samedi 17 septembre 2016

Les frissons de l'angoisse de Dario Argento, 1975

LES FRISSONS DE L’ANGOISSE
de Dario Argento
1975
avec David Hemmings, Daria Nicolodi, Macha Méril, Nicoletta Elmi, Gabriele Lavia, Clara Calamai
Giallo thriller fabuleux
126 minutes (version intégrale)
Edité entre autres chez Wild side (blu ray/DVD)
aka Profondo rosso
aka Deep red
Musique de Goblin
Scénario de Bernadino Zapponi et Dario Argento
Synopsis :
Ville de Turin, Italie, milieu des années soixante-dix…
Helga Ulmann est une médium qui pratique la télépathie, la jeune femme donne une conférence, elle dit « sentir » la présence de quelqu’un de malveillant…
Marcus Daly, un jeune homme pianiste, discute avec son ami Carlo, ils se trouvent sur une place de la ville et il est tard…
Soudain, ils entendent un cri strident qui résonne d’un bâtiment adjacent ! C’est Madame Ulmann, elle se fait assassiner ; Marcus fonce à son domicile et la trouve empalée par la poitrine à sa fenêtre, la police arrive sur place et conclut à un décès par homicide…
Une journaliste,  Gianna Brezzi, prend Marcus en photo et ce dernier fait la une des journaux locaux…
Ce n’est que quand Marcus échappe lui-même à la mort qu’il décide de mener sa propre enquête sur la mort de la médium, il est épaulé par Gianna…
Ses pérégrinations vont l’amener à raisonner dans l’inconscient du tueur et les découvertes qu’il va faire seront effroyables…
Mon avis :
Tourné en trois mois et dix jours, « Les frissons de l’angoisse » est le meilleur film de Dario Argento, il y distille toutes ses obsessions cinéphiliques et fait preuve d’un talent, d’une recherche graphique incroyable et sidérante…
Son film est autant psychotique que la personnalité du tueur principal et nous sommes dans la période pré-Bavaienne d’Argento, deux ans avant « Suspiria » donc pas d’exubérances dans les couleurs mais on note déjà des plans séquences axés sur la symétrie et les gros plans de robinets et d’éviers qui se vident et également le délire obsessionnel argentesque pour les bris de verre (que l’on trouve pratiquement dans tous ses films !)…
La référence à « Blow up » d’Antonioni est nette et Argento emploie le même acteur (David Hemmings) et Daria Nicolodi, qui deviendra sa femme…
La musique stridente de Goblin illumine l’anxiogénéité du film et transcende les passages d’angoisse, notamment lors de l’excursion dans la villa, véritable moment de flippe !
Il ne faut pas trop en raconter sinon cela gâcherait l’impact du film, mais ce qui est sûr, c’est qu’il faut au moins deux visionnages pour l’apprécier et capter la démarche qu’Argento a voulu impulser…
Summum du thriller italien, summum du giallo, « Les frissons de l’angoisse » est un hommage aux films d’Hitchcock avec un côté latin ; très impressionnant et précis dans la terreur qu’il insuffle, « Profondo rosso » est un film qui fait très peur et lorsque la double identité du tueur est révélée, on reçoit une décharge d’adrénaline et on ne peut s’empêcher d’avoir les poils qui se dressent…
Le scénario est particulièrement habile, d’ailleurs Argento ne l’a pas écrit seul mais s’est fait aider par Bernardino Zapponi, déjà responsable du script de (tenez-vous bien) « Felllini Roma » !
Film où l’eau a beaucoup d’importance (régurgitée par Macha Méril lors de la conférence, bouillante pour tuer dans la scène atroce de la baignoire, servant à soulager Carlo, l’ami de Marcus quand il se prend une cuite, et remontée par la bouche lors de la scène du collier pris dans l’ascenseur), « Les frissons de l’angoisse » balade complètement le spectateur dans un flux ininterrompu de scènes terrifiantes et Argento peaufine son style par des gros plans qui font mouche (la goutte de sueur qui dégouline de la tempe de Marcus lors de son agression, le microsillon qui se pose sur le disque vinyl ou l’œil en gros plan –qui sera repris dans « Ténèbres » sept années plus tard…).
Argento bouscule, renverse, efface et réinvente les codifications du giallo pour régner en maitre du genre et surpasser tous les autres avec « Deep red », il façonne tel un architecte visionnaire les fondations d’un genre que l’on pensait uniquement populaire alors qu’Argento en fait l’archétype du thriller moderne ; doué et sincère, il hisse son style et sa patte personnelle au sommet de son art, déjà entamé avec ses trois films précédents (« L’oiseau au plumage de cristal », « Quatre mouches de velours gris » et « Le chat à neuf queues »), il a bonifié son cinéma et s’est envolé avec « Les frissons de l’angoisse » qui lui servira de tremplin pour asseoir sa réputation de cinéaste culte…
Inutile de dire qu’il est impératif d’avoir vu « Les frissons de l’angoisse » si l’on se considère cinéphile…
Note : 10/10 immortel

Dédicacé à Bruno Terrier, David Mutelet, Lionel Corso, Patrick Lang, Daniel Aprin, Bertrand Lesaffre, Christina Massart, Bruno Dussart et Pierre Jean Gabriel Bertrand






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