SUSPIRIA
De Dario Argento
Italie
1977
avec Jessica Harper, Stefania Casini, Udo Kier, Alida Valli
sorti en bluray chez Wild side
Synopsis :
Une jeune étudiante en danse classique, Suzy Banner, arrive sous une pluie torrentielle à l’académie de danse de Fribourg, en Suisse…
Très vite elle remarque des réactions bizarres des élèves de l’école, qui semblent comme terrorisées par l’ambiance des lieux…
Un meurtre atroce est commis sans que l’on puisse en déterminer ou identifier le commanditaire…
L’atmosphère s’avère alors lourde et pesante, comme emplie par une sensation étouffante et délétère !
Après une gigantesque engueulade, le pianiste de l’établissement (également aveugle) est congédié…
Peu de temps après il est retrouvé mort sur une place en pleine nuit, victime d’un égorgement par son berger allemand !
Suzy comprend alors qu’il y a quelque chose de pas clair dans cette école et se rend en ville pour y rencontrer un psychiatre adepte des sciences occultes…
Ce dernier lui fait vite comprendre que l’établissement est possédé et qu’elle a affaire à un groupe de « sorcières » sataniques et maléfiques !
Suzy veut percer le mystère qui entoure les lieux…
Aidée par une de ses camarades, elle se lance dans une quête folle de la vérité, cherchant à éradiquer coûte que coûte le mal inhérent qui la ronge…
Les sorcières s’en étant rendu petit à petit compte vont chercher à l’éliminer par tous les moyens !
S’engage alors une course contre la montre avec comme point d’orgue la survie de Suzy et la rencontre avec l’une des « Mères » …
Mon avis :
Argento atteint ici son niveau le plus baroque de toute sa filmographie, totalement « héritier » du style de Mario Bava, avec une très large inspiration du Maestro pour les couleurs ultra développées picturalement parlant, amplifiées par une violence quasi surréelle et fantasmatique…
Totalement maîtrisé du début à la fin, « Suspiria » se révèle authentiquement diabolique et ne ménage ni le spectateur ni ses héroïnes !
Comme en état d’hypnose, on suit le film de façon linéaire mais on est bouleversé par l’impact des images et l’utilisation narratrice de ses dernières…
Le visuel prend le pas sur l’histoire elle-même, permettant ainsi une approche inédite dans le cinéma fantastique de l’époque !
A la fois terrorisé (le film fait vraiment très peur) et fasciné, le spectateur rentre très vite dans le jeu habilement rôdé par Argento et ne s’en détache que par une issue dérobée, un peu comme un visiteur quittant une maison…
Il n’y a rien à redire dans ce film tant tout confère à l’esthétique et frôle la quasi perfection !
Floués devant un métrage de haute volée, l’on contemple cette œuvre ultra colorée et psychotique mais pourtant attirante et d’une beauté imparable !
Novateur sur tous les plans, « Suspiria » fit sensation à sa sortie et enflamma les festivals où il fut projeté, asseyant Argento au rang de réalisateur culte !
Un degré – pallier du cinéma transalpin est alors atteint où une partie de la scène du cinéma d’horreur trouve ici un levier, inspirant nombre d’autres réals mais sans jamais atteindre la qualité et la vitalité d’un tel film …
Lancinant et dynamique en même temps, froid dans sa conception évolutive mais chaud dans ses couleurs chatoyantes et bigarrées, « Suspiria » renouvelle complètement le cinéma d’horreur, rattachant le meilleur de ses prédécesseurs en l’actualisant sur le thème de la sorcellerie pour accoucher d’une bombe filmique impossible à démarquer de l’inconscient de son spectateur…
Visionnaire et impénétrable, « Suspiria » est une pierre angulaire du cinéma d’horreur contemporain qui se savoure avec délectation et qui délivre une empathie et un rapport spectateur/film visuellement fantastique !
Le meilleur Argento avec « Profondo rosso » et « Tenebre » avant la dégringolade que l’on sait amorcée après « Trauma »…
Revoyons le encore et encore !
PS : la musique de Goblin supervisée par Argento himself est composée de stridences et de synthés ultra tonitruants matinés de percussions folles.
Argento les enregistrera afin de les mettre en « live » lors des divers tournages des scènes où elles apparaissent (les scènes de meurtres notamment)…
Au final, le rendu musical servira de tremplin à un décuplement de violence annihilant toute douceur et transcendant le sentiment d’insécurité déjà bien ressenti par le spectateur….
En définitive le score s’avèrera prodigieux, faisant partie intégrante du film !
Dédicace à Bruno Dussart
Note : 10/10