samedi 28 février 2015

THE RAID de Gareth Evans, 2011

THE RAID
de Gareth Evans
Indonésie
2011
avec Iko Uwais, Joe Taslim, Yayan Ruhian, Ray Sahetapy, Doni Alamsyah
Actioner couillu
100 minutes
Synopsis :
Ville de Jakarta, années 2010...
Une unité de la SWAT locale est mandatée pour infiltrer une tour où se trouvent de dangereux trafiquants dont un qui est baron de la pègre de la métropole, la quasi totalité des policiers est novice, seul celui qui coordonne la mission est expérimenté...
A peine arrivés dans l'immeuble, les forces de l'ordre sont tués par dizaines !
Seul un d'entre eux réussit à s'infiltrer au vingt cinquième étage et parvient à neutraliser le gourou caïd de la drogue mais un piège se referme sur lui : les autorités judiciaires n'étaient pas informés de cette mission !
Par le biais de caméras de surveillance, les bandits contrôlent tout et sont de mèches avec des flics corrompus avec lesquels ils ont passé un marché : le silence sur le trafic en échange de fortes sommes d'argent !
Après une lutte acharnée et sanguinaire seul l'un des SWAT pourra s'en sortir et connaître la vérité...
Mon avis :
"The raid" premier du nom est un modèle absolu du film d'action immersif où le spectateur n'a aucune minute de répit, le rythme est endiablé, les scènes de combat soutenues de manière lisible et bluffante et la pression poussée au maxima...
Certes l'aspect dimensionnel est réduit voire réducteur car tout se passe dans les couloirs et les logements d'une tour, ce qui provoque parfois des répétitions de plans, on a l'impression de revoir certaines séquences malgré la rapidité incroyable avec laquelle l'enchaînement des scènes a été produit par Gareth Evans, virtuose de la technique...
Trouvailles inventives qui pullulent, fusillades et coups de "pif paf" comme s'il en pleuvait mais en même temps un soin tout particulier a été accordé à la psychologie des personnages, nous les rendant crédibles et attachants (Iko Uwais va être père dans quelques mois)...
Le piège se referme comme la toile d'une araignée sur sa (ses) proies et l'indicible cruauté du dealer en chef n'a d'égale que la bestialité de ses actes et la barbarie avec laquelle il met en place ses noirs desseins !
Tout est calculé pour mettre le spectateur en état de transe ou mal à l'aise (les exécutions sommaires, l'hypocrisie des occupants de l'immeuble) et rarement le mot "survie" n'a eu autant d'impact scénaristique dans un film que dans celui ci...
Mais c'est dans sa suite, "The raid 2" que les comédiens parviennent à trouver leur essor et par la même occasion Gareth Evans, car plus riche, plus foisonnante en rebondissements et dotée de plus de personnages, on a l'impression que "The raid" est juste une entrée en matière, un amuse gueule qui sert d'entame au deuxième opus...
Quoiqu'il en soit, niveau technique et sens de la dynamique, "The raid" commet un sans faute et érige une nouvelle fois le cinéma indonésien au rang de piédestal de son cousin, le cinéma asiatique...
Jubilatoire, très violent et hypra rentre dedans, "The raid" est à savourer avec délectation pour les amateurs friands d'actioners jusqu'auboutistes, enchevêtrés dans un climat proche de la claustrophobie, sévèrement mis en forme et d'une qualité redoutable...
Une petite bombe !

Note : 10/10





Don de Scotland Yard de Victor Vicas, 1976

DON DE SCOTLAND YARD
Episode de la série "Les brigades du tigre"
de Victor Vicas
avec Edward Meeks, Philippe Brigaud, Jean Claude Bouillon, François Maistre, Pierre Maguelon, Jean Paul Tribout
1976
Policier
55 minutes
Synopsis :
Alors qu'on le croyait mort et enterré, un escroc nommé Tommy Bennett réapparaît !
Les brigades mobiles sont sur les dents et doivent assurer la protection d'un châtelain joaillier, le marquis de Barempré, les commis de l'assurance se partagent la garde avec Terrasson et Pujol...
Bennett parvient à déjouer leur attention et endort l'assistance avec un gaz, ce qui lui permet de rafler tout le butin !
Essayant de trouver un stratagème, Valentin invente un faux maharadjah millionnaire pour coincer Tommy Bennett, malheureusement ce dernier se rend à l'hôtel de celui ci, grimé, sans que Valentin puisse l'identifier : nouveau fiasco !
Tout va se jouer au château de Chantilly où Ducoroy, un riche entrepreneur, organise un bal masqué pour l'anniversaire de son épouse...
Possédant un collier d'une valeur inestimable, Ducoroy est persuadé que jamais personne ne parviendra à lui dérober...
Le moment crucial des douze coups de minuit, la lumière s'éteint brusquement !
C'est la panique pour les invités, est ce Bennett qui investit les lieux ?
Mon avis :
Encore une fois, cet épisode des "Brigades du tigre" est un régal, tous les éléments de la série sont réunis pour doser une intrigue parfaitement tramée avec le côté facétieux du personnage de Tommy Bennett, sorte d'Arsène Lupin britannique, incarné par un Edward Meeks croquignolet et sûr de lui, déjouant toutes les embûches semées par nos trois acolytes des Brigades mobiles...
C'est également un réel plaisir de contempler les magnifiques demeures du métrage avec des intérieurs cossus de châteaux ou des extérieurs en jardin de toute beauté...
Truculent à souhait, le personnage de Ducoroy est imparable, sorte d'aristocrate berné par une épouse qui profite de sa richesse...
On a droit aux sempiternelles colères de Faivre (François Maistre, impayable !) et l'ensemble, très sympathique, se suit dans la plus grande bonne humeur, raflant l'adhésion des fans spectateurs conquis d'entrée de jeu...
Outre un numéro d'acteurs au cordeau, "Don de Scotland Yard" est un des meilleurs épisodes de la série et même après plusieurs visionnages, le plaisir reste intact, preuve du talent des scénaristes et du "sens de l'histoire" des feuilletons d'antan...
A voir et revoir sans modération !

Note : 10/10




L'homme à la casquette de Victor Vicas, 1975

L'HOMME A LA CASQUETTE
Episode de la série "Les brigades du tigre"
de Victor Vicas
avec Michelle Grellier, Jean Claude Bouillon, François Maistre, Pierre Maguelon, Jean Paul Tribout
1975
Policier
55 minutes
Synopsis :
Plusieurs hommes célibataires et volages sont assassinés d'une balle de revolver dans la nuque par un mystérieux individu camouflé et portant une casquette...
L'équipe du Commissaire Valentin parvient à identifier le propriétaire du couvre chef, ce dernier ayant été retrouvé sur un toit après une poursuite avec des brigadiers, il s'agit d'un certain Joseph Mérical...
Valentin se rend chez le chapelier qui lui indique l'adresse ; rendu sur place, sa belle mère l'informe que ce dernier a quitté les lieux avec son épouse Henriette, le climat du couple était très orageux...
Trouvant l'attitude d'Henriette étrange, Valentin la fait surveiller par Terrasson, très vite des éléments troublants corroborent avec ce que soupçonnait Valentin...
D'autres hommes sont trucidés avec comme point commun d'avoir approché Henriette à des fins libidineuses...
Pour en avoir le coeur net, Valentin propose un deal à la jeune femme : se faire passer pour son amant...
Ils se rendent à l'auberge du Mouton blanc pour y passer la nuit...
Mon avis :
Cet épisode est peut être le plus intéressant de la série avec "Le cas Valentin", du moins l'un des plus atypiques puisque le personnage central est une femme (magnifique Michèle Grellier à la blondeur cristalline et au charme incendiaire)...
Tout se base sur la complexité de son aura et de la crédibilité bancale qu'elle témoigne auprès de Valentin et de ses comparses...
Le plan machiavélique finit par se refermer de lui même dans un atmosphère lourde et chargée en émotivité, avec un Valentin inattendu, accusant un rôle plutôt inhabituel dans cette enquête passionnante et rondement arbitrée...
Le scénario est exemplaire aussi bien dans son fond que dans sa forme et le déroulement de rassemblement des indices pour constituer la mosaïque parfait en tous points...
La réalisation est crédible et le jeu de Michèle Grellier, tour à tour victime puis refoulée névrotique a bien de quoi surprendre le spectateur, peu habitué à de pareils personnages...
Dans l'ensemble, un épisode savoureux qui met en lumière les talents multiples des scénaristes de l'époque, alliant efficience, suspense et psychologie...
Passionnant !
Note : 10/10





samedi 21 février 2015

La guerre des gangs (Milano Rovente) d'Umberto Lenzi, 1973

LA GUERRE DES GANGS
d'Umberto Lenzi
Italie
1973
aka Milano Rovente
aka Gang War in Milan
avec Antonio Sabato, Philippe Leroy, Marisa Mell, Carla Romanelli
85 minutes
Polar italien grindhouse
édité en VHS chez Proserpine vidéo
Synopsis :
Milan, début des années 70...
Salvatore, surnommé Toto, est le plus grand proxénète de la métropole, son trafic lui rapporte beaucoup d'argent et il contrôle tout le réseau de la ville avec des centaines de filles sous ses ordres et une dizaine de bras droits fidèles et dévoués...
Lorsqu'une de ses prostituées est retrouvée morte étranglée dans la piscine de son hôtel particulier, Salvatore comprend vite que quelqu'un essaie de lui faire de l'ombre et d'enrayer son trafic...
Il s'agit d'un français, Roger Daverty, qui essaie, par jalousie, de faire capoter son "business" en maltraitant et mutilant les prostituées lors de raids sanglants...
Virginia, une des cousines d'un proche de Salvatore, figure parmi les victimes...
Refusant de se compromettre avec des trafiquants d'héroïne, Salvatore fait alors appel à Billy Barrone, un dangereux gangster...
La guerre des gangs est désormais enclenchée et elle sera sans pitié, jonchée de morts et de fusillades toutes plus impitoyables les unes que les autres !
Mon avis :
Grand artisan du cinéma populaire italien, Umberto Lenzi a touché pratiquement à tous les genres, tous les styles, toujours avec une sincérité et un sens du savoir faire indéniable, ici il s'illustre dans le polizzoteschi brutal voire sexiste pour nous délivrer un polar très violent flirtant, dans un premier temps, avec le nanar pour contourner ce dernier et s'ériger dans une deuxième partie plus grave, plus solennelle, mettant en exergue des antagonismes particulièrement bien trempés via des personnages sans foi, sans loi ni pitié...
A ce titre, Lenzi nous gratifie de séquences de tortures assez atroces comme une électrocution au gégène sur le sexe d'un captif ou des tétons mutilés au surin, âmes sensibles s'abstenir donc...
Le personnage de Salvatore, d'abord risible et nanardesque (les mains aux fesses et le doublage foireux aidant) prend alors un virage à 180 degrés dans les trois derniers quarts d'heure comme si le découpage voulu par Lenzi était affirmé et qu'il voulait réhausser le ton de son film qui était assez mal parti...
Dès lors, l'histoire prend son essor, prétexte à un scénario tonique et des plans rapides (aucune séquence ne dépasse les vingt secondes), les raccourcis sont nombreux et le spectateur n'a pas le temps de s'ennuyer, pris en tenaille entre une tension nerveuse bien entretenue et des péripéties inventives et peu ordinaires...
L'efficacité est le maître mot et, à ce titre, Lenzi dégomme ses prédécesseurs car il a acquis une marque de fabrique qui lui est propre, vrai artisan d'un cinéma d'un autre âge mais vénéré par des milliers de fidèles aficionados (dont je fais partie)...
Malgré un côté "frimeur" assez prononcé, "La guerre des gangs" parvient petit à petit à gagner notre confiance pour, au final, nous faire passer un moment agréable...
Une sortie DVD zone 2 est indispensable pour redécouvrir ce classique du polizzoteschi grindhouse transalpin, la VHS Proserpine souffrant d'un transfert ni fait ni à faire et coupant l'image sur les côtés, avec en plus un doublage exécrable !
Messieurs les éditeurs, l'appel est lancé...

Note : 7.5/10







samedi 14 février 2015

SURPUISSANCE, Thrash metal français

SURPUISSANCE
Thrash metal hexagonal
Les Destruction français
Formé en 2011, originaires de Béthune, Surpuissance se compose de Black (chant et guitare), Athe Fab (basse) et Armageddon (batterie), ce sont de vieux briscards ayant écumé d'autres groupes par le passé (Excalibur et Lord, notamment)...
Une musique qui tranche dans le lard, des compositions ultra efficaces et des paroles aisément mémorisables et simples sont les atouts de ce groupe, digne héritier de ADX ou H BOMB, avec un côté germanique à la DESTRUCTION...
Bref, vous l'aurez compris, Surpuissance n'est pas là pour plaisanter et ça barde du début à la fin sur leur album "Affamé de métal" sorti en 2013 et qui rend très vite addict...
En effet, comment tout métalleux ne pourrait être insensible à tout ce déchaînement de riffs lourds et ciselés en même temps, à cette double grosse caisse et cette basse claquante ?
La voix de Black ressemble un peu à celle de Bernie Bonvoisin et certains textes font quelques fois rire ("dans la chaleur, trembler de peur", "sous la menace d'un appétit vorace", "j'aime pas le fitness, j'aime pas le stress", "j'aime pas les hot dogs, j'aime pas le fog") mais celà amplifie la sympathie que l'on a quasi immédiatement pour ce groupe...
On décerne un triple A sur le tryptique "Affamé de métal", "Animal" et "Agression métallique positive" (quel titre !) et l'ensemble de l'album défile à fond les gamelles, comme une lettre à la poste...
Le dernier morceau "Laisser ma trace" réussit bien à démontrer l'ambition du groupe, qui parvient bien à ses fins, la "trace" est laissée, ancrée même puisque tous les codes du heavy thrash sont respectés à la lettre, avec talent et précision...
Un coup de maître, "Affamé de metal" revigore et dépoussière un genre absent depuis des lustres et qui se cantonne surtout dans le heavy death ou le neo metal en France, au moins Surpuissance redonne ses lettres de noblesse au thrash frenchy et rend hommage aux groupes oldschool précités, ce qui fait un bien fou !
Maintenant on attend la suite mais celà s'avère très prometteur eu égard à un style sincère et respectueux des attentes de tout thrasheur métalleux, "Affamé de metal" est un vrai régal !
A suivre de très près !

9.5/10





LES PORTES DE LA NUIT de Marcel Carné, 1946

LES PORTES DE LA NUIT
de Marcel Carné
France
1946
avec Pierre Brasseur, Yves Montand, Serge Reggiani, Nathalie Nattier, Jean Vilar, Raymond Bussières, Saturnin Fabre
106 minutes
Comédie dramatique poétique
Dialogues et scénario de Jacques Prévert
Décors originaux d'Alexandre Trauner
Musique de Joseph Kosma
Synopsis :
Paris, février 1945, l'hiver avant l'été de la libération...
Diego, un résistant prend le métropolitain, il est alpagué par un mystérieux clochard, sorte d'apparition fantasmatique qui fait figure "d'envoyé du destin"...
Diego retrouve son fidèle ami de guerre, Raymond Lécuyer, il vit dans la précarité avec sa femme et son fils...
Assez à l'aise financièrement, Diego les invite à dîner dans un restaurant, le clochard réapparaît et se met à jouer un air d'harmonica...
Malou, une superbe femme blonde, se sépare violemment de Georges, un homme imbu de sa personne et ancien collabo...
De fil en aiguille et par l'entremise subliminale du clochard, alors que Diego suit le garçonnet fils de Lécuyer, il se retrouve dans une remise, débarras où sont stockées des statues, et tombe nez à nez avec Malou !
L'amour est instantané !
Malou retrouve son père, Guy Sénéchal, mais Georges ne l'entend pas de cette oreille et veut absolument reconquérir l'amour de Malou...
Une diseuse de bonne aventure cartomancienne se noie dans la Seine...
Persuadé qu'il s'agit de Malou, Georges se rend sur place !
Le clochard est encore présent sur les lieux...
Mon avis :
Initialement programmé pour être interprété par Jean Gabin et Marlène Dietrich, "Les portes de la nuit" fut un échec au niveau de la critique pour Marcel Carné, certains n'hésitant pas à l'appeler "Les portes de l'ennui"...
Pourtant atypique et résolument moderne dans sa conception, "Les portes de la nuit" est un chef d'oeuvre absolu, porté et transporté par toute la sémantique poétique de Jacques Prévert et doté d'une ambiance presque onirique avec de nombreuses trouvailles graphiques comme une redondance de surexposition clair/obscur, le tout sublimé par la musique de Joseph Kosma à la fois traditionnelle voire jazzy...
Carné a dénigré Yves Montand, le considérant comme malhabile dans les compositions dramatiques, mais il n'en est rien ! Montand, à l'époque chanteur, fut "pistonné" par Edith Piaf qui harcela Carné pour qu'il l'embauche...
C'est cette ambivalence qui rend touchant le film, cet atypisme qui en fait le charme ; tous les acteurs sont impliqués comme jamais dans leurs rôles, que ce soit Brasseur dans son habit de pourri, Reggiani, bouleversant ou Raymond Bussières, sympathique à l'extrême et Jean Vilar qui tient le "rôle clef", celui du clochard, personnage à part entière, induisant sa présence dans tout le déroulement du film...
Il y a de nombreuses scènes de foule dans "Les portes de la nuit" avec des cadrages magnifiquement exploités des toits de la ville, ce n'est pas pour rien que Carné a voulu que la ville soit le "personnage vecteur et principal" de son film, pratiquement tourné en temps réel, sur l'espace d'une nuit, nuit de tous les dangers mais aussi de tous les amours, du moins ceux possibles...
"Les portes de la nuit" peut paraître un métrage impénétrable mais c'est aussi au spectateur de s'en approprier les codes et de s'intégrer dans cette histoire romanesque à l'issue tragique...
Exceptionnel en tous points et véritable témoignage du cinéma d'après guerre, "Les portes de la nuit", outre un aspect mystique et peut être hermétique pour les spectateurs lambda, marque et se démarque par sa flamboyance, florilège du cinéma hexagonal du milieu des années 40, mêlant habilement drame, film d'amour et conte...
Un classique de très haut niveau à visionner impérativement...
Note : 10/10

Dédicacé à Frédéric Nury et Pierre Delafoy






dimanche 8 février 2015

The Conjuring de James Wan, 2013

THE CONJURING
LES DOSSIERS WARREN
de James Wan
Etats Unis
2013
avec Vera Farmiga, Patrick Wilson, Lili Taylor, Ron Livingston, Mackenzie Foy
Fantastique
112 minutes
Synopsis :
Wilmington, Caroline du Nord, 1971...
La famille Perron, Roger, Carolyn et leurs cinq filles, emménagent dans une grande maison éloignée du centre ville, proche d'un lac...
Des événements étranges se produisent comme si des fantômes circulaient dans la bâtisse...
Roger découvre de manière inopinée une cave dans le sous sol de la demeure et Cynthia, une des jeunes filles, est en proie à des crises de somnambulisme...
Autre situation troublante, toutes les pendules s'arrêtent systématiquement à 3h07 du matin !
Alors que la tension est à son comble et que les phénomènes paranormaux se réitèrent, Roger et Carolyn se résignent à faire appel à Ed et Lorraine Warren, deux "chasseurs de fantômes", démonologues qui officient également au sein d'une université...
Les deux jeunes gens conservent tous les objets qui leur ont servis lors de leurs multiples interventions notamment la poupée Annabelle, une effigie maléfique, qui comporte des similitudes avec un caméo d'une des petites de la famille Perron...
L'heure approche pour l'exorcisme et les démons se déchaînent, c'est désormais la mère, Carolyn, qui est possédée !
Mon avis :
James Wan a déjà prouvé, par le passé, qu'il était un excellent cinéaste et là, avec "The Conjuring" il est au zénith de son art et de son talent !
Le film, bougrement efficace, ressasse des plans déjà utilisés par ses prédécesseurs comme "Amityville" ou "La maison des damnés" mais parvient habilement à revigorer ce genre, longtemps abandonné par les studios d'Hollywood, Wan, malin comme tout, réussit vraiment à coller les pétoches et ça démarre à fond les bananes, le spectateur n'a aucun répit...
Ponctué de séquences chocs utilisant à la fois les silences comme leviers dans la trouille ou l'anticipation des scènes à venir, rien ne se passe comme voulu, le film n'étant à aucun moment prévisible, on est mis à rude épreuve, l'obscurité aidant et amplifiant la sensation d'étouffement et de paranoïa ("The Conjuring" est à déconseiller aux claustrophobes ou aux personnes dépressives !)...
L'ensemble des comédiens jouent parfaitement leurs rôles (mêmes les fillettes) et le tout est convaincant avec des effets spéciaux qui font moins la part belle à la surenchère qu'à la pudeur graphique...
L'intrigue et le scénario sont très riches et toutes les codifications du genre paranormal sont passées en revue avec sens analytique du déroulement qui force le respect grâce, notamment, à un montage dense et maîtrisé et une musique atmosphérique glaciale et pénétrante...
Les années 70 avaient "L'exorciste", les années 80 "Shining", les années 90 "Le projet Blair witch", les années 2010 ont désormais "The Conjuring" un sommet dans l'effroi qui, outre une intelligence de traitement remarquable, a le mérite de booster un genre et d'oublier de prendre les spectateurs pour des idiots...
Une grande réussite !

Note : 9/10








vendredi 6 février 2015

Mes nuits avec... de Frédéric Lansac, 1976

MES NUITS AVEC ALICE, MAUD, PENELOPE ET RICHARD...
de Frédéric Lansac et Michel Barny
France
1976
avec Dawn Cummings, Karine Gambier, Richard Allan, Véronique Monod, Nadja Mons, Helga Trixi, Brendan Reed
75 minutes
Film pornographique de haute volée
édité par Alpha France
Montage de Gérard Kikoïne
Synopsis :
France, milieu des années 70...
Charlène, une hôtesse de l'air, Alice, une femme de chambre volage d'un grand hôtel et Pénélope, une artiste chanteuse de variétés font toutes les trois une tentative de suicide...
Maud, une riche châtelaine qui est également leur amie commune, vient leur rendre visite à l'hôpital...
Pour leur convalescence, Maud leur propose de venir s'établir chez elle...
Les trois femmes acceptent...
Maud va les manipuler en donnant le principe que la plus belle des morts est la mort par la luxure...
Un engrenage infernal va se refermer sur les trois femmes, qui vont périr par ce qu'elles ont pêché : le sexe...
Mon avis :
Il faut rappeler les moeurs et recadrer ce film dans le contexte des années 70 car à cette époque la pornographie était diffusée dans les salles de cinéma à grande échelle, comptait des milliers de spectateurs chaque mois et bénéficiait de moyens de productions considérables et d'un soin dans le scénario et la direction d'acteurs que l'on ne retrouve plus de nos jours...
De plus "Mes nuits avec..." bénéficie de l'alliance de quatre cadors du genre, Claude Mulot (sous le pseudo de Frédéric Lansac), son beau frère Michel Barny qui coordonne la réalisation et également Francis Leroi à la production et Gérard Kikoïne au montage...
L'histoire décline le postulat de "La grande bouffe" de Ferreri version sexuelle, certains passages sont assez trash (la mort de Pénélope avec les éboueurs), la musique est géniale (sorte de score psychédélique et entêtant à la Jamiroquai) et la fin glaçante qui risque de vous faire halluciner, "Mes nuits avec..." non seulement une réussite indéniable pose les conditions d'un style et l'érige au sommet, sans sombrer dans le vulgaire X gonzo mais bel et bien une oeuvre à part entière, véritable chef d'oeuvre !
Le talentueux Frédéric Lansac parvient à capter l'essence du porno des années 70 pour l'imprimer et la transcender de manière virtuose, s'appliquant et appliquant sa patte si singulière et si sensorielle (beaucoup de séquences de catharsis dans le film)...
A la frontière du film pornographique et du métrage classique à grand budget, "Mes nuits avec..." a le double mérite d'oser en permanence et d'intégrer des trouvailles de génie dans un genre souvent dénigré car marginal...
On savoure le film sans discontinuer et rien n'est laissé au hasard, loin des productions formatées comme on peut en trouver de nos jours, "Mes nuits avec..." donne ses lettres de noblesse au porno et j'irai même plus loin en disant qu'avec ce film Lansac écrit et réécrit l'histoire de ce genre...
Une tuerie totale !
Note : 10/10



Conan le barbare de John Milius, 1982

CONAN LE BARBARE
de John Milius
Etats Unis
1982
avec Arnold Schwarzenegger, Sandahl Bergman, James Earl Jones, Max Von Sydow
Héroïc fantasy
125 minutes
écrit par John Milius et Oliver Stone
Budget : 20 millions de dollars
Synopsis :
Pendant l'âge hyborien, plusieurs milliers d'années avant toute forme de civilisation...
Conan, un enfant d'une demie douzaine d'années voit périr toute sa famille, tuée par la tribu de Thulsa Doom, aidée par ses lieutenants Rexor et Thorgrim, ces barbares décapitent la mère du garçonnet et volent l'épée en fer forgé qui était prédestiné à Conan...
Fait prisonnier et embrigadé pendant deux décénnies, Conan sera l'esclave de la horde de Doom avant de devenir combattant lors de luttes avec d'autres guerriers...
Il sauve Subotaï, un mercenaire, qui fera route avec lui...
Lors de leur périple, ils vont faire la connaissance de Valéria, qui va leur indiquer l'endroit où se trouve Thulsa Doom, une gigantesque tour gardée par un serpent de plusieurs mètres...
Conan tue le serpent et se rend au temple de la secte dominée par Doom...
Il décide de le tuer pour venger la mort de ses parents !
Mon avis :
"Conan le barbare" est le film qui révéla au grand public l'immense Arnold Schwarzenegger et qui assit sa réputation de colosse au cinéma...
Et tout fonctionne à plein régime dans ce très grand film d'héroic fantasy où un soin tout particulier a été accordé aussi bien aux décors qu'aux effets spéciaux, à la fois réalistes et grandiloquents voire quelques fois grandioses...
Pour le lieu géographique, d'abord il était envisagé de tourner le film en Yougoslavie, finalement c'est l'Espagne qui sera retenue, ses terres arides ou ses plaines enneigées sont parfaitement mises en exergue pour servir une intrigue complexe, dotée de fulgurances (le massacre initial, le souk à côté de la tour de Thulsa Doom, son temple qui rappelle la pochette d'Iron Maiden "Powerslave", la scène -incroyable- des vautours !)...
Schwarzenegger s'avère même convaincant et crédible dans son jeu d'acteur et ne se contente pas de jouer des biscotos mais révèle un réel sens dramatique...
A la fois monolithique, carré et attachant, "Conan le barbare" se suit avec grand intérêt et produit une sensation de surpuissance à chaque visionnage, le spectateur lambda pouvant facilement s'identifier au destin incroyable de Conan et approuver ses actes...
Le personnage de Thulsa Doom qui manipule les foules par milliers peut rappeler les tyrans politiques ou des gourous religieux et fait office de "méchant" de premier choix, quant à Valéria elle incarne la féminité mêlant force et douceur en même temps et permit de révéler la belle Sandahl Bergman, ex danseuse...
La mise en scène de Milius est imprégnée de mysticisme et l'adage du "mal par le mal" et du "qui tue par l'épée périra par l'épée" n'a jamais trouvé meilleure signification au cinéma qu'ici...
Hors normes à tous les niveaux, "Conan le barbare" a servi à démocratiser un genre novice à l'époque, à savoir l'heroïc fantasy, et a pu revigorer le film d'aventures teinté de fantastique avec un brio qui force le respect...
A la fois impressionnant et fascinant, "Conan le barbare" est l'un des dix plus grands films d'aventures des années 80 s'érigeant avec des métrages comme "Mad Max 2" ou "Excalibur" en fleuron du genre...

Note : 9/10






mardi 3 février 2015

MARTIN de George A. Romero, 1977

MARTIN
de George A. Romero
Etats Unis
1977
avec John Amplas, Tom Savini, Christine Forrest, George Romero, Lincoln Maazel, Elyane Nadeau
91 minutes
Musique de Goblin non créditée au générique et de Donald Rubinstein
Film de vampires atypique
Synopsis :
Pennsylvanie, 1976...
Martin Madahas, un jeune homme de dix sept ans à qui n'importe qui apporterait sa confiance, est en fait un dangereux individu qui viole et tue ses proies en les ayant repéré soigneusement et au préalable...
Une jeune femme dans le wagon couchette d'un train en fera les frais après que Martin lui ait mutilé le bras et bu son sang !
Son oncle Cuda, un sexagénaire vivant avec sa fille, Christina, l'accueille chez lui en le sommant de ne plus commettre ses forfaits...
Il voit en lui une réincarnation moderne du vampire Nosferatu !
Arthur, un ami de la famille vient régulièrement dîner chez les Cuda et rien ne semble l'inquiéter quant au comportement bizarre de Martin...
Fervent catholique pratiquant, Cuda invite le père Howard, curé de la paroisse locale qui est en reconstruction...
Jusqu'au jour où Martin s'en prend à une des fidèles, Madame Santini, la décimant par son jeu macabre ainsi que son mari !
Une traque est organisée par la police pour retrouver ce dangereux criminel...
Mon avis :
Cinquième film de Romero, tourné juste avant "Zombie, le crépuscule des morts vivants", "Martin" est incontestablement son film le plus personnel, il a décidé de SE faire plaisir avant de faire plaisir au spectateur, ce qui se ressent dans le métrage, assez lent et doté d'une lourde ambiance anxiogène, ponctuée de références à de vieux films de vampires (de nombreux plans sont en noir et blanc afin de rendre palpable la schizophrénie de Martin)...
Peu d'esbroufe dès le pré générique qui commence directement par un meurtre, au niveau structurel on est bien loin des autres oeuvres de Romero, le film défile un peu à la va comme je te pousse mais s'avère convaincant pour le spectateur dès que celui est rentré dans l'histoire et a assimilé les codes du film, il faut un petit temps d'adaptation tout de même car on est proche du cinéma underground cette fois ci...
Romero exploite beaucoup les décors, les maisons ou les pièces de celles ci comme si il voulait rendre le malaise bien présent et le ton granuleux de la pellicule renvoie à d'autres films qui avaient exploré ce type de gimmicks ("L'exorciste" notamment, d'ailleurs il est question de ce film dans un passage de "Martin")...
Romero n'a également pas peur d'enlaidir ses acteurs, Christina au teint acnéique n'a sans doute pas bénéficié d'un maquillage digne de ce nom, et pour un public lambda "Martin" pourra sembler décousu et hétéroclite dans sa conception...
Il faut davantage y voir de la sincérité de la part de Romero et non pas une tentative hypocrite de vouloir déstabiliser à tout prix, non, Romero s'est dit qu'il était temps pour lui et à ce stade de sa carrière de prouver qu'il était avant tout un cinéaste auteur et non un vulgaire réalisateur de commande, à ce titre il s'en sort magnifiquement bien...
Malgré un côté hermétique poussé à maxima, "Martin" doit absolument se voir pour comprendre le côté complexe de Romero et qui dévoile sa grande intelligence à mettre en forme ses films, loin de toutes les codifications du cinéma classique...
Un film qui sort des sentiers battus et qui s'avère vraiment très intéressant...

Note : 8/10