LES
ENFANTS DU PARADIS
de
Marcel Carné
1945
France
avec
Arletty, Jean-Louis Barrault, Pierre Brasseur, Maria Casarès, Marcel Herrand,
Pierre Renoir
Drame
flamboyant
181
minutes
Scénario
et dialogues de Jacques Prévert
Décors
d’Alexandre Trauner
Musique
de Joseph Kosma
Box-
office en France : 4 700 000 spectateurs
Film
classé au patrimoine mondial de l’Unesco
Synopsis :
Ménilmontant,
1828…
Garance
est amoureuse de Jean-Baptiste Debureau, un pantomime, mais son histoire
affective se complique car Frédérick Lemaitre, un illustre acteur de théâtre
qui souhaite monter une adaptation d’ »Othello » de Shakespeare, est
destiné à Garance, qui est tiraillée entre les deux hommes…
Finalement
Nathalie, une autre comédienne, elle aussi très belle, se mariera avec
Frédérick quelques temps plus tard, de leur union naitra des enfants ;
Pierre-François Lacenaire souhaite condamner Garance pour un supposé vol de
montre alors que cette dernière n’y est pour rien ; accusée à tort,
Garance devra son salut à une carte de visite du comte de Montray, un notable,
sans doute amoureux d’elle, qui l’a pris sous sa protection…
Garance
retrouve Jean-Baptiste et sa vision amoureuse refait surface, elle est
confrontée à un dilemme ; Jean-Baptiste semble être l’incarnation de l’homme
idéal pour Garance mais leur relation est toujours parasitée…
Frédérick
Lemaitre finit par monter la pièce de « Othello », Garance remonte
elle aussi sur les planches…
Le
film suit les chassés croisés amoureux des protagonistes avec une poésie et une
finesse qui fera que l’on s’attache aux personnages, ceux-ci à la fois distants
et proches de la réalité, dans un Paris du début du dix- neuvième siècle
finement reconstitué…
Mon
avis :
Film fleuve,
« Les enfants du paradis » est considéré comme l’œuvre la plus
importante de tout le cinéma français et la puissance de sa réalisation ainsi
que la modernité avec laquelle ce film a été tourné en font un chef d’œuvre
absolu…
Il s’agit
d’une histoire d’amour entre deux artistes, l’une comédienne, l’autre pantomime
et le résultat s’avère bouleversant, mettant en exergue la quête de la liberté
et l’impossibilité de s’aimer librement ; Carné témoigne d’une grande
sensibilité et s’applique à rendre crédible la vie des comédiens en mettant en
parallèle leur vie sur la scène et leur quotidien dans le Paris du début du
dix-neuvième siècle…
Gravitant
dans le monde du spectacle, les personnages de Garance, Frédérick et
Jean-Baptiste s’entrechoquent par le biais de situations arrivant de façon
fortuite ou anodine ; lorsque Garance est accusée du vol d’une montre,
elle ne se doute pas que sa vie va basculer, quant à Baptiste, mime muet, il
semble déconnecté des situations et pourtant tout vient de lui, c’est lui la
pierre angulaire du film qui va faire le bouleversement amoureux vis-à-vis de
Garance…
A ce titre,
la mise en scène de Carné, servie par les dialogues intemporels de Prévert,
joue sur plusieurs registres, tantôt dynamique tantôt contemplative, le
résultat créée ainsi une apothéose inédite dans le septième art, le spectateur
est baladé entre des séquences très toniques (les représentations au théâtre
des funambules, vrombissantes et enjouées) et des investigations, notamment de
Garance, en quête de l’amour absolu mais revenant toujours à ses prémices
amoureux avec le personnage de Jean –Baptiste…
Œuvre
titanesque empreint d’une grande humanité, « Les enfants du paradis »
est doublement méritant puisque certains techniciens ou musiciens étaient
recherchés par la Gestapo, mais Marcel Carné a pris le risque immense de les
intégrer à l’équipe du film dans la clandestinité la plus totale (Alexandre
Trauner pour les décors et Joseph Kosma pour la musique), cette diversité et
prise de risque rendent le film encore plus attachant et Arletty demeure une
icône absolue de la féminité d’après-guerre…
Jean-Louis
Barrault est bouleversant dans le rôle du mime Jean-Baptiste et chacune de ses
apparitions envoûte tout comme elle émeut ; Pierre Brasseur en artiste
confirmé fanatique de Shakespeare voulant jouer « Othello » donne une
prestance et un charisme foudroyant lui aussi…
Novateur
dans son fond comme dans sa forme, « Les enfants du paradis » a, de
plus, des qualités techniques indéniables et folles pour son époque, on note un
plan séquence de deux minutes avec une double symétrie, des passages avec la
foule filmés de haut (un peu comme dans « Un jour se lève ») et des
mouvements de caméra brillantissimes…
Témoignage
absolu du patrimoine tricolore en matière de cinéma, « Les enfants du
paradis » est un chef d’œuvre inoubliable et incandescent, pièce maitresse
incontestée et pur chef d’œuvre ; il convient de le visionner absolument
pour enrichir sa culture de cinéphile et pour admirer le cinéma de Carné,
unique et grandiose…
Une pure
merveille !
Note :
10/10
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