CONTRONATURA
d’Antonio
Margheriti
1969
Italie/Allemagne
avec Marianne Koch, Joachim
Fuchsberger, Helga Anders, Claudio Camaso, Dominique Boschero
Film
fantastique gothique
87
minutes
Edité
en DVD chez Artus films
Synopsis :
Grande-
Bretagne, dans les années vingt…
Ben
Taylor et sa femme Viviane doivent effectuer une transaction financière,
sortant d’une maison de jeux, Alfred Sinclair, un beau brun playboy qui fait fureur
auprès de la gente féminine, est promu pour être l’homme de main de Taylor, ses
conquêtes sont Elisabeth et Margaret, deux superbes femmes…
Archibald
Barrett, un notable de la classe aisée, accompagne Taylor et les autres dans un
fiacre, ils partent de nuit ; hélas un terrible orage éclate et le
véhicule s’embourbe !
Ne
pouvant continuer, les protagonistes trouvent refuge dans un chalet, ancien
hôtel, où vivent Uriat, un quinquagénaire et sa mère…
D’abord
intrigués, les visiteurs se demandent si la mère d’Uriat ne serait pas aveugle,
ce dernier leur explique qu’elle est en état de « transe », le fils
et sa mère étaient en train de pratiquer une séance de spiritisme, ils invitent
leurs hôtes à y participer…
D’abord
réticents, ces derniers finissent par accepter, la terrible vérité va pouvoir
éclater au plein jour, alors que Margaret pratique un jeu saphique dans la
chambre…
Et
si la fortune amassée par Ben Taylor n’était qu’une source de faits illégaux ?
Ponctuée
de flashbacks, la séance de spiritisme vire au cauchemar et une vengeance
inopinée de la part d’Uriat va transformer la nuit en un véritable calvaire !
Mon
avis :
Totalement
inédit en France et même en VHS, « Contronatura » est donc un film
particulièrement rare et précieux et inutile de dire qu’encore une fois Artus
films frappe très fort en le sortant, tout cinéphile fanatique de bis italien
ne pourra que trouver son bonheur dans ce métrage très esthétisé où Margheriti
s’est particulièrement appliqué à dégager une atmosphère gothique, alors que ce
genre semblait délaissé puisqu’il connut son âge d’or les années précédentes…
Margheriti
dose savamment baroque, érotisme, film de demeures, huis clos et connotations
paranormales pour accoucher d’un de ses meilleurs films, il a soigné les
décors, les plans séquences en les dotant d’un fort potentiel graphique qui
fait nettement illusion par des trouvailles techniques qui relèvent du haut du
panier, inhabituelles pour ce genre de productions…
Le
premier quart d’heure sert d’exposition et de présentation des personnages,
puis « Contronatura » se mute en huis clos décliné habilement par des
flashbacks qui font comprendre au spectateur pourquoi les protagonistes ont
atterri là…
Un
scénario machiavélique très précis intègre les faits et gestes passés de Taylor
et le film prend alors un essor insoupçonné qui met tout le monde par terre ;
47 ans avant Tarantino et ses « Huit salopards », Margheriti se sert
du huis clos et de la répétition de plans tournés sous un autre angle pour
scotcher les cinéphiles que nous sommes et nous asséner une mandale dans les
dix dernières minutes, véritable virage dans l’histoire, qui va propulser l’intrigue
de manière prodigieuse…
Le
montage alterné avec la chasse à courre et les ébats langoureux des deux
nymphes, l’austérité qui règne dans le chalet, le générique avec la pluie torrentielle
sont autant d’éléments qui confèrent à la qualité de « Contronatura »,
gothic movie à part si on le compare à ses prédécesseurs et qui n’a rien à leur
envier, tant la précision dont fait preuve Margheriti est imparable…
Tour
à tour envoutant et insolite, « Contronatura » est une tentative
réussie de régénérer le genre du film gothique, l’interprétation sonne juste et
le climat qui se dégage très atmosphérique, seul bémol, le final avec des
moyens ridicules (la maison en miniature lors de l’inondation) mais ceci est un
détail…
Les
belles actrices donnent un charme capiteux et n’hésitent nullement à dénuder
leurs superbes corps dans des saynètes plutôt osées pour l’époque, ce qui
vaudra à « Contronatura » une interdiction aux moins de seize ans,
mais, comparé aux films actuels, cela reste un érotisme relativement sage, qui
plaira aux érotomanes…
A
noter que le DVD d’Artus ne comporte pas de piste audio française mais les deux
versions allemandes et italiennes sous-titrées en français…
Encore
une fois un travail remarquable de la part de cette maison d’éditions, « Contronatura »
se savoure avec le plus grand plaisir et marque d’une pierre blanche le genre
gothique…
A
visionner pour tout fan de cinéma baroque…
Note :
9/10
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire