samedi 4 février 2017

Hasta la vista de Geoffrey Enthoven, 2011

HASTA LA VISTA
de Geoffrey Enthoven
2011
Belgique/France
avec Gilles de Schrijver, Robrecht Vanden Thoren, Tom Audenaert, Isabelle de Hertogh, Asta Philpot
Fable humaniste
113 minutes
Distribué par Claude Lelouch
aka Come as you are
Synopsis :
Une ville de Belgique, années 2010…
Philip, Lars et Jozef sont trois amis qui souffrent chacun d’un très lourd handicap, Lars et Philip sont cloués dans un fauteuil roulant et Jozef est aveugle ; les trois jeunes adultes ont une vingtaine d’années et souhaitent perdre leur virginité, aussi ils se renseignent et achètent une place pour un séjour en Espagne, au sein d’une maison de passes de luxe…
Ayant menti à leurs parents, Philip, Lars et Jozef sont convoyés par Claude, une ex infirmière qui sera leur chauffeur…
Le périple ne s’effectue pas de manière facile et Claude, au vu de son obésité, est la cible de moquerie de la part de Philip et Lars qui la surnomment « Mammouth », mais très vite des liens inattendus vont se tisser entre les trois handicapés et Claude, jusqu’à ce que ces derniers arrivent en Espagne…
Lars, de par sa maladie incurable, risque de décéder à tout moment, il rencontre une belle Espagnole…
Claude se prend finalement d’affection pour Jozef…
Claude reste en liaison secrètement avec les parents des trois jeunes, qui se résignent à laisser libre cours aux aspirations de leurs fils respectifs…
Le film suit leurs pérégrinations et communique au spectateur une leçon de vie, dans la bonne humeur et la pudeur, chacune des émotions des trois handicapés est retranscrite de façon humaine et réaliste, mais jamais en misant sur le misérabilisme…
Mon avis :
« Hasta la Vista » est simplement un film sensationnel, bluffant du début à la fin et qui suit une trajectoire très marginale avec une conviction et un sens de l’humanité absolument sidérants ; les moyens pour diriger les acteurs ont dû être extrêmement difficiles (et oui, dans les bonus on apprend qu’il s’agit de comédiens valides et non pas handicapés qui tiennent les rôles principaux, c’est une gageure inimaginable !), l’histoire est faite sous forme d’un road movie et dès le début on s’attache à ces trois personnes grâce à une réalisation fluide et humaine, qui ne prend pas de distances avec la vie en situation de handicap mais qui reste réaliste et simple…
Le personnage de Claude est un peu la « mère », ou plutôt la « nourrice » dévouée corps et âme et son implication est très touchante, elle est plus que la conductrice du minibus, elle est le REPERE pour ces handicapés qui vont leur permettre d’accomplir leurs REVES ; le but est établi de manière frontale et ces trois jeunes gens ont la VOLONTE inoxydable de rendre réelle leur ambition…
Tout est dosé au millimètre près dans la réalisation de Geoffrey Enthoven et il se permet même des passages de technique cinématographique assez bluffants (le rétroviseur lorsque les portables sont balancés sur la route), il n’y a aucun misérabilisme ni nihilisme dans « Hasta la Vista » mais une peinture (parfois même drôle et cocasse) de la vie, des moyens que l’on met pour atteindre un objectif fixé et de l’entraide mutuel qui sert de levier dans cette solidarité, « Hasta la vista » est un bain de jouvence et un film qui fait plaisir à voir…
Le spectateur est ballotté de droite à gauche et suit l’itinéraire de ces trois handicapés, un peu comme dans « Intouchables » mais d’une façon encore plus frontale et appuyée, il dépasse son homologue de très loin !
Geoffrey Enthoven parvient avec « Hasta la vista » à entremêler bonne humeur avec gravité, pudeur avec des moments solennels, il fait s’entrechoquer des tranches de vie tout simplement avec l’acceptation du handicap et le désir d’avoir du plaisir, très peu de films sont allés aussi loin dans cette recherche du bien- être et parfois le dénouement est déchirant (la scène de la plage), on sort du visionnage abasourdis et sincèrement déroutés, mais pas perturbés car il flotte à la surface de ce film un sentiment de bonheur, de refus de regretter…
« Hasta la vista » est une leçon de vie qui va droit au cœur, le parti-pris est de raconter une fable et là, Enthoven frappe dans le mille…
Un immense merci à Claude Lelouch de s’être battu pour distribuer le film dans l’hexagone, il a donné son temps et son énergie pour faire découvrir « Hasta la vista » à un grand nombre de spectateurs, ce qui est tout à son honneur !
A la fois comédie dramatique, conte sur le handicap, road movie et même belle histoire d’amour et d’amitié, « Hasta la vista » est un pur chef d’œuvre que je vous recommande lourdement de visionner, sa marginalité et son sens oecuménique de l’universalité et de la quête du bonheur le propulsent dans la cour des grands…
Dédié à Frédéric que je remercie pour le prêt du DVD

Note : 9.5/10






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