AVOIR
VINGT ANS
de
Fernando di Leo
1978
Italie
avec
Lilli Carati, Gloria Guida, Daniela Doria, Ray Lovelock, Licinia Lentini,
Leopoldo Mastelloni
Chronique
sociale/film extrême
94
minutes
Coffret
blu ray édité chez Artus films
Bonus
avec Emmanuel Le gagne
aka
Avere Vent’anni
Synopsis :
Lia et Tina sont deux belles jeunes filles qui
se rencontrent et se rendent compte qu'elles ont beaucoup en commun.
Elles sont toutes les deux jeunes et
désabusées, alors elles décident de faire du stop.
(source : Wikipedia)
Mon
avis :
« Avoir
vingt ans » est un film atypique dans la carrière de Fernando di Leo mais
aussi dans le panorama du cinéma italien de la fin des années soixante-dix, c’est
un film « choc » très marquant qui laisse un souvenir âpre, amer et
indélébile !
L’histoire
commence donc avec ce duo de jeunes femmes très belles et complètement paumées,
sans un sou et à la rue ; elles « intègrent » bon gré mal gré
une communauté de hippies qui comporte des toxicomanes ; di Leo dresse un
pamphlet de la société décadente des années 70 et le film vire très vite dans l’impudeur
et le sexe (Lilli Carati est déchainée et complètement nymphomane), on suit les
pérégrinations des deux jeunes femmes et cette atmosphère d’anarchie complète a
des relents politisés, comme souvent chez di Leo ; la mise en scène est
impeccable, di Leo prouve une nouvelle fois ses talents de cinéaste, même si on
lui préfèrera sans hésitation ses polars de la trilogie du milieu, plus
attractifs et plus attrayants, aussi bien pour lui que pour le spectateur, on l’y
sent beaucoup plus à l’aise…
Les
spécialistes ont toujours dit que Di Leo avait un « problème » avec
les femmes, d’autres disent le contraire et démontrent que justement, cet
étalage de sexe sert à créditer la féminité et donc à cautionner le côté
féministe de son propos, chacun se fera son propre avis…
A
noter la présence de Daniela Doria en jeune femme aux cheveux courts avec trois
marmots, qui jouera plus tard dans des films de Lucio Fulci, notamment « L’éventreur
de New York » et « Le chat noir » et dans un rôle quasi mutique,
Ray Lovelock, vu barbu dans l’immense chef d’œuvre « Le massacre des
morts-vivants » tourné quatre ans plus tôt…
Bon
parlons maintenant de la scène finale…
Soyons
clairs, elle est simplement atroce et à déconseiller impérativement au public
féminin, il me semble que di Leo est allé trop loin, voulant surfer sur le
succès de »La dernière maison sur la gauche », mais là c’est d’une
sauvagerie hors normes, à la limite du supportable !
Artus
films a réussi à retrouver le montage intégral d’ »Avoir vingt ans »
car le film a été censuré et coupé de multiples fois, on peut maintenant le
découvrir dans sa version Uncut mais c’est vraiment too much, je pense que di
Leo n’était pas obligé de nous infliger une telle barbarie qui semble presque
faire partir en vrille le film, un final insolite et totalement inattendu par
rapport au reste du film, c’est du pur cinéma extrême, di Leo s’est lâché mais
c’est à la limite du cautionnable !
Finalement,
on se dit qu’il a quand même un sacré problème avec les femmes le père di Leo,
on pourra tout de même apprécier son film mais il faudra s’armer de la plus
grande tolérance avec les dix dernières minutes, version boostée et
apocalyptique des rape and revenge (ici, sans revanche) qui pullulaient dans
les années soixante-dix…
« Avoir
vingt ans » demeure néanmoins un très bon film, témoignage de la société
italienne et la musique est entêtante et magnifique, le film n’a rien perdu de
sa vigueur et mérite une réhabilitation maintenant, il fut un échec à sa
sortie, peut être incompris par le public et pourtant il reste un des meilleurs
exemples de cinéma déviant et populaire que l’Italie nous ait pondus…
C’est
un vrai film de cinéphiles, pour des cinéphiles passionnés et il est sans doute
impératif de le visionner, malgré les réserves sur la fin que j’ai énoncées
plus haut…
« Avoir
vingt ans » est un chef d’œuvre très marquant qui ne pourra pas vous laisser
indifférent !
Note :
9/10
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