lundi 21 mai 2018

La fureur de vivre de Nicholas Ray, 1955


LA FUREUR DE VIVRE
de Nicholas Ray
1955
Etats-Unis
avec James Dean, Natalie Wood, Sal Mineo, Dennis Hopper, Corey Allen
Drame/Etudes de mœurs
aka Rebel without a cause
111 minutes
Budget : 1 500 000 dollars
Recettes au box-office : 6 000 000 dollars
Synopsis :
Etats-Unis, milieu des années cinquante…
Jim Stark, un jeune homme de dix- sept ans, est récupéré par ses parents au commissariat de police local alors qu’il était fortement alcoolisé, il semble désabusé et désoeuvré ; ses parents viennent de déménager dans la banlieue de Los Angeles et sa nouvelle vie ne semble pas lui convenir, il a très peu d’amis et a bien du mal à s’intégrer…
Arrive le jour de la rentrée universitaire et Jim intègre la Dawson High school, très vite il se fait remarquer auprès d’autres jeunes, le plus souvent des loubards ; Jim remarque Judy, une très belle jeune fille, qui sort avec le chef de la bande de blousons noirs…
Une bagarre au couteau éclate entre Jim et Goon, blessé mais vivant, Jim parvient à se faire accepter comme en faisant un « test » par la bande…
Goon et Buzz Gunderson, les leaders des voyous, proposent à Jim une course en voiture avec un arrêt avant la falaise, Jim accepte…
Hélas, le concurrent de Jim se tue, n’arrivant pas à se dégager de sa voiture à temps !
John Crawford dit Platon, un adolescent plus jeune d’une quinzaine d’années, se fait molester par des loubards de la bande de Goon ; il avait tissé des liens d’amitiés avec Jim lors de son interpellation au commissariat, Jim le défend…
Finalement, Jim, Judy et John se retrouvent dans un manoir désaffecté, y trouvant refuge pour échapper à Buzz Gunderson…
Les voyous finissent par les retrouver !
John, armé, tire sur l’un d’eux puis s’enfuit…
Se retrouvant dans l’observatoire de la Dawson High School, Jim et Judy veulent raisonner John, c’est alors que des voitures de police arrivent !
Mon avis :
Décédé à 24 ans, James Dean devint un mythe avec ce film, qui sort après sa disparition, il ne s’agit pas d’un simple « teen movie » mais d’une œuvre immense et très intelligente qui traite du malaise de la jeunesse américaine des années cinquante, avec la perte totale des repères parentaux et sociétaux et un sentiment d’abandon qui perturbe l’éducation de cette fange de lycéens désoeuvrés…
Nicholas Ray parvient à faire éclater ce malaise au spectateur et James Dean y tient son rôle le plus emblématique, il détient une alchimie qui fait que l’empathie pour son personnage est immédiate et bouleversante, peu d’acteurs ont eu cette grâce dans le mouvement, on pense à Marlon Brando (qui devait interpréter le rôle au départ) ou à d’illustres autres comédiens mais James Dean s’empare du personnage de Jim Stark comme aucun autre acteur n’aurait pu le faire, sa composition se savoure et son jeu est extrêmement réaliste et ajusté de façon impeccable…
Nicholas Ray décline des thèmes comme l’émasculation du père, les repères parentaux volant en éclats et le chamboulement dû à l’alcool ; l’histoire d’amour entre James Dean et Natalie Wood est atypique dans le panorama du cinéma américain d’alors, les codes scénaristiques sont rebalayés pour donner un rendu unique, inoubliable pour tout cinéphile…
Paradoxalement, James Dean dégage une force immense en n’en faisant jamais trop, c’est son CHARISME unique qui fait toute la part de fascination dans « La fureur de vivre », chef d’œuvre absolu du cinéma américain qui hisse le pamphlet sociétal à des sommets ; une histoire simple et réellement touchante, auquel il ne faut pas occulter le « message » sur la jeunesse et la délinquance, embourbées dans l’alcool et la violence, face à des éléments adultes qui semblent démunis et n’arrivent plus à contrôler la folie de la jeunesse…
Le côté oedipien est flagrant dans « La fureur de vivre », le personnage de Jim Stark se révolte contre la société mais aussi contre l’impuissance du père et de la mère à affirmer leur autorité, Stark se voit donc perdu, gravitant entre désinvolture et désespérance, il ne contrôle plus sa vie et cherche à s’affirmer face à des loubards dont le seul code est la violence…
Le personnage du jeune John surnommé Platon semble être à caractère rédempteur pour Jim qui fait tout pour le tirer de là et le sauver, dans un final nocturne apocalyptique quasiment nihiliste…
Œuvre bouleversante et incontournable, « La fureur de vivre » est un film monumental qui grava d’une pierre blanche le cinéma américain des années cinquante ; il n’a pas vieilli et on imagine la carrière que James Dean aurait pu entamer s’il n’était pas décédé si jeune…
Personnage iconique et inoubliable, Jim Stark entre dans la légende avec la scène culte de la poursuite en voitures et du combat au couteau ; Nicholas Ray a témoigné d’un sens de la technique cinématographique comme peu d’autres réalisateurs et a su tirer parti du talent de James Dean en y insufflant une aura implacable…
Il est impératif pour tout cinéphile d’avoir visionné « La fureur de vivre », pièce maitresse dans la courte carrière de James Dean et témoignage fascinant et intemporel sur la difficulté de l’adolescence, du passage à l’âge adulte, très peu d’autres métrages ont su et pu rendre cette thématique de manière aussi intelligente…
Bouleversant et indélébile, « La fureur de vivre » est immense et l’occasion de voir James Dean dans son meilleur rôle !
Note : 10/10













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