vendredi 27 avril 2012

Cannibal Holocaust, Ruggero Deodato, 1980


CANNIBAL HOLOCAUST

Italie/Colombie

De Ruggero Deodato

1980

avec Robert Kerman, Carl Gabriel Yorke, Francesca Ciardi, Perry Pirkanen, Luca Barbareschi

98 minutes

Synopsis :

Un groupe de jeunes gens part en Amazonie afin d’effectuer un reportage sur les tribus cannibales qui peuplent le maquis de la forêt…

On perd leur trace !

Un mercenaire et un petit groupe de miliciens part à leur recherche…

Le film dévoile la pellicule du film retrouvé après le décès des jeunes gens et notamment leur mise à mort par les indigènes…

Ce qui devait être un voyage servant de support à une thèse journalistique va petit à petit se muter en un long cauchemar à l’issue funeste et morbide !

Mon avis sur ce film :

Œuvre légendaire pour nombre de fantasticophiles et gravée à jamais dans les esprits des adeptes de cinéma extrême, « Cannibal Holocaust » est un métrage qui ne verse aucunement dans la facilité, il comporte une approche d’un certain cinéma expérimental et intellectualisé.

D’une complexité hors normes, il soulève des thèmes de réflexion fondamentaux et œcuméniques, un questionnement évident et lucide sur la déliquescence sociétale…

Deodato, par le biais du pouvoir des images, délivre un parallèle/corollaire sur les civilisations qui s’établit en confrontant frontalement la dégénérescence (les tribus cannibales) et l’opulence (les américains à l’apparence « civilisés »)…

Un témoignage qui ouvre les œillères et renvoie l’homme au stade animal, à l’état primitif…

Une barbarie, certes, mais dotée d’une thématique universelle et jamais, comme certains ont pu le dire souvent, complaisante (hormis bien sûr les meurtres d’animaux, abjects et ignobles !)…

On est mis devant le fait accompli, loin de tous stéréotypes, un message à la fois nihiliste et évocateur d’une évidence que tout le monde refuse majoritairement de cautionner…

Refusant de s’autoproclamer « film – choc » malgré une réputation qui converge dans ce sens, « Cannibal Holocaust » renvoie le spectateur à ses peurs primales et ses pulsions destructrices, loin des films de sa catégorie aseptisés et conventionnés, il se démarque par son côté abrupt et révolutionnaire

Moins voyeuriste que délivreur d’une théorie emplie de lucidité et de pertinence, il demeure une œuvre jusqu’au-boutiste au final proche du collapse cathartique, prenant acte de la folie génocidaire où l’homme opère un homicide sur sa fratrie (symbolisée par les indigènes)…

Deodato prend parti pour une stratégie de délitement des consciences, signant ici un film imparable, de loin son meilleur !

La magnifique musique de Riz Ortolani est également pour beaucoup dans la réussite de l’œuvre, amplifiant le côté dramatique tout en atténuant à certains moments la brutalité malgré quelques nappes synthétiques assourdissantes qui, nettement, rajoutent au malaise (notamment dans les scènes de poursuites avec les cannibales). 

Note : 18/20



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