samedi 5 septembre 2015

Serpico de Sidney Lumet, 1973

SERPICO
de Sidney Lumet
1973
Etats-Unis
Avec Al Pacino, Cornelia Sharpe, John Randolph, Jack Kehoe, Barbara Eda Young, Biff Mac Guire, F. Murray Abraham
125 minutes
Chronique de moeurs
Édité en DVD chez Studiocanal
Budget : 1 million de dollars
Bénéfices aux Etats-Unis : 27 millions de dollars approximativement
Synopsis :
New York, années 70…
Frank Serpico dit Paco est un nouvel arrivant au sein de la police de la ville, il doit s’acclimater à ses fonctions et découvre fissa que la corruption règne…
Que ce soit le gérant d’un bar, Charlie, ou les indicateurs, les malfrats payent les flics pour que ces derniers gardent le silence sur les activités illégales, comme la vente de cannabis ou les restaurants gratuits en échange de la non application de verbalisation pour une voiture garée en double file…
Ecoeuré par cette impunité assumée, Serpico se démarque de ses collègues en restant toujours honnête en toutes circonstances, il fait la connaissance de la belle Leslie Lane lors d’un cours d’espagnol, cette dernière étant danseuse pour un ballet…
Ami des animaux, Serpico adopte un chien et vit dans son appartement situé à Greenwich Village, il fait figure de marginal, refusant de mettre l’uniforme et s’habillant comme Monsieur tout le monde, ce qui lui permet de se fondre dans la population et donc de faciliter les arrestations malgré qu’il risque sa vie lors d’interpellations, ses collègues ne le reconnaissant pas forcément du premier coup…
Leslie Lane quitte Serpico pour être remplacée peu de temps après par Laurie, une de ses voisines…
L’étau va se resserrer sur Serpico lorsque celui ci divulgue à l’inspecteur Mac Clain les agissements répétés de corruption de ses collègues, les médias s’emparent de l’affaire et le préfet est furieux…
Bientôt Serpico est menacé et une infiltration dans un immeuble tourne mal, il reçoit une balle en plein visage !
Mon avis :
Bien ancré dans le panorama des polars américains du début des années 70, « Serpico » s’en démarque rapidement par un style ultra réaliste et sans fioritures (il suffit de voir la scène de la tentative de viol et le langage crû adopté pour se faire une idée de ce réalisme)…
Lumet aborde des thèmes souvent exploités au cinéma (la corruption, la délinquance, la misère) dans des conditions telles que l’on ne peut qu’adhérer à son personnage principal incarné par Pacino (qui trouve ici un de ses meilleurs rôles), modèle d’honnêteté face à un système gangréné jusqu’à la moelle…
Film sur les dérives institutionnelles et en même temps non dénué d’action, « Serpico » est donc moins un polar qu’une chronique de mœurs et Lumet l’a bien compris et appuie son propos sur des thématiques tabous, encore pratiquées de nos jours…
L’interprétation est carrée, la dynamique parfaite et les décors réels, ce qui contribue donc à la qualité du métrage, jamais rébarbatif ou ennuyeux, toujours passionnant et agréable à suivre et porté par un Pacino en état de grâce, impliqué comme rarement un acteur pourrait l’être…
Le montage est nerveux et la ville de New York semble être un microcosme où gravitent des truands, des policiers et même des « policiers truands » aussi antinomique que cela puisse paraître…
Certains passages peuvent provoquer la larme à l’œil tant ils sont déchirants et dramatiques (la rupture avec Laurie, Pacino qui s’accroche comme un fou à la jeune femme, les quartiers noirs de Brooklyn aux escaliers tagués et aux couloirs sales où la misère prolifère, l’incompréhension puis la répulsion des collègues de Serpico, la scène finale dans l’hôpital)…
Bref, tous ces éléments font sans conteste de « Serpico » un excellent film, aussi atypique et marginal que son principal personnage, on en sort hagard et légèrement secoué tant la force de son propos décuple l’intérêt que l’on a eu à le visionner…
Du très grand cinéma.

Note : 10/10






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