
pour savourer ce film !
Autrement, c'est du très bon cinéma, certes
daté et peut être vieux jeu, mais franchement étonnant et plastiquement
remarquable !
Note : 9/10
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