ELEPHANT
de Gus
Van Sant
2003
Etats-Unis
avec
Alex Frost, John Robinson, Elias Mc Connell, Eric Deulen, Carrie Finklea
78
minutes
Chronique
sociale
Palme
d’or au festival de Cannes 2003
Budget :
3 000 000 dollars
Synopsis :
Une
ville des Etats-Unis, début des années deux mille…
Le
film narre la vie des lycéens Alex, John Mac Farland, Elias, Eric et Carrie,
nous montrant les endroits du lycée, que ce soit la bibliothèque, la cafétéria,
les salles de classe ou les conservatoires où répètent les élèves ; trois
jeunes filles sont anorexiques et se font vomir dans les toilettes après leur
repas, un des jeunes garçons est passionné de photographie et prend
occasionnellement des clichés des camarades qu’il rencontre ; un des
jeunes a un père alcoolique et s’occupe de lui en le ramenant en voiture, de
jeunes lycéennes tombent amoureuse d’un garçon mais celui-ci a une petite amie
jalouse et bagarreuse, une lycéenne refuse de s’habiller en short pour les
cours de sport…
Puis
viennent les personnages d’Alex et Eric, deux jeunes mal dans leur peau et fans
de jeux vidéo violents…
Alex
et Eric commandent des armes par internet et préparent une fusillade dans le
lycée ; dès la livraison des fusils automatiques, lourdement armés, Alex
et Eric prennent la direction du lycée après en avoir étudié le plan dans les
moindres détails…
A
leur arrivée, les deux jeunes tirent sur tout ce qui bouge et commettent l’innommable !
Mon
avis :
Tourné
en vingt jours et d’une durée atypique (soixante- dix- huit minutes), « Elephant »
est un film phénoménal qui restera une œuvre charnière dans l’histoire du
septième art, Gus Van Sant a fait preuve d’une technique narrative et visuelle
sidérantes, il explose les codes de tout ce qu’on avait vu dès lors et signe un
film d’une beauté, d’une singularité autant bouleversante que terrifiante…
Van Sant
choisit de filmer à plusieurs caméras positionnés différemment les plans du
film, du coup la continuité de ce dernier fait répéter certaines séquences,
mais à des niveaux différents, c’est une technique très peu utilisée et qui
donne une efficacité, un pouvoir d’attraction au film absolument bluffants !
Des
fois on se dit « mais comment a-t-il fait ? », tout tombe pile
poil, c’est orchestré et millimétré de façon grandiose, la caméra (souvent en
steadycam) file le long des couloirs, des pièces du lycée et tout est à la
perfection, Van Sant nous balade littéralement, c’est NOUS la caméra
subjective, on est derrière chaque personnage, comme un ŒIL qui le suit…
A ce
degré et ce niveau- là de cinéma, c’est du pur GENIE, on pénètre dans ce lycée
par une porte, on entre dans une pièce, puis dans une autre, les scènes de
foule (la cafétéria) sont vraiment parfaitement formatées au cinéma- vérité, « Elephant »
est un régal de technique, peu de films sont allés aussi loin que celui-ci dans
l’aspect technique, peut- être « L’année dernière à Marienbad » qui possède des similitudes
avec « Elephant »…
Puis
vient la gravité, la grenade qui va tout faire péter : les personnages d’Alex
et Eric, les deux tueurs ; deux adolescents paumés et perturbés, pris pour
cibles par leurs camarades, Van Sant les suit méthodiquement, il montre TOUT,
leur commande par internet, les jeux vidéos violents, la réception des armes à
leur domicile et même leur homosexualité présumée lorsqu’ils s’embrassent, nus
sous la douche….
Très
réalistes et imparables dans leurs réalisations, les scènes de fusillades sont
éprouvantes aux larmes, « Elephant » est doté d’une immense capacité
émotionnelle et je peux vous dire qu’on sort du visionnage dévasté, abasourdi
et collapsé…
« Elephant »
est un film miraculeux que peu d’autres metteurs en scène réussissent à pondre
au moins une fois dans leur carrière…
Un
film coup de poing, une oeuvre essentielle du cinéma, à voir impérativement en
tant que cinéphile, Gus Van Sant a atteint un niveau quasi-parfait avec « Elephant »…
Note :
10/10
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