KEOMA
d’Enzo
G. Castellari
1976
Italie
avec Franco Nero, Olga Karlatos, Donald O’Brien, Woody
Strode, William Berger, Orso Maria Guerrini, Antonio Marsina
Western spaghetti atypique
101 minutes
Scénario de Luigi Montefiori
Bonus avec Alain Petit
Blu ray édité chez The Ecstasy of films
Synopsis :
Shannon, un pistolero connu pour être le plus rapide, a recueilli
un enfant indien, Keoma, dont la famille a été décimée.
Les 3 fils Shannon ont très mal accepté le
nouveau venu.
Lors de la guerre de Sécession, Keoma a été le
seul à partir combattre avec l'armée Yankee.
À son retour, Keoma découvre le village de son
enfance ravagé par la peste et sous la domination d'une milice à la solde d'un
riche propriétaire qui a recruté les trois fils de son père adoptif.
Keoma devra faire justice...
(source : Wikipedia)
Mon
avis :
On
est à la fin totale d’une ère en 1976, celle du western spaghetti, moribond,
mais ce « Keoma » est un film inattendu car il fait preuve d’une
énorme originalité, il ne ressemble à aucun de ses prédécesseurs et c’est bel
et bien ce qui fait son charme et son intérêt…
Le
scénario est signé Luigi Montefiori, connu sous le pseudonyme de George
Eastman, outre qu’il soit un acteur culte bien connu des cinéphiles, il a joué
dans des tas de westerns italiens, il connaît et maitrise le genre et c’est une
plus- value pour « Keoma », son script est réussi et rien n’est
négligé pour captiver le spectateur, il y a une pointe d’onirisme et un aspect
atypique dans le film, aussi bien techniquement (des mouvements de caméra très
amples, de nombreux ralentis) que sur l’histoire
(les flash backs reviennent régulièrement où Keoma/Franco Nero se revoit
enfant) mais aussi une chanson mélancolique qui ponctue le film environ toutes
les dix minutes…
Le
casting est de qualité avec la belle Olga Karlatos (la femme du docteur Ménard
dans « L’enfer des zombies » de Fulci) et Donald O’Brien (vu dans un
autre western « Quatre de l’apocalypse » et habitué des rôles de
sadiques avec la trogne de l’emploi calibrée juste comme il faut), Franco Nero
est méconnaissable avec des cheveux longs jusqu’au dos et une barbe immense…
Comme
sorti de nulle part, Keoma est un pistolero justicier qui est là pour faire
régner l’ordre, un peu comme Jean-Louis Trintignant dans « Le grand silence »,
sa carrure et sa prestance suffisent à impressionner sans qu’il n’ait besoin de
faire grand-chose…
Le
personnage de Woody Strode a une très grande importance dans « Keoma »,
il est victime du racisme ambient et l’acteur est charismatique et donne de la
crédibilité au film…
La
peste s’invite dans « Keoma » et les pauvres gens sont « parqués »
et regroupés, atteints par cette incurable maladie ; Keoma/Franco Nero
semble être un Messie pour les sauver, il a une présence christique, comme si c’était
Jésus Christ, notamment lorsqu’il est apposé à une roue en bois en position de
crucifié ; le personnage de Karlatos en femme enceinte qui accouchera au
final symbolise la vie, la survie et l’objectif de poursuivre l’existence, Castellari
a tapé fort et blinde son film de lyrisme en multipliant les métaphores…
Au
niveau de l’action, « Keoma » ne laisse pas le spectateur en reste
avec un plan séquence d’un bon quart d’heure de gunfights efficaces et
incessants, « Keoma » est un western généreux qui donne du plaisir et
contentera tout le monde…
L’édition
de l’ami Christophe Cosyns de « The ecstasy of films » est excellente
avec un magnifique packaging et Alain Petit dans les bonus, passionnant comme à
l’accoutumée, et qui nous apprend des tonnes d’infos !
Très
rare et oublié de quasiment tout le monde, « Keoma » est désormais
disponible dans cette chouette offrande, en format blu ray, on ne peut passer à
côté !
Les
cinéphiles adeptes de films très originaux qui combinent les genres (ici le
western) pour les sublimer seront aux anges ; pourtant Enzo Castellari est
loin de n’avoir réalisé que des chefs d’œuvre et sa filmographie est pour le
moins inégale, mais là il ne s’est pas planté, il a mis son cœur et ses tripes
et signe son chef d’œuvre, peut être son meilleur film, avec « Big Racket »
polizzoteschi ultra violent sorti à la même période ; on est loin des nanars
qu’il réalisera par la suite (« Les guerriers du Bronx » 1 et 2, « Les
nouveaux barbares »), non ici, qualitativement, le bougre s’est donné du
mal et a réussi son entreprise avec vigueur et talent !
On
ne saurait que vous encourager à vous procurer « Keoma », c’est une
pépite et son charme opère dès les premières minutes, il faut juste se caler
dans son canapé et c’est parti pour une heure quarante de bonheur
cinématographique, la violence n’est pas trop exagérée et le film se suit très
facilement, « Keoma » est un film accessible et pas prétentieux, une
belle histoire, une belle musique et des comédiens très bien dirigés, je ne
vois pas ce que l’on pourrait demander de plus, Castellari coche toutes les
cases du cinéma populaire…
Quasiment
un sans-faute !
Note
: 8.5/10
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