BUFFET
FROID
de
Bertrand Blier
France
1979
Avec
Gérard Depardieu, Bernard Blier, Jean Carmet, Carole Bouquet, Michel Serrault,
Denise Gence, Geneviève Page
95
minutes
Insolite/Fantastique
Produit
par Alain Sarde
César
du meilleur scénario en 1980
Box
office en France : 777 000 entrées
Edité
en DVD chez Studiocanal
Synopsis :
Quartier
de la Défense et un village du Jura, fin des années 70…
Alphonse
Tram, un chômeur à la carrure solide végète dans le quai d’un RER, il rencontre
fortuitement un homme et essaye d’entamer une discussion avec lui afin de
briser sa solitude, l’homme refuse et Alphonse lui tend un couteau à cran d’arrêt…
Plus
tard, Alphonse retrouve le même homme gisant au sol, un couteau planté dans le
ventre…
Alphonse
rentre chez lui, dans une tour de la Défense, alors quasi inoccupée, il y
retrouve son épouse…
L’inspecteur
Morvandiau, un homme débonnaire et austère à la fois, est le second locataire
de la tour, la femme d’Alphonse est
retrouvée assassinée étranglée !
Morvandiau
et Alphonse se rendent sur les lieux du meurtre…
Le
coupable est un vieil homme, poltron et trouillard, bizarrement il n’est pas
arrêté alors que tous les mobiles convergent vers sa culpabilité évidente…
De
fil en aiguille, les trois hommes vont aller en rencontres saugrenues et s’échappent
de la zone urbaine pour atterrir dans un endroit bucolique et montagneux…
Ils
vont tous trois rencontrer la mort !
Mon
avis :
Avec
un scénario écrit en deux semaines, Bertrand Blier a sonné à la porte de
nombreux producteurs qui refusèrent son offre de financer « Buffet froid »
jugeant le projet ridicule, ce n’est que grâce à un Oscar qu’il obtint pour le
film « Préparez les mouchoirs » que Blier put financer son métrage qu’Alain
Sarde accepta de mettre en chantier…
Le
film s’emprunte à un néo surréalisme proche de Luis Bunuel ou d’Eugène Ionesco,
les séquences semblent n’avoir aucun lien logique entre elles et les
personnages naviguent à contre-courant de ce qu’ils devraient accomplir (Blier,
inspecteur, n’arrête pas les malfaiteurs, Depardieu se contrefiche du décès de
sa femme, Carmet est à la fois torturé et affabulateur mais suit ses deux
compères comme pour éviter les affres de la solitude, la femme blonde demande à
être aimée mais ne parvient pas à assouvir ses pulsions sexuelles…).
Il
faut une sacrée rigueur pour mettre un tel film en images et Blier s’en sort
avec les honneurs avec certains plans où la position de la caméra a été décidée
au dernier moment, le film a été conçu en « live » suivant les idées
de chacun et le trio Blier/Depardieu/Carmet fait le reste, porté par une grâce
inouïe et un sens de l’interprétation dément…
Hyper
exigeant, Bertrand Blier donne avec « Buffet froid » un nouveau
regard, un nouveau style à la comédie teintée d’humour noir et son film est
très intéressant dans cette démarche qu’il a de bousculer les codes, les
conventions scénaristiques, par conséquent
« Buffet froid » n’eut pas un succès public et l’accueil fut
mitigé, les spectateurs demandant parfois à être remboursés à la sortie de la
projection !
Les
décors ont un rôle très important dans le film, témoignage d’une urbanisation
froide voire austère, qui s’intègre parfaitement dans la « glauquitude »
de l’histoire qui se conclut en prenant le contrepied de son début avec des
paysages montagneux et verdoyants, antichambre de la mort, puisque Carole Bouquet
représente l’incarnation de celle-ci…
Le
dénouement est aussi iconoclaste que le reste du film et sorti du visionnage,
il est difficile de se remettre les pieds sur terre, Bertrand Blier nous a
embarqués dans un spectacle lunaire et onirique dont l’empreinte restera gravée
à jamais…
Restituant
des tas de parallèles entre les personnages, appuyés par des métaphores à la
fois glaçantes et déjantées, « Buffet froid » s’apparente moins à une
comédie burlesque qu’à un film fantastique, tant il est teinté de références
Bunuelisantes, propulsées par le talent absolu de son réalisateur…
Tout
cinéphile se doit d’avoir vu « Buffet froid » au moins une fois dans
sa vie…
Note :
10/10
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