mercredi 30 septembre 2015

SLAYER, Repentless, 2015

REPENTLESS
Album de Slayer 2015
Sortie mondiale : le 11 septembre 2015
Cinq ans séparent « World painting blood » de « Repentless », l’attente fut énorme et le groupe endeuillé par le décès de Jeff Hanneman, mort d’une septicémie suite à une morsure d’araignée, il a fallu pour les fans du groupe s’armer de la plus grande patience et soyons nets le résultat est à la hauteur de toutes les espérances, ce nouvel opus est excellent, nous sommes en présence d’un de leurs meilleurs albums, digne héritier de « Hell awaits » ou « Reign in blood »…
L’aspect Core est toujours bien présent mais ne domine pas tout l’album, Slayer a compris que ce côté pouvait « agacer » les fans de la première heure et, par conséquent, ils ont voulu ancrer le côté thrash qui a fait leur succès et leur marque de fabrique par des morceaux bétons et bétonnés, moins proches de « World painting blood » que de « Seasons in the abyss », donc tout thrasher invétéré y trouvera son compte et risque vite de devenir accro à « Repentless », pourvu d’une empreinte riche en sonorités thrash et en brutalité inouïe et assumée par le groupe depuis des lustres…
L’intro rappelle les meilleures partitions de Slayer et permet de créer une mise en bouche qui démarre à fond les gamelles avec le morceau éponyme « Repentless », le plus brutal depuis « Disciple » en 2001, le reste du disque est carrément à la hauteur de la réputation du groupe et poutre sans arrêt (à ce titre, « Atrocity Vendor » envoie le pâté comme jamais) ça fait vraiment plaisir de retrouver Slayer à ce niveau et avec une telle forme !
De plus, ils ont mis les petits plats dans les grands puisque l’édition limitée digipack est splendide et nous propose un Blu ray de leur concert au Wacken en 2014 avec tous les standards du groupe !
« Repentless », outre ses qualités indéniables, est ce que Slayer pouvait proposer de mieux eu égard aux périodes qu’ils ont traversées, souvent difficiles, mais ils n’ont pas trahi leurs fans et récupèrent même les aficionados de la première heure, déçus par leurs récentes expérimentations Core, ils ont dû le comprendre qu’il y avait le feu au lac et les Slayer se sont démenés comme des fous pour retrouver et ressortir un disque à la hauteur… et le pari est gagné !
Certains (dont je fais partie) ont été décontenancés à la première écoute, un seul conseil, mettre de côté les a priori, faire une pause et revenir à l’écoute de « Repentless » après un jeun auditif d’une dizaine de jours, c’est radical, c’est comme ça qu’on savoure ce disque, pour tous les réfractaires au New Slayer, persévérez, faites l’effort de le réécouter, on s’y fait et on s’y adapte très vite, pour finalement l’accepter…
Un des trois meilleurs albums métal de l’année !

6/6



dimanche 27 septembre 2015

Hooligans de Lexi Alexander, 2005

HOOLIGANS
de Lexi Alexander
2005
Etats-Unis/Grande Bretagne
Aka Green street Hooligans
Avec Elijah Wood, Charlie Hunnam, Claire Forlani, Marc Warren, Terence Jay
Chronique sociale
109 minutes
Synopsis :
Université d’Harvard, Etats Unis, milieu des années 2000…
Matt Buckner, un brillant élève qui étudie l’histoire et le journalisme est injustement renvoyé à cause d’un sachet de cocaïne trouvé dans son armoire alors que la drogue appartenait à Jeremy Van Holden, un riche étudiant au père qui brigue une puissante carrière politique… Matt décide de retrouver sa sœur, Shannon Dunham, expatriée à Londres et mariée, elle vient d’avoir un bébé…
Pete Dunham, le frère du mari de Shannon, est le leader du GSE, Green street elite, une mouvance hooligan qui supporte le club de West Ham United, il fait irruption chez Shannon et fascine Matt !
De fil en aiguille, il embringue Matt dans une virée pour un match, beuveries, effets d’entrainements, fascination pour le charisme et l’aspect fraternel formatent le jeune homme qui commence à prendre l’apparence d’un vrai hooligan…
Peu de temps après, Matt est pris à partie dans une immense rixe !
Pete et son frère sont envoyés à l’hôpital, Shannon est folle de rage…
Mon avis :
Véritable chronique sociale affûtée finement et sans le moindre décalage avec la réalité (la réalisatrice fut elle-même dans la mouvance du hooliganisme), « Hooligans » est une peinture acerbe et crue de ce monde méconnu et souvent stigmatisé par les médias…
Les personnages sonnent juste ce qui nous vaut des scènes poignantes et sans fioritures qui vont au cœur de l’intrigue, ponctuée de bagarres gigantesques orchestrées astucieusement et le film est une plongée dans le quotidien de ces gens, pas forcément victimes de la misère (comme évoqué dans « This is England » de Shane Meadows, autre métrage qui traite du même sujet), la plupart des hooligans sont intégrés dans la société et ont un travail qui pérennise leur situation…
Il y a un aspect à la fois pitoyable et empathique dans la vision que le spectateur a pour ces hooligans, certes l’amitié est sacrée mais l’alcoolisme détruit tout, faisant des ravages sur son passage pour ces jeunes gens qui ne jurent que par leur passion, le football, mais qui déclinent ce culte par la violence, combattant leurs « adversaires », à savoir les supporters des clubs opposés…
Cette émulation mutuelle ne peut conduire que vers la mort (l’homme bouleversé qui a perdu son fils lors d’une rixe) et pour appuyer encore plus là où ça fait mal, Lexi Alexander a choisi de véritables hooligans qui jouent leur propre rôle, amplifiant la force et rendant le postulat d’une vérité cinglante, la réalisatrice savait où elle posait sa caméra !
Elijah Wood se trouve comme un chien dans un jeu de quilles et c’est exactement l’exemple de ce genre de lavage de cerveau qu’Alexander a voulu mettre en exergue, appliquant à la lettre le phénomène d’embrigadement qui, parfois, peut faire des ravages…
Refusant de donner raison à qui que ce soit, Alexander propose un constat abrupt et nous entraine dans une spirale de violence sans concession avec l’ambivalence de la compassion mais aussi de la rudesse d’une partie de la société…
« Hooligans » oublie d’être nihiliste mais s’avère un film « coup de poing » qui pousse loin dans l’étude de mœurs et l’analyse de comportements…
Deux suites verront le jour et le film déclencha une polémique avant même d’être mis en chantier, les producteurs anglais refusant de le distribuer en pleine période pré Coupe du monde 2006…
Témoignage courageux et sincère, « Hooligans » vaut également le visionnage pour sa très grande technique visuelle et l’entrain qu’il déploie (le rythme est soutenu)…
Un excellent film qui va plus loin que le simple potentiel qu’il possède, « Hooligans » ouvre des portes sur tout un pan sociétal et pourra changer le regard des plus réfractaires sur le mode des hooligans, il dévoile le « réel » de ces derniers avec une grande intelligence…
Dédié à Pierre Jean Gabriel Bertrand

Note : 8/10





samedi 26 septembre 2015

L'IMPASSE de Brian de Palma, 1993

L’IMPASSE
de Brian de Palma
Etats  Unis
1993
aka Carlito’s way
avec Al Pacino, Sean Penn, Penelope Ann Miller, John Leguizamo, Viggo Mortensen, Ingrid Rogers
Polar sombre et fulgurant
144 minutes
Budget : 30 millions de dollars
Box office mondial : environ 64 millions de dollars
Classé comme meilleur film des années 90 par « Les cahiers du cinéma »
Synopsis :
1975, New York, Etats-Unis…
Carlito Brigante parvient à écourter sa peine de prison et se retrouve en liberté, aidé par son avocat,  David Kleinfeld, qu’il considère comme son meilleur ami…
Convaincu qu’il doit raccrocher et arrêter les coups foireux, Carlito rend cependant un « service » à l’un de ses cousins en l’accompagnant lors d’une transaction, celle-ci vire au massacre !
Dérobant l’argent du butin, Carlito investit dans un club de nuit, El Paraiso, Benny Blanco, un voyou venu du bronx, a plusieurs échanges musclés avec Carlito, qui finit par le passer à tabac et le virer manu militari…
Carlito retrouve son ex petite amie, Gail, une superbe blonde devenue danseuse, en fait la belle est gogodanseuse dans un club…
Tony Taglialucci est un des leaders de la mafia locale et emprisonné à cause de Kleinfeld qui l’a escroqué d’un million de dollars, ce dernier menacé de mort doit faire évader Tony de la prison maritime de Riker’s Island et le « repêcher » en pleine mer lors d’une expédition ultra casse gueule…
Il demande à Carlito de l’aider en ce sens alors que ce dernier projette de partir avec Gail, enceinte de lui, pour stopper définitivement les coups illégaux…
Pachanga, l’homme de main de Carlito, l’attend à la gare avec Gail…
Rien ne va se passer comme prévu !
Mon avis :
« L’impasse » est sans doute le film de gangsters le plus représentatif des années 90, De Palma refusant clairement de refaire un « Scarface » bis, il use et utilise tous les procédés possibles pour asseoir une intrigue en béton armé magnifiée par un Pacino extraordinaire et qui n’a plus rien à prouver en terme de jeu d’acteur…
De Palma retrouve Sean Penn qu’il avait déjà dirigé dans « Outrages » six ans auparavant et le comédien a délibérément choisi un look où il est méconnaissable, binoclard et frisé, doublé d’une addiction à la cocaïne et sans le moindre scrupule…
L’idée de la voix off quasi permanente est très bien trouvée et amplifie ainsi le côté « humain » de Carlito, son intérieur se dévoilant lors des scènes clés du film et rendant presque dramaturgique son personnage, comme le mythe de Sisyphe, sans cesse rattrapé et prisonnier de son passé…
Non seulement les protagonistes sont attachants mais la mise en scène de De Palma se synchronise à merveille avec ceux-ci, il y a une cohésion et une articulation dans la succession des séquences où tout est élaboré pour le plaisir du spectateur (la dernière demie heure témoigne d’une technique absolument dantesque, on pense que de Palma a emprunté à son maitre Alfred Hitchcock ce timing incroyable !)…
« L’impasse » est à la fois une œuvre désabusée et élégiaque, où se combinent une maestria dans la réalisation et une transmission viscérale de ce que vivent les personnages, projetant ainsi le spectateur dans un monde qui semble réel (tout est crédible et la reconstitution sans failles) mais qui se transcende par la magie du cinéma…
De Palma a tout compris, tout assimilé du septième art pour bonifier et appréhender son style qui lui est propre, il livre avec « L’impasse » un de ses meilleurs films et ouvre une voie nouvelle au polar en y gravant son empreinte fulgurante…
« L’impasse » est une œuvre magistrale à avoir visionné impérativement pour comprendre les rouages du cinéma, pour mesurer l’impact d’un style et de sa dynamique, très peu d’autres metteurs en scène parviennent à un tel niveau, on en sort en larmes, tétanisés et rassérénés en même temps…

Note : 10/10






dimanche 20 septembre 2015

BUFFET FROID de Bertrand Blier, 1979

BUFFET FROID
de Bertrand Blier
France
1979
Avec Gérard Depardieu, Bernard Blier, Jean Carmet, Carole Bouquet, Michel Serrault, Denise Gence, Geneviève Page
95 minutes
Insolite/Fantastique
Produit par Alain Sarde
César du meilleur scénario en 1980
Box office en France : 777 000 entrées
Edité en DVD chez Studiocanal
Synopsis :
Quartier de la Défense et un village du Jura, fin des années 70…
Alphonse Tram, un chômeur à la carrure solide végète dans le quai d’un RER, il rencontre fortuitement un homme et essaye d’entamer une discussion avec lui afin de briser sa solitude, l’homme refuse et Alphonse lui tend un couteau à cran d’arrêt…
Plus tard, Alphonse retrouve le même homme gisant au sol, un couteau planté dans le ventre…
Alphonse rentre chez lui, dans une tour de la Défense, alors quasi inoccupée, il y retrouve son épouse…
L’inspecteur Morvandiau, un homme débonnaire et austère à la fois, est le second locataire de la tour, la  femme d’Alphonse est retrouvée assassinée étranglée !
Morvandiau et Alphonse se rendent sur les lieux du meurtre…
Le coupable est un vieil homme, poltron et trouillard, bizarrement il n’est pas arrêté alors que tous les mobiles convergent vers sa culpabilité évidente…
De fil en aiguille, les trois hommes vont aller en rencontres saugrenues et s’échappent de la zone urbaine pour atterrir dans un endroit bucolique et montagneux…
Ils vont tous trois rencontrer la mort !
Mon avis :
Avec un scénario écrit en deux semaines, Bertrand Blier a sonné à la porte de nombreux producteurs qui refusèrent son offre de financer « Buffet froid » jugeant le projet ridicule, ce n’est que grâce à un Oscar qu’il obtint pour le film « Préparez les mouchoirs » que Blier put financer son métrage qu’Alain Sarde accepta de mettre en chantier…
Le film s’emprunte à un néo surréalisme proche de Luis Bunuel ou d’Eugène Ionesco, les séquences semblent n’avoir aucun lien logique entre elles et les personnages naviguent à contre-courant de ce qu’ils devraient accomplir (Blier, inspecteur, n’arrête pas les malfaiteurs, Depardieu se contrefiche du décès de sa femme, Carmet est à la fois torturé et affabulateur mais suit ses deux compères comme pour éviter les affres de la solitude, la femme blonde demande à être aimée mais ne parvient pas à assouvir ses pulsions sexuelles…).
Il faut une sacrée rigueur pour mettre un tel film en images et Blier s’en sort avec les honneurs avec certains plans où la position de la caméra a été décidée au dernier moment, le film a été conçu en « live » suivant les idées de chacun et le trio Blier/Depardieu/Carmet fait le reste, porté par une grâce inouïe et un sens de l’interprétation dément…
Hyper exigeant, Bertrand Blier donne avec « Buffet froid » un nouveau regard, un nouveau style à la comédie teintée d’humour noir et son film est très intéressant dans cette démarche qu’il a de bousculer les codes, les conventions scénaristiques, par conséquent  « Buffet froid » n’eut pas un succès public et l’accueil fut mitigé, les spectateurs demandant parfois à être remboursés à la sortie de la projection !
Les décors ont un rôle très important dans le film, témoignage d’une urbanisation froide voire austère, qui s’intègre parfaitement dans la « glauquitude » de l’histoire qui se conclut en prenant le contrepied de son début avec des paysages montagneux et verdoyants, antichambre de la mort, puisque Carole Bouquet représente l’incarnation de celle-ci…
Le dénouement est aussi iconoclaste que le reste du film et sorti du visionnage, il est difficile de se remettre les pieds sur terre, Bertrand Blier nous a embarqués dans un spectacle lunaire et onirique dont l’empreinte restera gravée à jamais…
Restituant des tas de parallèles entre les personnages, appuyés par des métaphores à la fois glaçantes et déjantées, « Buffet froid » s’apparente moins à une comédie burlesque qu’à un film fantastique, tant il est teinté de références Bunuelisantes, propulsées par le talent absolu de son réalisateur…
Tout cinéphile se doit d’avoir vu « Buffet froid » au moins une fois dans sa vie…

Note : 10/10






samedi 19 septembre 2015

Police fédérale Los Angeles de William Friedkin, 1985

POLICE FEDERALE LOS ANGELES
de William Friedkin
Etats Unis
1985
Aka To live and die in L.A.
Avec William L. Petersen, Willem Dafoe, Debra Feuer, John Turturro, Robert Downey, John Pankow, Darlanne Fluegel, Dean Stockwell
Polar atypique
116 minutes
Musique de Wang Chung éditée chez Geffen records
Une production MGM
Budget : 6 millions de dollars
Synopsis :
Ville de Los Angeles, au milieu des années 80, entre décembre et fin janvier…
Richard Chance, un haut gradé des services fédéraux déjoue in extremis un attentat à la bombe dans un hôtel où loge une autorité politique…
Jim Hart, son collègue à trois jours de la retraite, est abattu par Rick Masters, un dangereux trafiquant de fausse monnaie lors d’une filature qui tourne mal…
Fou de rage, Chance jure d’avoir la peau de Masters et ce, par tous les moyens, John Vukovich, son nouveau collègue, semble intrigué par la personnalité et le comportement de Richard, à la fois tête brulée et franc tireur…
Un asiatique interpelé par les deux hommes est tué par les hommes de main de Masters, une gigantesque poursuite en voitures a alors lieu !
Thomas Bateman, le divisionnaire, informe inopinément ses subalternes que cet asiatique était en fait un agent du FBI infiltré pour coincer Masters !
Pris de cours, Vukovich décide de tout avouer à son supérieur alors que Chance trouve la planque de Masters et s’y rend pour l’abattre !
Mon avis :
Habitué des coups de maitres au cinéma, Friedkin ne déroge pas à son habitude et nous pond une nouvelle fois un pur chef d’œuvre avec ce « Police fédérale Los Angeles », polar vénéneux, atypique et même nihiliste (ici pas de « happy end » mais un final en demie teinte qui pourra déstabiliser le spectateur lambda habitué aux codes jusqu’ici où les « héros » gagnent)…
Friedkin pousse très loin les recherches graphiques et stylistiques avec des techniques de prises de vues inédites (la scène de la loge avec une utilisation tridimensionnelle du jeu de miroirs, les plans filmés à cinq mètres de hauteur, l’utilisation de la pluie battante, les séquences nocturnes teintées d’onirisme procurent un effet proche de « Carnival of souls »)…
La musique très catchy du groupe Wang Chung amplifie l’aspect tonique du métrage et l’interprétation des protagonistes est parfaite, mention spéciale à Dafoe qui a su insuffler la pathologie qu’il fallait à son personnage à la fois torturé et terrifiant…
Le titre américain du film (littéralement « Vivre et mourir à Los Angeles ») est tout à fait bien vu puisque Friedkin semble filmer l’écosystème de Los Angeles comme personne, un peu comme une savane avec des guépards ou des lions qui se battent pour survivre et s’entredévorent au milieu du paysage…
La poursuite en contresens sur la voie rapide est chorégraphiée de main de maitre avec même des vues de l’intérieur des voitures, une grande technique a donc été déployée et le rendu final est sidérant, complètement fou !
Les deux actrices blondes du film apportent un charme sensoriel, presque organique, notamment lors des rites de danses empruntés au style japonais, ce déluge de sens permet d’affirmer le caractère de Rick Masters, pris en tenaille entre sa femme et une sexualité bridée et débridée en même temps (le passage avec Waxman qui tente une relation adultérine avec la femme de Masters est d’une brutalité inouïe !)…
On ne mégote pas dans « Police fédérale Los Angeles », les gunfights se font de face en plein visage et à grands renforts d’effets gore !
Bref, avec « Police fédérale Los Angeles » on est bel et bien en présence d’un polar majeur de l’histoire des années 80 et même de tous les temps, Friedkin gravite dans ce genre en le renouvelant et en effaçant toutes les conventions établies jusqu’ici, de par son côté atypique le film pourra déstabiliser (on n’est pas dans du cinéma bourrin digne des actioners de l’époque mais bel et bien dans un film d’auteur, il ne faut pas avoir peur de le dire !)…
Après trois décennies, « Police fédérale Los Angeles » n’a rien perdu de sa verve et de son originalité et se positionne comme chef d’œuvre intemporel…

Note : 10/10







dimanche 13 septembre 2015

ANTHRAX Chile on hell, 2013

ANTHRAX
Chile on hell
Blu ray live
Filmé à Santiago du Chili, 2013
Joey Belladonna : chant
Scott Ian et Jonathan Donals : guitares
Franck Bello : basse
Charlie Benante : batterie
Après dix albums studio et une vingtaine de singles, les new yorkais du groupe culte Anthrax nous gratifient d’un live et quel live !
La communion avec le public chilien est instantanée et les chansons sont reprises et scandées par les spectateurs au mot près, galvanisant ainsi un Joey Belladona parfaitement au top malgré les années, les autres membres du groupe sautillent comme des fous furieux (on a droit à des arrêts sur image lors des bonds de Scott Ian) et les codes du thrash metal sont respectés à la lettre, lors d’un concert tonique, tonifiant et sans la moindre fausse note !
Ne déplorant aucun temps mort, « Chile on hell » est un concentré de vitamines et met en lumière des titres phare du groupe, notamment la grande époque «Among the living » avec pas moins de trois titres de cet album dès l’entame du concert !
Anthrax est un combo hyper sympathique et cela se ressent immédiatement lors de ce live hautement recommandable qui n’oublie pas ses amis puisqu’ils rendent hommage à Dimebag Darrell et Ronnie James Dio lors d’un morceau particulièrement émouvant…
Le coffret blu ray/2 cds est quant à lui immanquable ne serait ce que pour la qualité de son packaging et les techniques utilisées pour filmer la scène donnent un rendu parfait, on se régale, les techniciens ont eu la bonne idée de placer une micro caméra sur le bout de la guitare de Scott Ian, l’effet est saisissant et Anthrax a bénéficié des meilleures dispositions existantes pour la réalisation du concert…
Tous les titres clefs de voute sont présents sauf « Armed and dangerous » ou des morceaux de l’album « Volume 8 : the threat is here », Anthrax, ne voulant absolument pas décevoir son public, n’a sorti que l’artillerie lourde, ce qui n’est pas plus mal !
« Chile on hell » est un témoignage mémorable de ce groupe qui n’a jamais pris la grosse tête et qui est toujours resté au diapason des attentes de ce que son public attendait de lui, bardé de morceaux sublimés par une technique irréprochable, ce live est à posséder impérativement pour tout métalleux qui se respecte et même les autres, peu aguerris au genre, trouveront satisfaction tant l’énergie et la bonne humeur déployées est communicative…

6/6






samedi 12 septembre 2015

PSYCHOSE d'Alfred Hitchcock, 1960

PSYCHOSE
d’Alfred Hitchcock
Etats-Unis
1960
Aka Psycho
Avec Anthony Perkins, Janet Leigh, Vera Miles, Martin Balsam, John Gavin
Epouvante
109 minutes
Scénario écrit d’après une nouvelle de Robert Bloch
Musique de Bernard Herrmann
Budget : près de 807 000 dollars
Recettes : 50 000 000 dollars
Synopsis :
Phoenix, Arizona, 1960…
Marion Crane est assistante commerciale, elle rencontre son amant, Sam Loomis, lors d’étreintes passionnées dans un hôtel de la ville, elle aimerait partir vivre avec lui mais ce dernier est criblé de dettes…
Marion subtilise l’argent d’une transaction que son patron l’a chargée de déposer à la banque…
Se croyant suivie par un policier, la jeune femme arrive de nuit et sous une pluie battante dans un motel isolé tenu par Norman Bates…
Ne donnant plus le moindre signe de vie, sa sœur Leila, Sam et le détective Arbogast, de fil en aiguille se rendent chez Norman Bates à tour de rôle afin de retrouver la trace de Marion…
Mon avis :
Il s’agit du quarante septième film d’Alfred Hitchcock et « Psychose » figure sans nul doute parmi les meilleurs films du maitre, sinon l’un des plus aboutis, il y est question d’un meurtrier à la pathologie inédite au sein du panorama cinématographique de l’époque (on est en 1960)…
Comme d’habitude chez Hitchcock, la rigueur est constante que ce soit au niveau du déroulement de l’intrigue que sur le jeu des acteurs, absolument parfait…
Très intéressant dans sa segmentation scénaristique, « Psychose » comporte quelques séquences chocs amplifiés par la musique de Bernard Herrmann au diapason de l’angoisse, qui érige le film en classique du cinéma, propulsant Anthony Perkins (peu connu avant) en star mondial (on regrettera le catalogage de ce dernier dans des rôles de psychopathes car son talent aurait bien pu se décliner dans des rôles plus diversifiés)…
Hitchcock se sert du levier érotique de la belle Janet Leigh et n’hésite à la mettre, à plusieurs reprises, en soutien gorge, ce qui accentue l’aspect féminin de l’actrice, la rendant par conséquent, plus vulnérable aux yeux de Bates…
Norman Bates, de par sa double personnalité, communique la frayeur lorsque le spectateur découvre le pot aux roses et dès lors, « Psychose » se mute en film d’épouvante avec des passages de folie furieuse qui lui valurent une interdiction aux moins de seize ans…
Il alimenta le cinéma et le bestiaire de tueurs dans de nombreux métrages qui s’inspirèrent de sa trame et de la personnalité du tueur, « Psychose », outre le côté événementiel et précurseur qu’il déploya, fout vraiment la trouille et même si on connaît l’histoire depuis des lustres, on se fait avoir à chaque fois !
Hitchcock est un visionnaire (la scène de l’évier en corrélation avec l’œil de la victime a été reprise plusieurs fois par Dario Argento !), il préfigure le cinéma de genre avant tout le monde et rend ses lettres de noblesse au thriller, genre balbutiant alors…
« Psychose » avec des qualités narratives indéniables est, de plus, sublimé par le noir et blanc voulu par Hitchcock, renforçant l’aspect glauque et poisseux du motel de Norman Bates…
Etrange voire insolite (la taxidermie), la personnalité de Bates va prendre son essor lors de la révélation finale foudroyante qui a traumatisé toute une génération de cinéphiles, les yeux d’Anthony Perkins et ce regard qu’il a sont proprement terrifiants et l’analyse du psychiatre démonte tous les mécanismes de la pathologie du tueur avec une facilité de compréhension et une aisance d’appréhension pour le spectateur qui se prend le film comme une mandale en pleine tronche !
L’un des cinq films d’épouvante les plus réussis de tous les temps !

Note : 10/10






samedi 5 septembre 2015

Serpico de Sidney Lumet, 1973

SERPICO
de Sidney Lumet
1973
Etats-Unis
Avec Al Pacino, Cornelia Sharpe, John Randolph, Jack Kehoe, Barbara Eda Young, Biff Mac Guire, F. Murray Abraham
125 minutes
Chronique de moeurs
Édité en DVD chez Studiocanal
Budget : 1 million de dollars
Bénéfices aux Etats-Unis : 27 millions de dollars approximativement
Synopsis :
New York, années 70…
Frank Serpico dit Paco est un nouvel arrivant au sein de la police de la ville, il doit s’acclimater à ses fonctions et découvre fissa que la corruption règne…
Que ce soit le gérant d’un bar, Charlie, ou les indicateurs, les malfrats payent les flics pour que ces derniers gardent le silence sur les activités illégales, comme la vente de cannabis ou les restaurants gratuits en échange de la non application de verbalisation pour une voiture garée en double file…
Ecoeuré par cette impunité assumée, Serpico se démarque de ses collègues en restant toujours honnête en toutes circonstances, il fait la connaissance de la belle Leslie Lane lors d’un cours d’espagnol, cette dernière étant danseuse pour un ballet…
Ami des animaux, Serpico adopte un chien et vit dans son appartement situé à Greenwich Village, il fait figure de marginal, refusant de mettre l’uniforme et s’habillant comme Monsieur tout le monde, ce qui lui permet de se fondre dans la population et donc de faciliter les arrestations malgré qu’il risque sa vie lors d’interpellations, ses collègues ne le reconnaissant pas forcément du premier coup…
Leslie Lane quitte Serpico pour être remplacée peu de temps après par Laurie, une de ses voisines…
L’étau va se resserrer sur Serpico lorsque celui ci divulgue à l’inspecteur Mac Clain les agissements répétés de corruption de ses collègues, les médias s’emparent de l’affaire et le préfet est furieux…
Bientôt Serpico est menacé et une infiltration dans un immeuble tourne mal, il reçoit une balle en plein visage !
Mon avis :
Bien ancré dans le panorama des polars américains du début des années 70, « Serpico » s’en démarque rapidement par un style ultra réaliste et sans fioritures (il suffit de voir la scène de la tentative de viol et le langage crû adopté pour se faire une idée de ce réalisme)…
Lumet aborde des thèmes souvent exploités au cinéma (la corruption, la délinquance, la misère) dans des conditions telles que l’on ne peut qu’adhérer à son personnage principal incarné par Pacino (qui trouve ici un de ses meilleurs rôles), modèle d’honnêteté face à un système gangréné jusqu’à la moelle…
Film sur les dérives institutionnelles et en même temps non dénué d’action, « Serpico » est donc moins un polar qu’une chronique de mœurs et Lumet l’a bien compris et appuie son propos sur des thématiques tabous, encore pratiquées de nos jours…
L’interprétation est carrée, la dynamique parfaite et les décors réels, ce qui contribue donc à la qualité du métrage, jamais rébarbatif ou ennuyeux, toujours passionnant et agréable à suivre et porté par un Pacino en état de grâce, impliqué comme rarement un acteur pourrait l’être…
Le montage est nerveux et la ville de New York semble être un microcosme où gravitent des truands, des policiers et même des « policiers truands » aussi antinomique que cela puisse paraître…
Certains passages peuvent provoquer la larme à l’œil tant ils sont déchirants et dramatiques (la rupture avec Laurie, Pacino qui s’accroche comme un fou à la jeune femme, les quartiers noirs de Brooklyn aux escaliers tagués et aux couloirs sales où la misère prolifère, l’incompréhension puis la répulsion des collègues de Serpico, la scène finale dans l’hôpital)…
Bref, tous ces éléments font sans conteste de « Serpico » un excellent film, aussi atypique et marginal que son principal personnage, on en sort hagard et légèrement secoué tant la force de son propos décuple l’intérêt que l’on a eu à le visionner…
Du très grand cinéma.

Note : 10/10