SERPICO
de Sidney
Lumet
1973
Etats-Unis
Avec Al Pacino, Cornelia Sharpe,
John Randolph, Jack Kehoe, Barbara Eda Young, Biff Mac Guire, F. Murray Abraham
125 minutes
Chronique
de moeurs
Édité
en DVD chez Studiocanal
Budget :
1 million de dollars
Bénéfices
aux Etats-Unis : 27 millions de dollars approximativement
Synopsis :
New
York, années 70…
Frank
Serpico dit Paco est un nouvel arrivant au sein de la police de la ville, il
doit s’acclimater à ses fonctions et découvre fissa que la corruption règne…
Que
ce soit le gérant d’un bar, Charlie, ou les indicateurs, les malfrats payent
les flics pour que ces derniers gardent le silence sur les activités illégales,
comme la vente de cannabis ou les restaurants gratuits en échange de la non
application de verbalisation pour une voiture garée en double file…
Ecoeuré
par cette impunité assumée, Serpico se démarque de ses collègues en restant
toujours honnête en toutes circonstances, il fait la connaissance de la belle Leslie
Lane lors d’un cours d’espagnol, cette dernière étant danseuse pour un ballet…
Ami
des animaux, Serpico adopte un chien et vit dans son appartement situé à
Greenwich Village, il fait figure de marginal, refusant de mettre l’uniforme et
s’habillant comme Monsieur tout le monde, ce qui lui permet de se fondre dans
la population et donc de faciliter les arrestations malgré qu’il risque sa vie
lors d’interpellations, ses collègues ne le reconnaissant pas forcément du
premier coup…
Leslie
Lane quitte Serpico pour être remplacée peu de temps après par Laurie, une de
ses voisines…
L’étau
va se resserrer sur Serpico lorsque celui ci divulgue à l’inspecteur Mac Clain les
agissements répétés de corruption de ses collègues, les médias s’emparent de l’affaire
et le préfet est furieux…
Bientôt
Serpico est menacé et une infiltration dans un immeuble tourne mal, il reçoit
une balle en plein visage !
Mon
avis :
Bien
ancré dans le panorama des polars américains du début des années 70, « Serpico »
s’en démarque rapidement par un style ultra réaliste et sans fioritures (il
suffit de voir la scène de la tentative de viol et le langage crû adopté pour
se faire une idée de ce réalisme)…
Lumet
aborde des thèmes souvent exploités au cinéma (la corruption, la délinquance,
la misère) dans des conditions telles que l’on ne peut qu’adhérer à son
personnage principal incarné par Pacino (qui trouve ici un de ses meilleurs
rôles), modèle d’honnêteté face à un système gangréné jusqu’à la moelle…
Film
sur les dérives institutionnelles et en même temps non dénué d’action, « Serpico »
est donc moins un polar qu’une chronique de mœurs et Lumet l’a bien compris et
appuie son propos sur des thématiques tabous, encore pratiquées de nos jours…
L’interprétation
est carrée, la dynamique parfaite et les décors réels, ce qui contribue donc à
la qualité du métrage, jamais rébarbatif ou ennuyeux, toujours passionnant et
agréable à suivre et porté par un Pacino en état de grâce, impliqué comme
rarement un acteur pourrait l’être…
Le
montage est nerveux et la ville de New York semble être un microcosme où
gravitent des truands, des policiers et même des « policiers truands »
aussi antinomique que cela puisse paraître…
Certains
passages peuvent provoquer la larme à l’œil tant ils sont déchirants et
dramatiques (la rupture avec Laurie, Pacino qui s’accroche comme un fou à la
jeune femme, les quartiers noirs de Brooklyn aux escaliers tagués et aux
couloirs sales où la misère prolifère, l’incompréhension puis la répulsion des
collègues de Serpico, la scène finale dans l’hôpital)…
Bref,
tous ces éléments font sans conteste de « Serpico » un excellent
film, aussi atypique et marginal que son principal personnage, on en sort
hagard et légèrement secoué tant la force de son propos décuple l’intérêt que l’on
a eu à le visionner…
Du
très grand cinéma.
Note :
10/10
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