VOYAGE
AU BOUT DE L’ENFER
de Michael
Cimino
1978
Etats-Unis
avec Robert de Niro, Christopher
Walken, Meryl Streep, John Savage, John Cazale, George Dzundza
Guerre/chronique
de moeurs
183
minutes
Blu
ray édité chez Studiocanal
Primé
5 fois aux oscars
aka The
deer hunter
Budget :
15 000 000 dollars
Synopsis :
Etats-Unis,
en 1968, Clairton, une bourgade de Pennsylvanie…
Michael
Vronsky, Nick Chevotarevich et Steven Pushkov sont des jeunes ouvriers qui
travaillent dans la fonderie de la ville, la pénibilité de leur profession les
font fréquenter le bar local où ils se saoulent ; ils s’adonnent à leur
passion : la chasse au cerf et partent en virée dans la montagne, leurs
expéditions sont souvent ponctuées d’engueulades mais cela reste de la franche
camaraderie et les amis sont solidaires quoiqu’il arrive…
Ils
sont d’origine russe et un mariage en grande pompe a lieu, avec, en même temps,
un hommage aux trois hommes puisqu’ils doivent partir combattre au Vietnam…
Lorsque
Michael, Nick et Steven découvrent l’horreur de la guerre, leurs vies vont
basculer…
Prisonniers
au bord d’une rivière par des vietcongs, ils ne devront leur salut qu’à une
partie de roulette russe où ils parviendront à s’enfuir après avoir tué leurs
geôliers…
Ce
moment va leur laisser de graves séquelles traumatiques et seul Michael
parviendra à rentrer aux Etats-Unis…
Linda,
la femme de Steven, donne le numéro de téléphone de son mari à Michael ;
Steven a été amputé des deux jambes et se retrouve en fauteuil (la chute qu’il
avait fait de l’hélicoptère lui a cassé les jambes !) ; Michael se
rend à l’hôpital où est soigné Steven, il y découvre des fortes sommes d’argent
et il comprend que c’est Nick qui lui envoie, pour se dédouaner de son
comportement ; Nick gagne cet argent en faisant des compétitions de
roulette russe !
Devenu
fou, Michael refait 1800 kilomètres et retourne à Saïgon pour sauver et
extirper Nick de ce cauchemar…
Lorsqu’il
arrive sur place, son indicateur, Julien, le guide dans un endroit secret :
Nick est devenu un légume et a perdu tous repères !
La
roulette russe va de pair avec la folie de Nick et Michael sera impuissant à l’en
sortir…
Mon
avis :
« Voyage
au bout de l’enfer » est une claque immense et une leçon de cinéma,
Michael Cimino a osé faire un film qui parle d’un sujet inexploré jusqu’alors
dans le cinéma d’outre Atlantique : la guerre du Vietnam…
Il a
fait emboiter le pas à des dizaines d’autres films après, mais c’est le premier
réalisateur qui s’est risqué à ce qu’il faut bien dire, un sujet tabou au
cinéma américain…
Son
film divisa à sa sortie mais le propos de Cimino est sincère et juste, il tape
dans le mille et son style cinématographique secoue autant les tripes que le
mental ; ce trio de jeunes amis qui va se retrouver en plein milieu de l’atrocité
d’une guerre absurde, les traumas irréversibles que celle-ci va engager, le
prologue avec leur petite vie dans la classe ouvrière, le final bouleversant,
tout est élaboré par Cimino de main de maitre, il touche au plus profond de
notre cœur par une réalisation fluide, simple, réaliste et parfaite dans son
timing…
On a
l’avant, le pendant et l’après Vietnam, les acteurs et actrices sont tous
parfaits et la technique des plans est magistrale, Christopher Walken a obtenu
un oscar avec un rôle démentiel, il prouve qu’il est un immense comédien et
explosera avec ce film ; De Niro et Meryl Streep sont incroyables de
justesse, ils appuient par leur jeu l’atmosphère de cette petite ville de
Pennsylvanie que Cimino choisit souvent de nous montrer de nuit avec les
lumières de la fonderie qui illuminent le ciel, ces bars populaires où la bière
et le whisky coulent à flots et aussi ce mariage typique russe qui rappelle les
traditions, le prologue est heureux mais on ne sait pas encore ce qui nous
attend !
On
est directement dans la fange, dans l’excrément de la guerre avec l’arrivée au
Vietnam, les corps mutilés, brûlés, les morts noyés, les rats, la crasse, la
folie, tout est passé en rayon et Cimino a opté pour un ton hyper réaliste qui
pourra décontenancer les plus sensibles, ça crie, ça hurle, ça pleure, rien ne
nous est épargné pour nous montrer l’horreur de la guerre, Cimino a fait très
très fort !
Si l’on
tient le choc, il faut se dire que la seconde partie (celle de la guerre) sert
de levier pour la troisième (le retour de De Niro dans sa ville et sa « mission »
de retrouver Nick/Christopher Walken), les éléments scénaristiques des deux
parties du film sont liés ; le point commun, c’est cette satanée roulette
russe, qui nous vaudra des séquences glaçantes et proprement monstrueuses !
Très
dur mais vraiment abouti, « Voyage au bout de l’enfer » est une
invitation à un périple qui se passe sur trois heures, on ne voit pas le temps
passer et la virtuosité de la mise en scène fait qu’une alchimie a lieu, on est
tantôt fascinés, tantôt révulsés mais toujours subjugués par la grâce de la réalisation
de Cimino, dont c’était seulement le deuxième film !
La
musique entêtante avec le morceau de guitare, le chant « God bless America »
autour de la table lors du final hallucinant, ont de quoi retourner les tripes,
même des plus aguerris des spectateurs !
Les
passages de chasse dans la montagne sont magnifiquement filmés notamment le
plan avec le reflet de de Niro dans le lac, lorsqu’il surplombe un rocher, on a
également un plaisir visuel en regardant le film…
Malgré
les précautions sur la violence absolue de certaines scènes, « Voyage au
bout de l’enfer » est un classique, un chef d’œuvre, qui s’est classé dans
le palmarès des cent meilleurs films du cinéma américain, il est donc impératif
de l’avoir visionné, le blu ray de Studiocanal est très correct donc sur ce
support la qualité du film ne sera pas reniée…
Michael
Cimino a signé là une bombe !
Note :
10/10