CANNIBAL HOLOCAUST
Italie/Colombie
De Ruggero Deodato
1980
avec Robert
Kerman, Carl Gabriel Yorke, Francesca Ciardi, Perry Pirkanen, Luca Barbareschi
98 minutes
Synopsis :
Un groupe de jeunes gens part en Amazonie afin
d’effectuer un reportage sur les tribus cannibales qui peuplent le maquis de la
forêt…
On perd leur trace !
Un mercenaire et un petit groupe de miliciens part à
leur recherche…
Le film dévoile la pellicule du film retrouvé après
le décès des jeunes gens et notamment leur mise à mort par les indigènes…
Ce qui devait être un voyage servant de support à une
thèse journalistique va petit à petit se muter en un long cauchemar à l’issue
funeste et morbide !
Mon avis sur ce film :
Œuvre légendaire pour nombre de fantasticophiles et
gravée à jamais dans les esprits des adeptes de cinéma extrême, « Cannibal
Holocaust » est un métrage qui ne verse aucunement dans la facilité, il
comporte une approche d’un certain cinéma expérimental et intellectualisé.
D’une complexité hors normes, il soulève des thèmes
de réflexion fondamentaux et œcuméniques, un questionnement évident et lucide
sur la déliquescence sociétale…
Deodato, par le biais du pouvoir des images, délivre
un parallèle/corollaire sur les civilisations qui s’établit en confrontant
frontalement la dégénérescence (les tribus cannibales) et l’opulence (les
américains à l’apparence « civilisés »)…
Un témoignage qui ouvre les œillères et renvoie
l’homme au stade animal, à l’état primitif…
Une barbarie, certes, mais dotée d’une thématique
universelle et jamais, comme certains ont pu le dire souvent, complaisante
(hormis bien sûr les meurtres d’animaux, abjects et ignobles !)…
On est mis devant le fait accompli, loin de tous
stéréotypes, un message à la fois nihiliste et évocateur d’une évidence que
tout le monde refuse majoritairement de cautionner…
Refusant de s’autoproclamer « film – choc »
malgré une réputation qui converge dans ce sens, « Cannibal
Holocaust » renvoie le spectateur à ses peurs primales et ses pulsions
destructrices, loin des films de sa catégorie aseptisés et conventionnés, il se
démarque par son côté abrupt et révolutionnaire
Moins voyeuriste que délivreur d’une théorie emplie
de lucidité et de pertinence, il demeure une œuvre jusqu’au-boutiste au final
proche du collapse cathartique, prenant acte de la folie génocidaire où l’homme
opère un homicide sur sa fratrie (symbolisée par les indigènes)…
Deodato prend parti pour une stratégie de délitement
des consciences, signant ici un film imparable, de loin son meilleur !
La magnifique musique de Riz Ortolani est également
pour beaucoup dans la réussite de l’œuvre, amplifiant le côté dramatique tout
en atténuant à certains moments la brutalité malgré quelques nappes
synthétiques assourdissantes qui, nettement, rajoutent au malaise (notamment dans
les scènes de poursuites avec les cannibales).
Note : 18/20
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