samedi 8 avril 2023

KEOMA d'Enzo Castellari, 1976

 

KEOMA

d’Enzo G. Castellari

1976

Italie

avec Franco Nero, Olga Karlatos, Donald O’Brien, Woody Strode, William Berger, Orso Maria Guerrini, Antonio Marsina

Western spaghetti atypique

101 minutes

Scénario de Luigi Montefiori

Bonus avec Alain Petit

Blu ray édité chez The Ecstasy of films

Synopsis :

Shannon, un pistolero connu pour être le plus rapide, a recueilli un enfant indien, Keoma, dont la famille a été décimée.

Les 3 fils Shannon ont très mal accepté le nouveau venu.

Lors de la guerre de Sécession, Keoma a été le seul à partir combattre avec l'armée Yankee.

À son retour, Keoma découvre le village de son enfance ravagé par la peste et sous la domination d'une milice à la solde d'un riche propriétaire qui a recruté les trois fils de son père adoptif.

Keoma devra faire justice...

(source : Wikipedia)

Mon avis :

On est à la fin totale d’une ère en 1976, celle du western spaghetti, moribond, mais ce « Keoma » est un film inattendu car il fait preuve d’une énorme originalité, il ne ressemble à aucun de ses prédécesseurs et c’est bel et bien ce qui fait son charme et son intérêt…

Le scénario est signé Luigi Montefiori, connu sous le pseudonyme de George Eastman, outre qu’il soit un acteur culte bien connu des cinéphiles, il a joué dans des tas de westerns italiens, il connaît et maitrise le genre et c’est une plus- value pour « Keoma », son script est réussi et rien n’est négligé pour captiver le spectateur, il y a une pointe d’onirisme et un aspect atypique dans le film, aussi bien techniquement (des mouvements de caméra très amples, de nombreux ralentis)  que sur l’histoire (les flash backs reviennent régulièrement où Keoma/Franco Nero se revoit enfant) mais aussi une chanson mélancolique qui ponctue le film environ toutes les dix minutes…

Le casting est de qualité avec la belle Olga Karlatos (la femme du docteur Ménard dans « L’enfer des zombies » de Fulci) et Donald O’Brien (vu dans un autre western « Quatre de l’apocalypse » et habitué des rôles de sadiques avec la trogne de l’emploi calibrée juste comme il faut), Franco Nero est méconnaissable avec des cheveux longs jusqu’au dos et une barbe immense…

Comme sorti de nulle part, Keoma est un pistolero justicier qui est là pour faire régner l’ordre, un peu comme Jean-Louis Trintignant dans « Le grand silence », sa carrure et sa prestance suffisent à impressionner sans qu’il n’ait besoin de faire grand-chose…

Le personnage de Woody Strode a une très grande importance dans « Keoma », il est victime du racisme ambient et l’acteur est charismatique et donne de la crédibilité au film…

La peste s’invite dans « Keoma » et les pauvres gens sont « parqués » et regroupés, atteints par cette incurable maladie ; Keoma/Franco Nero semble être un Messie pour les sauver, il a une présence christique, comme si c’était Jésus Christ, notamment lorsqu’il est apposé à une roue en bois en position de crucifié ; le personnage de Karlatos en femme enceinte qui accouchera au final symbolise la vie, la survie et l’objectif de poursuivre l’existence, Castellari a tapé fort et blinde son film de lyrisme en multipliant les métaphores…

Au niveau de l’action, « Keoma » ne laisse pas le spectateur en reste avec un plan séquence d’un bon quart d’heure de gunfights efficaces et incessants, « Keoma » est un western généreux qui donne du plaisir et contentera tout le monde…

L’édition de l’ami Christophe Cosyns de « The ecstasy of films » est excellente avec un magnifique packaging et Alain Petit dans les bonus, passionnant comme à l’accoutumée, et qui nous apprend des tonnes d’infos !

Très rare et oublié de quasiment tout le monde, « Keoma » est désormais disponible dans cette chouette offrande, en format blu ray, on ne peut passer à côté !

Les cinéphiles adeptes de films très originaux qui combinent les genres (ici le western) pour les sublimer seront aux anges ; pourtant Enzo Castellari est loin de n’avoir réalisé que des chefs d’œuvre et sa filmographie est pour le moins inégale, mais là il ne s’est pas planté, il a mis son cœur et ses tripes et signe son chef d’œuvre, peut être son meilleur film, avec « Big Racket » polizzoteschi ultra violent sorti à la même période ; on est loin des nanars qu’il réalisera par la suite (« Les guerriers du Bronx » 1 et 2, « Les nouveaux barbares »), non ici, qualitativement, le bougre s’est donné du mal et a réussi son entreprise avec vigueur et talent !

On ne saurait que vous encourager à vous procurer « Keoma », c’est une pépite et son charme opère dès les premières minutes, il faut juste se caler dans son canapé et c’est parti pour une heure quarante de bonheur cinématographique, la violence n’est pas trop exagérée et le film se suit très facilement, « Keoma » est un film accessible et pas prétentieux, une belle histoire, une belle musique et des comédiens très bien dirigés, je ne vois pas ce que l’on pourrait demander de plus, Castellari coche toutes les cases du cinéma populaire…

Quasiment un sans-faute !

Note : 8.5/10










Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire