LES
FRISSONS DE L’ANGOISSE
de Dario
Argento
1975
avec
David Hemmings, Daria Nicolodi, Macha Méril, Nicoletta Elmi, Gabriele Lavia,
Clara Calamai
Giallo
thriller fabuleux
126
minutes (version intégrale)
Edité
entre autres chez Wild side (blu ray/DVD)
aka Profondo rosso
aka Deep red
Musique
de Goblin
Scénario
de Bernadino Zapponi et Dario Argento
Synopsis :
Ville
de Turin, Italie, milieu des années soixante-dix…
Helga
Ulmann est une médium qui pratique la télépathie, la jeune femme donne une
conférence, elle dit « sentir » la présence de quelqu’un de
malveillant…
Marcus
Daly, un jeune homme pianiste, discute avec son ami Carlo, ils se trouvent sur
une place de la ville et il est tard…
Soudain,
ils entendent un cri strident qui résonne d’un bâtiment adjacent ! C’est
Madame Ulmann, elle se fait assassiner ; Marcus fonce à son domicile et la
trouve empalée par la poitrine à sa fenêtre, la police arrive sur place et
conclut à un décès par homicide…
Une
journaliste, Gianna Brezzi, prend Marcus
en photo et ce dernier fait la une des journaux locaux…
Ce n’est
que quand Marcus échappe lui-même à la mort qu’il décide de mener sa propre
enquête sur la mort de la médium, il est épaulé par Gianna…
Ses
pérégrinations vont l’amener à raisonner dans l’inconscient du tueur et les
découvertes qu’il va faire seront effroyables…
Mon
avis :
Tourné
en trois mois et dix jours, « Les frissons de l’angoisse » est le
meilleur film de Dario Argento, il y distille toutes ses obsessions cinéphiliques
et fait preuve d’un talent, d’une recherche graphique incroyable et sidérante…
Son
film est autant psychotique que la personnalité du tueur principal et nous
sommes dans la période pré-Bavaienne d’Argento, deux ans avant « Suspiria »
donc pas d’exubérances dans les couleurs mais on note déjà des plans séquences
axés sur la symétrie et les gros plans de robinets et d’éviers qui se vident et
également le délire obsessionnel argentesque pour les bris de verre (que l’on
trouve pratiquement dans tous ses films !)…
La
référence à « Blow up » d’Antonioni est nette et Argento emploie le
même acteur (David Hemmings) et Daria Nicolodi, qui deviendra sa femme…
La
musique stridente de Goblin illumine l’anxiogénéité du film et transcende les
passages d’angoisse, notamment lors de l’excursion dans la villa, véritable
moment de flippe !
Il
ne faut pas trop en raconter sinon cela gâcherait l’impact du film, mais ce qui
est sûr, c’est qu’il faut au moins deux visionnages pour l’apprécier et capter
la démarche qu’Argento a voulu impulser…
Summum
du thriller italien, summum du giallo, « Les frissons de l’angoisse »
est un hommage aux films d’Hitchcock avec un côté latin ; très impressionnant
et précis dans la terreur qu’il insuffle, « Profondo rosso » est un
film qui fait très peur et lorsque la double identité du tueur est révélée, on
reçoit une décharge d’adrénaline et on ne peut s’empêcher d’avoir les poils qui
se dressent…
Le
scénario est particulièrement habile, d’ailleurs Argento ne l’a pas écrit seul
mais s’est fait aider par Bernardino Zapponi, déjà responsable du script de
(tenez-vous bien) « Felllini Roma » !
Film
où l’eau a beaucoup d’importance (régurgitée par Macha Méril lors de la
conférence, bouillante pour tuer dans la scène atroce de la baignoire, servant
à soulager Carlo, l’ami de Marcus quand il se prend une cuite, et remontée par
la bouche lors de la scène du collier pris dans l’ascenseur), « Les
frissons de l’angoisse » balade complètement le spectateur dans un flux
ininterrompu de scènes terrifiantes et Argento peaufine son style par des gros
plans qui font mouche (la goutte de sueur qui dégouline de la tempe de Marcus
lors de son agression, le microsillon qui se pose sur le disque vinyl ou l’œil en
gros plan –qui sera repris dans « Ténèbres » sept années plus tard…).
Argento
bouscule, renverse, efface et réinvente les codifications du giallo pour régner
en maitre du genre et surpasser tous les autres avec « Deep red », il
façonne tel un architecte visionnaire les fondations d’un genre que l’on
pensait uniquement populaire alors qu’Argento en fait l’archétype du thriller
moderne ; doué et sincère, il hisse son style et sa patte personnelle au
sommet de son art, déjà entamé avec ses trois films précédents (« L’oiseau
au plumage de cristal », « Quatre mouches de velours gris » et « Le
chat à neuf queues »), il a bonifié son cinéma et s’est envolé avec « Les
frissons de l’angoisse » qui lui servira de tremplin pour asseoir sa
réputation de cinéaste culte…
Inutile
de dire qu’il est impératif d’avoir vu « Les frissons de l’angoisse »
si l’on se considère cinéphile…
Note :
10/10 immortel
Dédicacé
à Bruno Terrier, David Mutelet, Lionel Corso, Patrick Lang, Daniel Aprin,
Bertrand Lesaffre, Christina Massart, Bruno Dussart et Pierre Jean Gabriel
Bertrand
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