HASTA
LA VISTA
de Geoffrey
Enthoven
2011
Belgique/France
avec
Gilles de Schrijver, Robrecht Vanden Thoren, Tom Audenaert, Isabelle de
Hertogh, Asta Philpot
Fable
humaniste
113
minutes
Distribué
par Claude Lelouch
aka Come as you are
Synopsis :
Une
ville de Belgique, années 2010…
Philip,
Lars et Jozef sont trois amis qui souffrent chacun d’un très lourd handicap,
Lars et Philip sont cloués dans un fauteuil roulant et Jozef est aveugle ;
les trois jeunes adultes ont une vingtaine d’années et souhaitent perdre leur
virginité, aussi ils se renseignent et achètent une place pour un séjour en Espagne,
au sein d’une maison de passes de luxe…
Ayant
menti à leurs parents, Philip, Lars et Jozef sont convoyés par Claude, une ex
infirmière qui sera leur chauffeur…
Le
périple ne s’effectue pas de manière facile et Claude, au vu de son obésité,
est la cible de moquerie de la part de Philip et Lars qui la surnomment « Mammouth »,
mais très vite des liens inattendus vont se tisser entre les trois handicapés
et Claude, jusqu’à ce que ces derniers arrivent en Espagne…
Lars,
de par sa maladie incurable, risque de décéder à tout moment, il rencontre une
belle Espagnole…
Claude
se prend finalement d’affection pour Jozef…
Claude
reste en liaison secrètement avec les parents des trois jeunes, qui se
résignent à laisser libre cours aux aspirations de leurs fils respectifs…
Le
film suit leurs pérégrinations et communique au spectateur une leçon de vie,
dans la bonne humeur et la pudeur, chacune des émotions des trois handicapés
est retranscrite de façon humaine et réaliste, mais jamais en misant sur le
misérabilisme…
Mon
avis :
« Hasta
la Vista » est simplement un film sensationnel, bluffant du début à la fin
et qui suit une trajectoire très marginale avec une conviction et un sens de l’humanité
absolument sidérants ; les moyens pour diriger les acteurs ont dû être
extrêmement difficiles (et oui, dans les bonus on apprend qu’il s’agit de
comédiens valides et non pas handicapés qui tiennent les rôles principaux, c’est
une gageure inimaginable !), l’histoire est faite sous forme d’un road
movie et dès le début on s’attache à ces trois personnes grâce à une
réalisation fluide et humaine, qui ne prend pas de distances avec la vie en
situation de handicap mais qui reste réaliste et simple…
Le
personnage de Claude est un peu la « mère », ou plutôt la « nourrice »
dévouée corps et âme et son implication est très touchante, elle est plus que
la conductrice du minibus, elle est le REPERE pour ces handicapés qui vont leur
permettre d’accomplir leurs REVES ; le but est établi de manière frontale
et ces trois jeunes gens ont la VOLONTE inoxydable de rendre réelle leur
ambition…
Tout
est dosé au millimètre près dans la réalisation de Geoffrey Enthoven et il se
permet même des passages de technique cinématographique assez bluffants (le
rétroviseur lorsque les portables sont balancés sur la route), il n’y a aucun misérabilisme
ni nihilisme dans « Hasta la Vista » mais une peinture (parfois même
drôle et cocasse) de la vie, des moyens que l’on met pour atteindre un objectif
fixé et de l’entraide mutuel qui sert de levier dans cette solidarité, « Hasta
la vista » est un bain de jouvence et un film qui fait plaisir à voir…
Le
spectateur est ballotté de droite à gauche et suit l’itinéraire de ces trois
handicapés, un peu comme dans « Intouchables » mais d’une façon
encore plus frontale et appuyée, il dépasse son homologue de très loin !
Geoffrey
Enthoven parvient avec « Hasta la vista » à entremêler bonne humeur
avec gravité, pudeur avec des moments solennels, il fait s’entrechoquer des
tranches de vie tout simplement avec l’acceptation du handicap et le désir d’avoir
du plaisir, très peu de films sont allés aussi loin dans cette recherche du
bien- être et parfois le dénouement est déchirant (la scène de la plage), on
sort du visionnage abasourdis et sincèrement déroutés, mais pas perturbés car
il flotte à la surface de ce film un sentiment de bonheur, de refus de
regretter…
« Hasta
la vista » est une leçon de vie qui va droit au cœur, le parti-pris est de
raconter une fable et là, Enthoven frappe dans le mille…
Un
immense merci à Claude Lelouch de s’être battu pour distribuer le film dans l’hexagone,
il a donné son temps et son énergie pour faire découvrir « Hasta la vista »
à un grand nombre de spectateurs, ce qui est tout à son honneur !
A la
fois comédie dramatique, conte sur le handicap, road movie et même belle
histoire d’amour et d’amitié, « Hasta la vista » est un pur chef d’œuvre
que je vous recommande lourdement de visionner, sa marginalité et son sens oecuménique
de l’universalité et de la quête du bonheur le propulsent dans la cour des
grands…
Dédié
à Frédéric que je remercie pour le prêt du DVD
Note :
9.5/10
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